Gonet: l'actualité des marchés au 5 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow -0,94%, S&P 500 -1,30%, Nasdaq -2,14%, Russell 2000 -1,08%, SOX -2,49%, Eurostoxx -0,96%, SMI +0,06%.

Wall Street manque d’oxygène. À force de grimper la montagne capitalistique sans vraiment prendre de pause, le marché s’est époumoné. On assiste du coup à une sorte de vide-grenier géant dans les salles de marchés hier, ça déstocke à tout va dès les premiers échanges mais la comparaison avec le vide-grenier s’arrête là. Le marché du cash est étonnamment calme, c’est du côté des futures qu’il faut chercher la raison de la glissade de ce lundi. Les volumes décollent sur cette partie, les investisseurs institutionnels se sont laissés piéger et sont «long and wrong» comme les bears aiment à le dire, bien trop rarement à leur goût. On assiste à des programmes de ventes plutôt costaux, certains entrant dans le marché dès la cloche d’ouverture, pour plus de mille noms parfois, ça calme…les investisseurs institutionnels restent bien chargés en futures E-mini S&P, ceci dit ils sont également bien protégés pour la plupart, le ratio put/call a récemment décollé, en faveur des puts.

L’indice S&P500 (SPX) réalise sa clôture la plus faible depuis juillet, le Nasdaq depuis juin, les moyennes mobiles à 100 jours sont cassées. Celle du SPX se situe à 4348, clôture à 4300, la 200 jours est à 4140 points. Ce niveau est intéressant, le SPX a perdu 5,4% depuis son plus haut historique, sur sa 200 jours cela ferait 9%, sachant que le VIX grimpe de 8,5% hier à 22,96, un niveau trop faible pour que les bulls de tous bords sonnent le tocsin de la révolte et se ruent à nouveau dans le marché comme tout bon Valaisan à la foire du canton éponyme. Rappelons-nous que le pic récent du VIX est à 29 points, niveau à garder précieusement en tête, s’il est atteint de superbes opportunités devraient se présenter, en direct ou via des produits structurés.

Au registre des secteurs, les titres dits de valeur ont à nouveau la cote, au détriment des actions de croissance, représentées par la technologie, qui pèse si lourd dans les indices (les grosses capitalisations représentent 25% du SPX). Donc, pas de tech en hausse, pas de marché en hausse, c’est aussi simple que cela. Et cela se voit clairement dans le breadth du jour avec seulement 11% des titre du NDX qui clôturent dans le vert. Sur le SPX ce n’est guère mieux avec 30%. Et puis, en termes de secteurs, il y en a un qui commence à nous fatiguer, c’est celui de l’énergie. Ce matin, le baril de WTI Light Crude traite à 77,66 dollars. Le 23 août il évoluait à 62 dollars. Ça commence à se voir et c’est toujours pareil, lorsque le baril paiera 80 dollars, on va recommencer à évoquer le niveau de 100 dollars... morne finance, si peu inventive au final… donc le pétrole monte. Hier l’OPEP+ se réunit et décide de ne rien changer à son système de contrôle de production, le cartel va augmenter la production journalière de 400'000 barils dès novembre, il eût fallu nettement plus pour envoyer l’or noir vers le sud, probablement 800'000 barils.

Nous voici donc avec un sentiment de marché qui a glissé vers du plus sombre, tout un chacun semble avoir rejoint le côté obscur de la force, pile lorsque l’automne envoie l’été en vacances. Le marché est en train de prendre conscience que la grande récré, dont le début a été sifflé par la Fed en 2009, est sur le point de toucher à sa fin. Oh le concept est connu et accepté, ce que les investisseurs craignent, c’est que le phénomène soit accéléré brutalement, ça ça ne passerait pas, mais alors pas du tout. Et puis cette flambée des prix de l’énergie renforce considérablement tous les scenarii inflationnistes et met la pression sur la Fed et la BCE, qui continuent de soutenir mordicus que l’inflation ne fait que passer. Le cycle monétaire est en train d’évoluer, c’est ainsi, le marché en prend acte, on va lui retirer progressivement sa dose quotidienne de liquidités, une sorte de descente s’amorce. Dans ce contexte, il faut suivre de près les rendements obligataires, le 10 ans US traite actuellement à 1,49%, il avait décollé 24 heures après la dernière réunion de la Fed. Gardons en tête au passage que, tant que le 10 ans ne dépasse pas 2,00 – 2,50%, le TINA (There Is No Alternative… but stocks) reste théoriquement valable.

La rupture des chaines d’approvisionnement constitue également un sacré point d’interrogation quant à la suite, l’affaire Evergrande semble confinée en Chine mais on continue l’air de rien à la suivre, les statistiques macro-économiques continuent de tomber, ce vendredi nous aurons droit au très important rapport sur l’emploi aux Etats-Unis. Et la saison des résultats de sociétés au troisième trimestre va débuter dans quelques jours, elle pourrait bien jouer le rôle d’arbitre.

Le principal danger pour la Fed réside probablement dans un scénario où la croissance économique se modère à mesure que les économies rouvrent et que les aides gouvernementales s’estompent, tandis que l’inflation persiste, tout comme la durée des goulets d’étranglement dans la chaine d’approvisionnement. Et comme la Fed a un mandat d’inflation (et de croissance) elle va devoir agir pour contrer la hausse des prix. En bref, la Fed redoute que la stagflation fasse son retour.

La Chine continue de faire la loi sous le préau et distribue de nouvelles colles. Pékin va interdire aux banques et aux assureurs de financer la spéculation sur les matières premières et sur certains produits de luxe.

Facebook, Instagram, Messenger et WhatsApp sont de nouveau en ligne après une panne mondiale de plus de six heures qui a privé un grand nombre de leurs 2,7 milliards d'utilisateurs des médias sociaux. L'entreprise déclare qu'une configuration réseau défectueuse est à blâmer et qu'il n'y avait aucune preuve d'un piratage. Le directeur technique présente ses excuses sur… Twitter. L’action Facebook perd 4,9%, entraînant une baisse de 6 milliards de dollars de la fortune personnelle de Mark Zuckerberg. Ce n’est donc pas un piratage, well le timing de cette panne historique (des milliards d’humains ont dû s’ennuyer ferme hier soir, mais que faire donc? Lire un livre?) est fort intéressant. Il se trouve que la lanceuse d’alerte, qui avait alimenté le Wall Street Journal en documents confidentiels démontrant que Facebook est conscient des dangers provoqués par ses applications, mais sans prendre de mesures correctrices, et bien cette lanceuse d’alerte est sortie de l’ombre hier, elle s’appelle Frances Haugen et a 37 ans. Et paf le réseau! Je ne parviens pas à lier les deux événements logiquement, mais ce timing est vraiment intéressant… baby-boom dans 9 mois?

La province chinoise qui a été l'épicentre initial de l'épidémie a effectué d'importants achats d'équipements utilisés pour tester les maladies infectieuses en 2019, quelques mois avant que Pékin ne notifie aux autorités internationales l'existence d'un nouveau coronavirus, selon la société de cybersécurité Internet 2.0. JPMorgan restreint les voyages d'affaires et les réunions en personne pour le personnel non vacciné. Southwest Air demandera à tous ses employés de se faire vacciner. Les États-Unis font pression sur Singapour pour qu'elle ouvre une voie de circulation, selon des personnes bien informées. En Inde, le nombre de nouveaux cas a atteint son niveau le plus bas en sept mois.

Les indicateurs PMI définitifs de septembre seront annoncés tout au long de la journée depuis le Japon (2h30) jusqu'aux Etats-Unis (15h45). Parmi les autres indicateurs, citons la production industrielle française (8h45), l'indice des prix à la production européens (11h00) et la balance commerciale américaine (14h30). Et l'indice ISM des services, concurrent de l'ISM, à 16h00. Ce matin, la banque centrale australienne n'a rien changé à sa politique monétaire conformément à ce qui était prévu.

Anheuser-Busch InBev songe à vendre de ses marques de bière allemandes pour un montant d'environ 1 milliard d’euros, selon l’agence Bloomberg. Fitch abaisse à «CCC-» la note crédit du promoteur chinois Fantasia Holdings (415 millions d’euros de capitalisation) en raison du risque de défaut de paiement, après le non-paiement d'une échéance. Swiss Re évalue à 750 millions d’euros les demandes liées à l'ouragan IDA.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices sont sous pression. Tokyo abandonne 2,19% à la cloche, Hong Kong progresse de 0,27%, Shanghai est fermée et Séoul de retour, qui perd 1,89%. Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe ouvre très légèrement en hausse. Pas grand-chose à signaler du côté de l’or, l’once traite à 1756 dollars. Quant au billet vert, il fait une pause à 1,1600 contre euro. Regardez le rendement du 10 ans US de près.

A lire aussi...