Wall Street subit la (trop) rapide remontée des taux obligataires. Les valeurs technologiques, qui détestent ce phénomène, entrainent le reste de la cote vers le bas. L’aversion au risque fait son retour et le marché corrige comme il ne l’avait plus fait depuis mars. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans remonte à 1,56%, ce qui lui fait un gain de 20 points de base en deux jours et c’est là que le bât blesse, le marché des actions veut bien comprendre que les taux remontent, mais pas trop vite s’il-vous-plait. Ce matin ça se détend quelque peu dans les salles de marché avec un 10 ans qui traite à 1,51%. Tous les secteurs du S&P500 (SPX) reculent, à l’exception de l’énergie. Les semi-conducteurs, les titres du nuage et les logiciels pénalisent particulièrement le marché. Les volumes d’échanges décollent avec 12,3 milliards de titres traités sur le NYSE et la volatilité fait de même, le VIX (volatilité du SPX) gagne 24% à 23,25. Rappelons ici son plus haut récent, établi en séance le lundi 20 septembre, à 29. Le breadth (l’écart entre les titres clôturant en hausse et ceux en baisse) est très mauvais, surtout sur le NDX où seuls 5% des titres terminent leur séance dans le vert.

Dans cette atmosphère de retour (momentané?) de la peur, le dollar se sent comme un poisson dans l’eau, la paire EUR/USD traite à 1,1680. Et si l’on observe le SPX et le NDX d’un point de vue technique, on constate que leurs moyennes mobiles à 50 jours ont été cassées et que les 100 jours prennent le relai, surtout sur le SPX, qui clôture 10 points au-dessus de la sienne. L’or n’y arrive plus, l’once glisse à 1739 dollars, les taux en hausse ne lui réussissent pas du tout. Le pétrole reste soutenu, le baril de WTI Light Crude traite à 74 dollars.

La journée d’hier a un air de déjà-vu. Les taux obligataires avaient entamé une remontée au mois de mai, qui avait provoqué des remous sur les indices d’actions et plus spécifiquement le secteur technologique. Cela n’avait pas duré, les perspectives économiques étaient bonnes et on croyait à ce moment que le vaccin allait régler tous nos problèmes, voire repeindre ma façade. Aujourd’hui les perspectives économiques sont différentes, on entend le mot «stagflation» de ci de là, même si à ce stade la croissance économique reste robuste. Et la Fed va devoir passer à une politique monétaire plus restrictive, plutôt tôt que tard, car l’inflation frappe à nos portes. Evoquer la stagflation est probablement prématuré, ceci dit les marchés ont besoin de pouvoir évacuer la partie «stag». Dans ce contexte on suivra attentivement les données macro-économiques en provenance de Chine, qui n’en a pas terminé avec Evergrande et où la banque centrale (PBoC) est de plus en plus active à injecter des liquidités dans le système financier. Aux Etats-Unis la énième négociation du plafond de la dette fédérale ne tombe pas vraiment au bon moment et la saison des résultats d’entreprises au troisième trimestre débute dans moins de deux semaines.

Les démocrates du Sénat abandonnent leur tentative de faire approuver un relèvement du plafond de la dette et un financement temporaire dans le même projet de loi. Ils visent un vote aujourd'hui sur une mesure prolongeant le financement du gouvernement jusqu'au 3 décembre – sans augmentation du plafond de la dette. Les républicains les avaient auparavant empêchés de proposer une loi uniquement sur le plafond de la dette. L'angoisse suscitée par cette question pousse les investisseurs vers le RRP (Reverse Repurchase Agreement) de la Fed, dont l'utilisation atteint un nouveau sommet historique.

James Bullard déclare que la Fed appuiera probablement sur la gâchette de la réduction des mesures de stimulation lorsqu'elle se réunira début novembre. «Sauf choc majeur, je pense que nous irons de l'avant avec le tapering en novembre», indique le patron de la Fed  de St. Louis. Il cite des risques à la hausse pour l'inflation et déclare que les autorités devaient garder une longueur d'avance sur les tendances des prix. «Nous devrons être en mesure, au printemps, de maîtriser l'inflation».

La crise du gaz qui frappe l'Europe persistera probablement tout au long de l'hiver, car les approvisionnements sont plus faibles que d'habitude pour cette période de l'année. C'est ce qu'affirme Patrick Pouyanne, CEO de TotalEnergies, qui ajoute que les fournisseurs européens peuvent éviter une pénurie s'ils acceptent de payer suffisamment pour attirer davantage d'importations. Si les prix devenaient «trop élevés», certains pays pourraient relancer des centrales électriques au charbon et au pétrole, ce qui n'est «pas bon pour la planète», ajoute M. Pouyanne.

Micron et ses pairs, dont Samsung Electronics et Western Digital, chutent après que le fabricant américain de puces mémoire a publié des prévisions faibles. Le chiffre d'affaires trimestriel sera d'environ 7,65 milliards de dollars, manquant le consensus de 8,57 milliards de dollars. Micron indique que la situation s'améliorera lorsque les pénuries de pièces dans l'ensemble du secteur s'atténueront au cours des prochains mois.

La FDA penche en faveur de l'autorisation de demi-doses de rappel du vaccin Moderna, selon des personnes familières. Le CDC corrige son conseil aux voyageurs pour Hong Kong, indiquant que les risques d'infection dans la ville restent faibles.. Wells Fargo reporte le retour dans ses bureaux à janvier. United Airlines annonce que 593 employés risquent d'être licenciés après avoir refusé de se faire vacciner avant la date limite fixée par le transporteur cette semaine. Les hospitalisations continuent de battre des records dans l'Idaho.

L’action Evergrande rebondit de 10% aujourd’hui après que le promoteur en difficulté a annoncé la vente d'une participation dans une unité bancaire pour environ 10 milliards de yuans (1,5 milliard de dollars). Les responsables de la Fed ont interrogé plusieurs grandes banques américaines sur leur exposition à l'entreprise, cherchant à écarter les risques, selon des personnes familières. Le GPIF japonais (Government Pension Investment Fund) n'ajoutera pas d'obligations souveraines chinoises à son portefeuille, une décision qui, selon Nikkei, a été influencée par la crise. Fitch abaisse la note de défaut d'Evergrande à C.

Les législateurs du LDP japonais choisissent aujourd'hui le successeur de Yoshihide Suga à la tête du parti, les quatre candidats étant plus ou moins favorables à une augmentation des dépenses budgétaires. Taro Kono – le favori du public – préconise une réforme de la sécurité sociale et une accélération des politiques actuelles en matière de climat et de numérisation. Fumio Kishida - qui pourrait avoir un avantage - privilégie la réduction des inégalités et la consolidation budgétaire à moyen terme. Le gagnant sera en lice pour être élu Premier ministre lorsque le Parlement se réunira le 4 octobre.

Aujourd’hui nous suivrons les ventes immobilières dans l'ancien en août (16h00) et les stocks pétroliers hebdomadaires (16h30) aux Etats-Unis.

Geberit: UBS reste neutre avec un objectif de cours relevé de 615 à 690 euros. Schindler: Société Générale passe de conserver à vendre en visant 250 francs. Swisscom: J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 624 francs. ASML relève sa prévision de chiffre d'affaires 2025 dans la fourchette 24 à 30 milliards d’euros. Amazon lance un robot domestique à 1000 dollars contrôlé à la voix baptisé Astro. Les délais de livraison de l'iPhone 13 d'Apple s'allongent alors que le coronavirus frappe des fournisseurs au Vietnam. Samsung Electronics serait proche de finaliser son projet d'usine de puces au Texas pour un investissement de l'ordre de 17 milliards de dollars.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices emboîtent le pas à Wall Street et reculent, à l’exception de Hong Kong qui progresse de 0,54%. Tokyo abandonne 2,12% à la cloche, Shanghai recule de 1,51% et Séoul perd 1,22%. Le future SPX récupère 0,5%, tout comme son alter ego européen. La volatilité a augmenté à nouveau depuis hier ce qui rend le marché imprévisible à court terme.