Gonet: l'actualité des marchés au 5 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

3 minutes de lecture

Nasdaq -0,69%, Dow +0,05%, S&P -0,34%, Russell flat, SOX +0,83%, Eurostoxx -0,24%, SMI -1,06%.

Wall Street marque une pause, retenue dans son élan par les actions technologiques et de momentum. On continue de revenir dans les titres massacrés par le virus, les actions dites de valeur sont recherchées et, une fois n’était plus coutume depuis quelques mois, ce sont les compagnies aériennes qui tiennent le marché à bout de bras. C’est American Airlines qui donne l’autorisation de décollage en annonçant qu’elle rouvrira jusqu’à 55% de ses destinations domestiques en juillet, elle en est actuellement à un peu plus de 20%. L’action American Airlines se prend pour Space-X et file en orbite (AAL + 41,2%). Ses sœurs United et Delta en profitent, UAL gagne 16,1% et DAL 13,7%. Il est intéressant de noter que ce phénomène provoque une explosion des volumes d’échanges sur le NYSE (New York Stock Exchange). 14,48 milliards de titres sont traités hier, c’est énorme. La volatilité campe sur ses positions, l’indice VIX (volatilité du SPX) reste légèrement en-dessous des 25. On peut penser que la pause effectuée par les marchés d’actions hier est due aux récentes hausses, on ne gravit pas une montagne d’une traite. Cela dit, regardez les rendements obligataires, qui remontent désormais rapidement. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans est à 0,84% ce matin, le 2 juin il se situait à 0,66%. Les actions bancaires applaudissent ce phénomène, l’indice BKX bondit de 4%. Du côté obscur de la cote, on trouve les titres «stay at home», tant aimés il y a peu et quasiment répudiés depuis quelques temps. L’indice CSUSSTAY, de Crédit Suisse, recule de 2,3%.

Le Dow Jones ne parvient pas à récupérer sa moyenne mobile à 200 jours, le Nasdaq100 (NDX) vient très brièvement renifler un nouveau plus haut historique en séance (9741,97) et le SPX est désormais confortablement installé au-dessus de sa 200 jours, sa 50 jours est de plus en train de se retourner à la hausse, golden cross en vue?

Le dollar s’affaiblit un peu plus après la publication du déficit commercial américain, qui se creuse. Le Dollar Index (DXY) revient à 96,50. La paire eur/usd grimpe à 1,1376. Le 25 mai on était à 1,09… Quid de notre franc suisse? Et bien il continue de s’affaiblir contre l’euro, qui est revenu à la mode depuis le discours historique d’Ursula von der Leyen la semaine passée. L’annonce de la BCE conforte les investisseurs que c’est plutôt du côté du vieux continent qu’il faut rechercher de la stabilité, aux Etats-Unis cela semble se déchirer de partout. La Banque centrale européenne (BCE) non seulement augmente plus que prévu son programme d’achats d’urgence PEPP (pandemic emergency purchase programme) lancé fin mars pour faire face au choc économique provoqué par le coronavirus mais elle prolonge aussi sa durée. Le PEPP est porté à 1350 milliards d’euros (+600 milliards contre 500 milliards anticipés) jusqu’à fin juin 2021 (au lieu de fin 2020). Revenons à la paire euro/suisse, qui traite à 1,0859 ce matin, objectif technique à court terme 1,10 voire légèrement plus haut. Ce qui se passe ces jours sur cette paire est important, elle est en train de tenter de sortir par le haut de son canal baissier entamé au mois de mai 2018, lorsque qu’elle évoluait à 1,20. L’or reste stable et traite légèrement au-dessus des 1700 dollars par once.

Pour en revenir brièvement à la BCE, son annonce d’hier va conforter bon nombre d’intervenants qui acceptent des multiples de valorisation élevés parce qu’ils savent que les banques centrales garantissent de facto les actifs risqués. On peut discuter cela dans tous les sens, mais ça fonctionne depuis 2009. De son côté, l’investisseur Jeremy Grantham lance un nouvel appel à la baisse des actions, en affirmant que «le marché semble perdu dans un optimisme unilatéral».

L'Arabie Saoudite et la Russie sont parvenues à un accord provisoire avec l'Irak, indique un délégué. Le duo a poussé Bagdad à cesser de se soustraire à son quota de réductions et même à compenser le non-respect des réductions dans le passé. Le cartel pourrait se réunir dès ce week-end pour approuver la prolongation des réductions de production. Le WTI Light Crude traite à 37,66 dollars le baril ce matin.

Les négociateurs britanniques et européens ont peu progressé cette semaine. Les deux parties restent divisées sur des questions cruciales telles que les mesures visant à garantir un champ de concurrence équitable et les eaux de pêche britanniques. Le dernier cycle de négociations doit se conclure officiellement aujourd'hui. Boris Johnson et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pourraient devoir intervenir directement pour sortir de l'impasse lorsqu'ils tiendront des discussions plus tard dans le mois. Le Cable traite à 1,2652 ce matin, moyenne mobile à 200 jours en vue! Elle se situe à 1,2678 et a déjà été récemment testée deux fois, stay tuned!

La Maison-Blanche prévoit jusqu'à 1000 milliards de dollars pour le prochain projet de loi de relance, selon l’agence Bloomberg, bien qu'une mesure ne soit pas probable avant le mois prochain au plus tôt. Le président Trump a rencontré les conseillers économiques Larry Kudlow et Kevin Hassett en fin de journée mercredi pour discuter de ce paquet.

Les investisseurs ont versé un montant record de 15,6 milliards de dollars dans les fonds obligataires américains au cours de la semaine qui s'est terminée le 3 juin. L’investment grade a reçu 9,91 milliards de dollars, un record historique, selon les données de Refinitiv Lipper. Les fonds d'obligations à haut rendement ont ajouté 5,75 milliards de dollars. La ruée vers le crédit s'inscrit dans le cadre du soutien sans précédent apporté par la Fed au marché.

Elon Musk twitte à Jeff Bezos qu'il faut démanteler Amazon car les monopoles sont néfastes. Simon Property attaque Gap en justice pour non-paiement de loyers à hauteur de 66 millions de dollars. ZoomInfo Technologies flambe pour sa première séance de cotation aux États-Unis. Lonza nomme Pierre-Alain Ruffieux au poste de CEO.

Le marché de l'emploi continue de se dégrader aux Etats-Unis, bien qu'à un rythme moins rapide que précédemment. Les inscriptions hebdomadaires nouvelles au chômage pour la semaine close au 30 mai atteignent 1,877 million contre 1,79 million de consensus et après 2,126 millions la semaine précédente. Mais ne nous y trompons pas, le seul chiffre qui intéresse véritablement le marché sera publié ce après-midi à 14h30. Il s’agit du rapport mensuel sur l’emploi, les économistes prévoient un taux de chômage de 19,1% au mois de mai ainsi que 7,5 millions de destructions de jobs. Dans ce contexte attentiste et de pause, les indices asiatiques traitent tout de même en hausse avec Tokyo qui progresse de 0,74% à la cloche, Hong Kong qui gagne 0,78%, Shanghai 0,27% et Séoul 1,43%. Le future SPX progresse de 23 points et l’Europe est indiquée avec un gain d’un peu plus de 1% à l’ouverture. Les banques centrales murmurent aux oreilles des investisseurs…

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