Gonet: l'actualité des marchés au 2 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +0,66%, Dow +0,36%, S&P +0,38%, Russell +0,81%, SOX -0,50%, Eurostoxx +0,91%, SMI fermé.

Wall Street semble ne plus vouloir s’arrêter. Les investisseurs continuent de privilégier les signes de reprise de l'économie qui pointent à mesure que l'épidémie de Covid-19 perd du terrain. Les facteurs de risque s'accumulent cependant, à commencer par la montée des tensions commerciales et géopolitiques entre Washington et Pékin et les troubles sociaux aux Etats-Unis,  qui pourraient compromettre la reprise économique s'ils prenaient de l'ampleur.

Les volumes d’échanges du jour restent limités et le marché ne veut voir que le verre à moitié plein. Contrairement aux séances de jeudi et vendredi, hier ce sont les actions dites de valeur qui sont recherchées, au détriment des titres de momentum. On assiste à des couvertures de shorts (positions vendues à découvert) assez importantes dans les secteurs ayant le plus souffert de la pandémie de coronavirus, tels que les hôtels et les compagnies aériennes. L’indice S&P500 (SPX) atteint un niveau de «buy exhaustion» selon l’analyse technique de Tom Demark. Le Nasdaq100 (NDX) flirte avec les 9600 points et ne se situe désormais plus qu’à 1,18% de son plus haut de tous les temps. Le Dow Jones est de retour au-dessus de sa moyenne mobile à 100 jours, tout comme le Russell2000 (RTY). Il faut bien avoir conscience que le NDX traite désormais 15% au-dessus de sa moyenne mobile à 200 jours, ce qui est souvent considéré comme exagéré, même durant un marché dit haussier (bull market). Au chapitre des statistiques économiques du jour, l’indice US ISM sort un peu plus faible qu’attendu pour le mois de mai mais a rebondi depuis avril.

Ca bouge pas mal du côté des monnaies. Le dollar est délaissé, le marché voulant croire à une reprise de l’économie plus rapide qu’attendu. L’euro bénéfice lui de l’annonce faite en milieu de semaine passée par la Commission Européenne d’un plan massif de soutien aux économies les plus touchées du vieux continent d’un montant de 750 milliards d’euros. La paire eur/usd à 1,1128 ce matin. Le franc suisse glisse et traite à 1,0696 contre euro. Le niveau de 1,0720 – 1,0730 est à suivre de près, il correspond au haut du canal baissier de la paire eur/chf et constitue donc une résistance importante.

Hier, des sources de Reuters affirment que la Russie et l'Opep sont proches d'un accord pour prolonger leurs réductions de production d’or noir pendant un ou deux mois supplémentaires, afin de soutenir les cours. L'Opep et ses alliés pourraient tenir leur prochaine réunion le 4 juin, et non les 9 et 10 juin comme initialement prévu. Le WTI Light Crude à 35,62 dollars par baril ce matin.

Le marché des actions semble donc privilégier l’appétit au risque au détriment de toute prudence. En parallèle, l’or, ce havre de paix classique, gagne du terrain et s’éloigne à nouveau de son niveau charnière de 1722 dollars par once pour traite à 1737 dollars ce matin. Et puis il y a le dollar, cette valeur refuge par excellence qui glisse et se dérobe. Voyez par ailleurs le marché obligataire avec le rendement de l’emprunt US à 10 ans qui glisse quelque peu, à 0,66% ce matin. Une fois de plus, ce marché semble désavouer celui des actions, bien souvent plus excessif. D’ailleurs le spread entre le SPX et le 10 ans US atteint un niveau record, qui indique que le SPX est probablement trop cher. Notons aussi que le ratio put/call revient à ses plus bas, indiquant que les intervenants se sont débarrassés de la plupart de leurs options put, qui protègent à la baisse. La complaisance est de retour.

La semaine dernière, les trois principaux indices américains ont progressé respectivement de 3,7% pour le Dow Jones, 3% pour le SPX et de 1,7% pour le NDX.

Les tensions sino-américaines restent élevées après que Donald Trump a annoncé vendredi entamer la procédure pour retirer à Hong Kong son statut économique spécial, ainsi que la suspension de visas pour certains ressortissants chinois et l'ouverture d'une enquête sur les sociétés chinoises cotées à Wall Street. Le président américain ne dénonce toutefois pas l'accord commercial conclu en janvier avec la Chine.  Cette approche graduée de Washington n’empêche pas le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, de promettre une «ferme contre-attaque». Il exhorte hier les Etats-Unis à «immédiatement remédier à ces erreurs et à abandonner leur mentalité de guerre froide». Selon des sources citées par l'agence 'Bloomberg', le gouvernement chinois demande aux entreprises chinoises de suspendre leurs achats de certains produits agricoles américains, notamment de soja, ce qui menace de remettre en cause l'accord de Phase 1. Cet accord prévoit en effet que Pékin achète pour 200 milliards de dollars supplémentaires de produits américains, dont des produits agricoles, dans les deux prochaines années.

Les tensions ne cessent d’augmenter aux Etats-Unis suite à la mort de George Floyd lundi passé. La garde nationale a été déployée dans une douzaine de villes et Donald Trump menace de l’envoyer à New York. Le couvre-feu a été décrété dans certaines villes, dont New York City. Le marché ignore cela pour le moment. Ceci dit, si la situation venait à se détériorer plus encore, cela pourrait changer. Amazon a déjà réduit la voilure, Target, qui est basée à Minneapolis, a fermé six magasins, Walmart en ferme des centaines et Apple, qui venait de rouvrir ses magasins, les ferme à nouveau.

Facebook (FB +3%), certains salariés sont en colère contre Mark Zuckerberg. Contrairement à Twitter (TWTR +2,9%), le premier réseau social au monde a indiqué qu'il ne prendrait pas de mesures coercitives contre une publication de Donald Trump à la suite de la mort de George Floyd. Un positionnement qui a provoqué une vague d'indignation au sein de la communauté Facebook. «Déçus» et «très inquiets», plusieurs employés de Facebook ont condamné la décision de Zuckerberg sur Twitter, avec des commentaires comme «Mark a tort» et «ne rien faire est inacceptable». Smith & Wesson (SWBI +15,1%), ça ne s’invente pas… Le constructeur aéronautique brésilien Embraer a perdu 292 millions de dollars au premier trimestre, à cause des mesures de chômage partiel qui ont dû être mises en place à cause du Covid-19 et d'une baisse des livraisons d'appareils. Et aujourd’hui en France, les restaurants et les bars sortent du confinement. Le gouvernement français annonce prévoir une contraction du PIB de 11% cette année 2020.

Au menu du jour, les ventes de véhicules aux Etats-Unis et le taux de chômage en Espagne. Cette semaine est importante, nous aurons notamment droit à la réunion de la Banque Centrale Européenne jeudi et à la statistique de l’emploi aux Etats-Unis, vendredi. Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent tous dans le vert avec Tokyo qui progresse de 1,19% à la cloche, Hong Kong qui avance de 0,63%, Shanghai de 0,13% et Séoul de 1,07%. Le future SPX recule de 5 points et l’Europe est indiquée en hausse d’environ un demi pourcent.

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