Gonet: l'actualité des marchés au 3 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +0,59%, Dow +1,05%, S&P +0,82%, Russell +0,91%, SOX +2,18%, Eurostoxx +2,63%, SMI +1,22%.

Wall Street poursuit son ascension alors que l'épidémie de Covid-19 semble refluer, malgré sa persistance dans certains pays. Concentrés sur les espoirs de reprise économique, les investisseurs font fi des risques sanitaires, des tensions commerciales sino-américaines et des troubles sociaux qui agitent les Etats-Unis depuis une semaine. L’indice S&P500 (SPX) clôture au plus haut de sa séance. A la cloche, on observe des intérêts acheteurs pour un total de 3,5 milliards de dollars, le grand shopping ne semble pas terminé. Le SPX est revenu à son plus haut niveau depuis le 5 mars et ne rend plus «que» 4,64% depuis le premier janvier. Il a clôturé en hausse 6 des 7 dernières séances de trading. Et que dire de l’indice Nasdaq100 (NDX), qui n’est plus qu’à quelques encablures de son record de tous les temps (0,63%)? Le NDX qui progresse de 10,58% sur l’année, une performance surréaliste dans le contexte qui nous occupe. C’est le secteur de l’énergie qui mène la charge, porté par la persistance haussière du pétrole, le WTI Light Crude à 37,86 dollars le baril ce matin. Les materials et les industrielles complètent le podium du jour. On assiste à des couvertures de shorts (positions vendues à découvert).

Le marché est clairement revenu en mode «appétit au risque». Non contents de croire en une reprise rapide de la croissance globale et de manifester un déni collectif de réalité digne des plus beaux cas d’école, les intervenants applaudissent à deux mains le plan de la Chancelière allemande Angela Merkel, qui négocie en ce moment un nouveau paquet de soutien à l’économie allemande d’un montant légèrement supérieur à 100 milliards d’euros. La Chine dément quelque volonté que ce soit de suspendre ses achats de produits agricoles américains et c’est tout le floor du NYSE (New York Stock Exchange), ou du moins ce qu’il en reste, qui sabre le champagne. «Risk on» oblige, on se débarrasse des valeurs refuges que sont le dollar, le yen et les obligations gouvernementales US et on les remplace par du dollar australien, de l’euro et du Cable (sterling/dollar), ainsi que des actions of course… La paire eur/usd casse les 1,12, l’euro n’y est pas étranger cela dit, l’annonce faite la semaine passée par la présidente de la Commission Européenne Ursula von der Leyen devrait marquer les esprits pendant longtemps. Le marché espère aussi que Christine Lagarde, la patronne de la Banque Centrale Européenne, annoncera de nouvelles mesures de soutien demain. Quant au Cable, il se rapproche à grand pas de sa moyenne mobile à 200 jours, qui se situe à 1,2673 (cours actuel 1,2595). Il a déjà testé sa 200 dma deux fois depuis avril, les traders tendent à penser que la troisième fois est souvent la bonne, breakout potentiel en vue? Le rendement de l’emprunt US à 10 ans remonte à 0,70%. Détente généralisée oblige, on envoie le Vix au tapis, l’indice de la volatilité du SPX perd 5% et repasse en-dessous des 27, un niveau plus observé depuis le 25 février, lorsque les indices d’actions venaient d’entamer leur grand plongeon. Notons au passage qu’Apple va atteindre l’état de «buy exhaustion» ce soir, Isaac Newton va suivre cela de près…

Les investisseurs ont chassé et chassent toujours les actions des marchés émergents, qui commencent à rattraper leur retard sur le SPX. Le ratio put/call du SPX traite à son plus bas et nous indique que les intervenants se débarrassent massivement de leurs options puts (qui protègent contre une baisse du marché), ils baissent leur garde. L’ombre de 2008 pourrait planer sur les indices à nouveau, le Financial Times (FT) rapporte que le pourcentage de prêts immobiliers commerciaux laissés impayés par les emprunteurs aux États-Unis a plus que triplé le mois dernier, signe d'une aggravation de la crise sur le marché des obligations garanties par des hypothèques (1,3 milliard de dollars). Bad old days…

L’or n’en finit pas de revenir tester son niveau charnière de 1722 dollars par once, il est aussi (momentanément) ostracisé par la cupidité des intervenants et recule de 1% pour traiter à 1719 dollars/once ce matin.

Petit détour par la Suisse et plus précisément à la Banque Nationale Suisse (BNS), où l’on doit respirer. Le franc s’affaiblit! enfin direz-vous. Et pourvu que cela dure surtout. Le marché croit un peu plus en l’idée d’une véritable Union Européenne depuis une semaine et, la semaine passée également, Thomas Jordan (le patron de la BNS) indique que la banque centrale helvétique pourrait enfoncer ses taux d’intérêts en territoire encore plus négatif et le tour est joué. La paire eur/chf a cassé sa résistance de 1,0720 – 1,0730 et traite à 1,0775 ce matin. Elle teste actuellement sa moyenne mobile à 200 jours (1,0770). Ensuite il n’y pas grand-chose pour la stopper jusqu’aux environs des 1,10, voire 1,1079 (38,2% de retracement Fibonnacci de la baisse de 1,20 à 1,0507).

Les cours du brut progressent solidement. Selon la presse, la Russie et l'Opep seraient proches d'un accord pour prolonger leurs réductions de production de pétrole au-delà de juin, pendant un ou trois mois supplémentaires afin de soutenir les cours.

A New York, plusieurs grands magasins de la 5e Avenue ont été pillés. Le couvre-feu, instauré dans la ville de 23 h à 5 h lundi, commencera désormais à partir de 20 heures, annonce le maire Bill de Blasio, qui prolonge le couvre-feu jusqu'à dimanche. De nombreuses villes ont mis en place des couvre-feux, dont Chicago, Washington, Dallas, Cleveland, Detroit, Los Angeles et Minneapolis, la ville d'où sont parties les violences.

Petit-déjeuner annulé à Tiffany? LVMH a réuni son conseil d’administration pour discuter de son offre de rachat de Tiffany & Co dans un contexte de dégradation du marché américain liée à la pandémie de coronavirus. Le rachat de Tiffany semble remis en question. L’action TIF chute de 9% à New York. Zoom Vidéo prend l’appel du marché et explose le consensus des analystes hier soir, en publiant des résultats gonflés par la période de confinement liée à la pandémie de Covid-19. Pour le trimestre achevé fin avril, le bénéfice net a ainsi atteint 27 millions de dollars contre seulement 200'000 dollars un an plus tôt. Les ventes ont été multipliées par 2,7 pour atteindre 328,2 millions de dollars, un niveau très supérieurs aux 230,6 millions de dollars attendus par les analystes. L’action Zoom recule de 2,5% dans le marché après-bourse, elle en a gagné 162% depuis le début du mois de février cela dit. Axa réduit sa proposition de dividende de 1,43 à 0,73 euro. La pression reste forte sur Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, après sa prise de position controversée sur le maintien en ligne des posts de Donald Trump. Une action collective assortie de 5 milliards de dollars de revendications a été lancée aux États-Unis contre Google, accusé d'utiliser des données d'utilisateurs de chrome en navigation privée.  La FDA rallonge la période d'examen pour l'Ofatumumab (OMB 157) de Novartis. Sulzer prend 25% du finlandais Tamturbo, spécialiste des systèmes de compresseurs d'air industriels sans huile. SGS rachète le français CTA Gallet. Lonza va accélérer la mise au point de deux nouvelles lignes de production dédiées au candidat vaccin contre le Covid-19 de Moderna. Moody’s réduit sa perspective pour Daimler, VW et BMW à négative.

Au menu du jour: le rapport hebdomadaire du département américain de l’énergie sur les stocks de pétrole brut, l'évolution de l'emploi privé aux États-Unis, les commandes des usines et les biens durables, la production industrielle du Brésil et le chômage dans la zone euro.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent tous dans le vert, Tokyo progresse de 1,29% à  la cloche, Hong Kong avance de 1,29%, Shanghai de 0,22% et Séoul de 2,87%. Le future SPX gagne 11 points et l’Europe va ouvrir avec un gain de 1,3%.

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