Gonet: l'actualité des marchés au 28 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +0,77%, Dow +2,21%, S&P +1,48%, Russell +3,11%, SOX +1,47%, Eurostoxx +1,72%, SMI -1,16%.

Wall Street reste confiante et casse des niveaux techniques importants à la hausse. Le thème de la réouverture globale de l’économie est solidement ancré dans les esprits, qui incite plus d’un à un fol espoir d’un redémarrage plus rapide que prévu de la croissance autour du globe. Le secteur de la technologie marque le pas, essoufflé après avoir endossé le maillot jaune pendant si longtemps. Exception du jour, Micron Tech (MU) qui décolle de 8% après avoir relevé ses perspectives de bénéfices futurs. Les actions dites de valeur sont recherchées au détriment de celles de croissance. Les bancaires mènent la charge, accompagnées par les titres de grands magasins. L’indice S&P500 (SPX) casse aisément le niveau de 3000 points et repasse en même temps au-dessus de sa moyenne mobile à 200 jours. Selon l’analyse technique de Tom Demark, il est désormais en situation de «buy exhaustion». Le vénérable Dow Jones casse facilement les 25'000 points et se trouve déjà à moins de 500 points des 26'000. Du côté des petites capitalisations, l’indice Russell2000 (RTY) superforme ses grands frères, casse les 1400 points et a désormais atteint 50% de retracement Fibonnacci de la baisse observée du 19 février au 23 mars. Le Nasdaq100 (NDX) gagne péniblement 1/2 pour-cent et est désormais techniquement fragile.

L’or parvient à préserver sa tendance haussière intacte et traite à 1719 dollars par once ce matin. Le pétrole se prend les pieds dans le tapis et chute de 3% à 31,97 dollars le baril de WTI Light Crude. Les traders se permettent de douter de la bonne volonté de Moscou de réduire sa production d’or noir. Les déclarations de Donald Trump n’aident pas non plus, qui indique que son administration travaille à une réponse forte à l’attention de Pékin, dans le dossier de la loi sur la sécurité à Hong Kong. Ca se détend au niveau du crédit, le rendement de l’emprunt US à 10 ans reste stable à 0,69% et les investisseurs continuent d’acheter de la dette High Yield (hauts rendements). Au chapitre des monnaies, le Dollar Index (DXY) reste sous pression et revient en-dessous de 99. De son côté l’euro est en pleine forme, qui retrouve quelque attrait auprès des investisseurs après que l’Union européenne a développé les contours de son plan de relance de soutien de ses membres pour un montant total de 750 milliards d’euros. La paire eur/usd traite à 1,1022 ce matin.

L’optimisme général prévaut donc, qui devrait pourtant être tempéré par quelques indicateurs internes de marché (market internals) dont certains envoient des signaux d’alarmes. L’indice Smart Index baisse, pas fortement mais il baisse. Dans un marché des actions en hausse, ce phénomène indique que le «smart money», lisez les investisseurs institutionnels, est en train de vendre. Techniquement, la plupart des indices sont devenus fragiles et GMO, qui avait correctement prédit les deux derniers tops du marché ainsi que le bas de mars 2009, indique s’attendre à une correction de 30% du fait de valorisations «qui offrent peu de potentiel à la hausse». La volatilité reste cela dit assez stable avec l’indice VIX qui recule légèrement à 27,62.

Le SMI (Swiss Market Index) illustre particulièrement bien cette période de rotation de secteurs, qui recule de plus de 1% hier et évolue à contre-courant du marché, pénalisé par Roche, Novartis et Nestlé. A 9716 points, l’indice traite dans une fourchette entre 9400 et 9950 points depuis la mi-avril. On reste en Suisse avec le patron de la BNS, Thomas Jordan, qui indique que son institution a de la marge pour baisser encore plus ses taux d’intérêts, qui se situent déjà en territoire nettement négatif. Ce matin, l’euro/suisse traite à 1,0670, probablement aussi aidé par le regain d’enthousiasme des intervenants au sujet de l’Union. Européenne.

A ce jour, le SPX est en baisse de 6% depuis le premier janvier, le Nasdaq en hausse de 5%, L’Eurostoxx abandonne 18,5% et le SMI 8,5%.

Le marché semble vouloir ignorer les tensions sino-américaines ainsi que le Livre Beige de la Fed, publié hier soir et qui indique que l’activité économique a ralenti dans tous les districts, que ce ralentissement a été particulièrement sévère dans les secteurs des loisirs et de l’hospitalité, ce qui ne surprend personne et que le marché de l’emploi a continué à se détériorer dans tous les districts. Mais le marché regarde toujours au-delà de l’horizon, les constats de la Fed relèvent déjà du passé.

Et il est vrai que cela chauffe de plus en plus entre Pékin et Washington. Le Secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo déclare que Hong Kong ne peut plus prétendre à un statut commercial préférentiel du fait de sa perte d’autonomie vis-à-vis de la Chine. C’est fondamental pour l’ancienne colonie britannique et Pékin ne devrait pas tarder à répliquer.

Boeing redémarre la production du B737Max dans l’État de Washington. Nissan va rouvrir ses usines américaines dès le 1er juin. Carl Icahn quitte le capital de Hertz avec de lourdes pertes. Les résultats de Hewlett Packard ne convainquent pas les investisseurs (-5% dans le marché après bourse). Reuters indique que Chevron pourrait couper entre 10 et 15% de ses effectifs. Apple produira le prochain film de Martin Scorsese, avec Leonardo DiCaprio et Robert De Niro, qui sera distribué en salles par Paramount. Roche et Gilead lancent une phase III conjointe contre la Covid-19, via une combinaison actemra / roactemra associée à du remdesivir. Givaudan rachète Alderys, spécialiste de l’ingénierie biologique.

Aujourd’hui nous suivrons notamment l’inflation en Allemagne au mois de mai. Aux Etats-Unis, l’attention se portera sur les demandes hebdomadaires d’allocations chômage. Les inventaires hebdomadaires du département américain de l’énergie seront également à suivre.

Après une journée de suspense, le premier vol habité de la société américaine SpaceX a été reporté de mercredi à samedi en raison du mauvais temps, alors que deux astronautes de la Nasa étaient déjà installés dans la capsule au sommet de la fusée qui devait les lancer vers la Station spatiale internationale. «Dragon, SpaceX: malheureusement, nous n’allons pas lancer aujourd’hui», annonce aux astronautes le directeur du lancement de SpaceX, 17 minutes avant l’heure prévue du décollage au Centre spatial Kennedy en Floride. Il s’en est fallu de dix minutes... la suite ce weekend donc.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé avec Tokyo qui clôture en nette hausse de 2,32%, Hong Kong qui recule de 0,2%, Shanghai qui grappille 0,1% et Séoul qui rend 0,2%. Le future SPX ne rend rien et progresse de 11 points alors que l’Europe est indiquée en hausse d’un pourcent.

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