Gonet: l'actualité des marchés au 24 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +2,47%, S&P 500 +2,37%, Nasdaq +2,31%, Russell 2000 +2,28%, SOX +3,7%, Eurostoxx -0,46%, SMI -0,52%.

À Wall Street, on s’est habitué à voir des faucons survoler Downtown Manhattan en cercle. C’est dans cette ambiance de plomb que débute la journée de vendredi, les indices reculant et les rendements obligataires poursuivant leur marche vers le ciel. C’est alors que quelque chose de rare se produit, deux colombes font leur apparition dans le ciel New-Yorkais, accompagnées par un journaliste du Wall Street Journal. Commençons par ce dernier, Nick Timiraos, considéré comme le messager informel de la Fed dans les salles de marchés. L’article de Timiraos indique que la Fed augmentera les taux de 75 points de base supplémentaires lors de la réunion de novembre, mais qu'elle envisagera éventuellement une augmentation plus faible lors de la réunion de décembre. Aïe les ours, alarme!… Puis, par le plus grand fruit du hasard, qui plus est un vendredi, les colombes s’y mettent, représentées par la patronne de la Fed de San Francisco, Mary Daly (ne vote pas au FOMC), qui explique que la Réserve Fédérale va finir par modérer ses hausses de taux pour éviter de commettre une erreur. Faisant écho à sa collègue, le président de la Fed de Saint Louis, James Bullard (vote au FOMC), déclare qu'il espère que le processus de déflation s'enclenchera en 2023, ajoutant que le marché de l'emploi reste solide.

L’article du WSJ et les déclarations des gouverneurs de la Fed font l’effet d’une bombe dans le marché et déclenchent une vague acheteuse rare dans les obligations gouvernementales américaines. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans, qui évoluait à 4,33%, chute et clôture à 4,21%, pour évoluer ce matin à 4,14%. Rappelons ici que le rendement du 10 ans était entré en territoire «suracheté» en fin de semaine, cette configuration technique a probablement exacerbé son repli, un des principaux niveaux de support à considérer se situe à 3,76%. Le repli des rendements obligataires apporte un soutien inespéré aux actions, qui ne se font pas prier pour repartir vers le nord, dans des volumes d’échanges plutôt bons, 11,44 milliards de titres sont traités sur le NYSE.  La volatilité recule mais peu, le VIX abandonne 0,9% sur la journée, à 29,69, un niveau qui reste élevé. Tous les secteurs de l’indice S&P500 (SPX) progressent avec sur le podium du jour les materials, la consommation discrétionnaire et les financières. Le SPX consolide son niveau de 3700 points, il clôture 52 points au-dessus. Le prochain niveau à casser est 3806, le top du 5 octobre, puis la moyenne mobile à 200 jours constituera la principale résistance, elle se situe à 4134 points et avait maintenu le SPX en respect comme rarement le 16 août.

Le dollar prend un uppercut dans la figure, qui l’envoie 2% plus bas quasiment d’un coup. Cela permet à la paire EUR/USD de revenir à 0,9848, mais aussi au yen de respirer qui revient à 149,20, après avoir touché 151,95. Idéalement, d’un point de vue technique il faudrait que la paire vienne payer 153,01, ce niveau correspond à 38,2% de retracement Fibonnacci du bear market entamé au top de 1998. Quoi qu’il en soit, il semble que la monnaie nipponne soit en train de tenter de former un plancher dans les niveaux actuels, ce d’autant plus que la Banque du Japon semble avoir décidé de sortir la Grosse Bertha pour défendre sa monnaie, elle vend dans les 30 milliards de dollars contre yen dans le marché et indique disposer de ressources illimitées pour mener ce combat à son terme.

Ce repli du billet vert permet à l’or de rebondir quelque peu, l’once revient à 1653 dollars, tandis que le baril de WTI Light Crude se maintient à 84,35 dollars.

Le marché est actuellement dirigé par deux forces principales, la posture de la Fed et les résultats de sociétés. La saison des publications du troisième trimestre livre doucement son verdict. En l’état, 23% de la capitalisation boursière du SPX ont publié leurs résultats avec 68% des sociétés qui battent les attentes, c’est bien dans un contexte de craintes de récession. On notera par ailleurs que les firmes actives globalement s’en sortent nettement mieux que celles dont l’activité se limite aux Etats-Unis, avec une croissance des bénéfices de 9,9%, contre 3,1%.

On fait un détour par Hong-Kong, où l’indice Hang Seng chute de 6,2%, les valeurs technologiques subissant de fortes baisses dans d’importants volumes d’échanges. Le yuan chinois s’affaiblit également, les investisseurs, qu'il s'agisse de devises ou d'actions, réagissant aux risques posés par la décision du président Xi Jinping d'étoffer son équipe dirigeante avec des fidèles. Alors que la Chine a publié des données macroéconomiques qui ont battu les attentes, le marché est sur une pente descendante, car le remaniement du leadership et les tensions entre la Chine et les États-Unis continuent de tirer le sentiment vers le bas et d'ajouter de l'incertitude. Xi Jinping sort donc renforcé du 20e congrès du parti communiste.

Rishi Sunak fait un grand pas en avant pour devenir le prochain Premier ministre du Royaume-Uni après le retrait de Boris Johnson. L'ancien Premier ministre affirme qu'il dispose de suffisamment de soutien de la part des législateurs conservateurs pour se présenter au scrutin, mais il déclare que «ce ne serait tout simplement pas la bonne chose à faire». Penny Mordaunt reste donc la seule concurrente de Sunak et il n'est pas certain qu'elle obtienne le soutien des 100 députés nécessaires pour présenter sa candidature avant la date limite de 14 heures. Si elle n’y parvient pas, Sunak – avec au moins 123 soutiens – deviendra automatiquement Premier ministre.

En Italie, Mario Draghi laisse sa place de président du conseil à Giorgia Meloni, positionnée nettement plus à droite et première femme à diriger le pays.

Aux Etats-Unis, la Maison Blanche s'agite avant les élections de mi-mandat, qui auront lieu le 8 novembre. Elle est sur tous les fronts: pétrole, inflation et peut-être pression sur la banque centrale? Il est vrai qu’un marché des actions en hausse à la mi-novembre serait fort utile à Joe Biden et son parti.

Le chef de la défense russe, Sergei Shoigu, déclare à ses homologues britannique, français et turc que l'Ukraine pourrait faire exploser une «bombe sale» radioactive, sans fournir de preuves. Il s’entretient avec l'Américain Lloyd Austin pour la deuxième fois en trois jours. Le bureau d'Austin rejette l'allégation de Moscou, la qualifiant de «prétexte à une escalade russe». La Russie retire davantage de forces de la région occidentale de Kherson, selon l'Institut pour l'étude de la guerre.

C’est un tsunami de publications de résultats de sociétés qui attend le marché cette semaine, avec pas moins de 300 sociétés des indices S&P500 et Stoxx Europe 600 (dont Apple, Microsoft et Amazon aux Etats-Unis et Novartis, SAP ou TotalEnergies en Europe). Nous aurons aussi droit aux décisions de politique monétaire de la BCE ce jeudi et de la banque du Japon vendredi. La première estimation du PIB des Etats-Unis au troisième trimestre sera publiée vendredi.

Les premiers indicateurs d'activité PMI du mois d'octobre seront publiés pour les principales économies, en particulier la zone euro (10h00) et les Etats-Unis (15h45).  Cette nuit, la Chine a annoncé que son PIB du troisième trimestre a progressé de 3,9%, ce qui est supérieur au consensus (3,3%). En revanche, les ventes de détail ne se sont accrues que de 2,5%, en deçà des attentes.

Crédit Suisse devrait lancer une augmentation de capital de 2 milliards de francs en complément de sa restructuration, selon le SonntagsZeitung. Elon Musk pourrait avoir besoin de vendre jusqu'à 10 milliards de dollars d'actions Tesla pour financer l'accord avec Twitter, selon Wedbush. ISS presse les actionnaires de Turquoise Hill Resources de rejeter l'offre d'achat de Rio Tinto. Shell obtient une participation minoritaire dans le projet d'expansion du GNL du Qatar. Assicurazioni Generali étudie une offre sur l'américain Guggenheim avant la fin de l'année.

Vous cherchez un serrurier? Rendez-vous donc à l’Apple Store le plus proche de chez vous. Les magasins Apple aux États-Unis vendent désormais une serrure de porte extérieure qui peut être déverrouillée par l'Apple Watch ou l'iPhone d'un utilisateur. Le Level Lock+, d'une valeur de 329 dollars, est la première serrure compatible avec le système Home Key vendue dans les magasins Apple. Outre Home Key, Apple annonce Car Key, qui permet de déverrouiller les voitures prises en charge par BMW et Hyundai, et Room Key, qui permet de placer les clés d'hôtels de chaînes telles que Hyatt dans l'application Wallet d'Apple.

ASML réitère son optimisme alors que la demande de délocalisation soutient la croissance. Le rapport financier du troisième trimestre du fabricant néerlandais d'équipements pour semi-conducteurs ASML fait preuve d'optimisme quant aux perspectives jusqu'en 2025-2030 en raison de l'impact direct limité de la guerre des puces entre les États-Unis et la Chine, alors que les tendances à la délocalisation dans divers pays ont déjà stimulé la croissance.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, hormis en Chine où l’ombre de Xi Jinping plane sur les indices. Tokyo progresse de 0,31% à la cloche, Hong Kong chute de 6,2%, Shanghai abandonne 1,95% et Séoul avance de 1,04%. Le future SPX progresse de 6 points et l’Europe ouvre en hausse de 0,8%.

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