Gonet: l'actualité des marchés au 21 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,30%, S&P 500 -0,80%, Nasdaq -0,61%, Russell 2000 -1,24%, SOX +0,69%, Eurostoxx +0,62%, SMI -0,10%.

Les faucons de la Fed volent en cercle au-dessus de Wall Street, attentifs comme rarement aux tentatives potentielles de retour en force des taureaux. La journée d’hier ne fait pas exception, qui débute bien, les résultats de sociétés sont bons (environ deux tiers des firmes ayant publié ont battu les attentes, ce qui constitue un bon départ dans un contexte de craintes de récession), l’indice S&P500 (SPX) semble parti pour défendre son niveau de 3700 points, ce d’autant plus que la poussière retombe rapidement au-dessus de Londres et le marché aime beaucoup la notion de visibilité. On n’est donc pas surpris de voir débarquer deux membres de la Fed sur scène pour calmer les troupes. La gouverneure Lisa Cook prévient que l'inflation «nécessitera probablement des hausses de taux continues et le maintien d'une politique restrictive pendant un certain temps», ajoutant que le risque lié aux prix est orienté à la hausse. Le patron de la Réserve Fédérale de Philadelphie, Patrick Harker, déclare que les autorités allaient probablement porter le taux de référence «bien au-dessus» de 4% cette année et le maintenir à ce niveau. Et voilà, vous avez là l’essentiel de ce qu’il fallait écrire sur la séance d’hier, la suite est cousue de fil blanc…

Le marché obligataire, principal concerné par les propos des banquiers centraux, envoie le rendement du 10 ans US à 4,25%, même chez Space-X on est impressionné, ce niveau n’avait plus été visité depuis 2008. Le 2 ans a une réaction plus modérée, car le marché était déjà positionné pour un taux des Fed Funds bien supérieur à 4,00% d'ici la fin de l'année. Néanmoins, le rendement des obligations à 2 ans atteint un nouveau sommet pour l'année (4,61%). Les taux hypothécaires fixes à 30 ans grimpent à  7,37%, leur plus haut niveau depuis 2000. La hausse des rendements obligataires est aussi alimentée par la publication de faibles demandes hebdomadaires d’allocations chômage, qui entretiennent l’image d’un marché américain de l’emploi fort, et donc d’une Fed forcée de rester le «bad cop» du moment. Une fois n’est pas coutume, abordons le rendement du 10 ans US d’un point de vue de l’analyse technique, qui nous dit que ce dernier est désormais entré en territoire «suracheté», cela n’était plus arrivé depuis 1981. Lisez, le moteur est sur le point de serrer, ça va trop vite. Donc, toujours selon l’analyse technique, un repli potentiel est dans les cartes, qui pourrait envoyer le 10 ans à 3,76%, à suivre.

Au chapitre des secteurs du NYSE, le podium du jour se compose des services de communication, de l’énergie et de la technologie, cette dernière étant bien aidée par les semi-conducteurs. Le breadth n’est pas folichon avec 2 titres clôturant en repli contre 1 en hausse sur le NYSE, les volumes d’échanges sont stables à 10,56 milliards de titres traités, le marché parvient tout de même à identifier de belles histoires (par exemple AT&T), il fait le tri entre le bon et le moins bon, signe que la nervosité est probablement en repli, d’ailleurs le VIX recule de 2,57% et clôture juste en-dessous de 30, tout un symbole.

Parmi les plus gros gains liés aux bénéfices figurent les semis (LRCX +7,8%), les télécommunications (T +7,7%), le matériel informatique (IBM +4,7%), les métaux et les mines (NUE +2,5%, STLD +6,% et AA +3,4%), les produits chimiques diversifiés (DOW -0,4%), les services de santé (DGX +6,3%) et les jeux (LVS +5,6%). Les valeurs défensives sous-performent hier, le tabac (PM -1,7%), les boissons, l'alimentation et les produits pharmaceutiques sont également en baisse.

Le Royaume-Uni pourrait avoir un nouveau Premier ministre dès lundi, suite à la démission de Liz Truss après 44 jours au pouvoir, le plus court mandat de l'histoire britannique. Les candidats doivent obtenir le soutien de 100 législateurs conservateurs pour pouvoir se présenter au scrutin, ce qui augmente les chances que la compétition soit courte. Rishi Sunak et Penny Mordaunt font partie des favoris. Certains députés réclament le retour du CAO (Chief Apero Officer) Boris Johnson.

L'UE décide de prendre des mesures d'urgence pour faire face à la crise énergétique en Ukraine. L'Allemagne cède à la pression en ouvrant la voie à un plafonnement temporaire du prix du gaz naturel. L'Ukraine annonce que les forces russes ont miné un barrage dans le sud occupé, menaçant des «centaines de milliers» de personnes d'inondations et mettant en danger la centrale nucléaire de Zaporizhzhia.

Au menu macro-économique du jour, un seul indicateur, les ventes de détail britanniques de septembre, qui manquent nettement les attentes.  Cette nuit, le Japon annonce que son inflation a atteint 3% en septembre, comme prévu, ce qui ne l'empêche pas d'atteindre un plus haut niveau depuis le début des années 1990.

EssilorLuxottica: la croissance organique atteint 8,2% au troisième trimestre. Les prévisions de moyen terme annoncées mi-septembre sont confirmées. Kering: la croissance organique a atteint 14% au troisième trimestre. La hausse de Gucci est inférieure aux prévisions. L'Oréal: la croissance organique est supérieure aux attentes à 9,1%. Credit Suisse vend sa participation de 8,6% dans l'espagnol Allfunds. Enel vend 50% de son unité de services de réseau à CVC. Exxon Mobil va vendre la raffinerie de Billings à Par Pacific Holdings. Les États-Unis évaluent la sécurité des accords conclus par Musk, dont l'achat de Twitter, selon Bloomberg. Par ailleurs, le milliardaire serait prêt à réduire de 75% les effectifs de Twitter, selon les informations du Washington Post. Lockheed Martin obtient un contrat de 1,2 milliard de dollars pour trois vaisseaux spatiaux Orion pour la NASA. Adidas: le groupe réduit ses prévisions annuelles. Sika: les résultats sont en hausse moins vive que les ventes sur neuf mois. Les prévisions sont confirmées. Le titre recule de 2% dans le pré-marché. Snap: l'action s'effondre de 25% après la clôture suite à la publication de prévisions décevantes. Whirlpool: le fabricant américain d'électroménager revoit en baisse ses prévisions de bénéfices sur l'année, ce qui entraîne une baisse de 4% de l'action hors séance.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo abandonne 0,43% à la cloche, Hong Kong perd 0,52%, Shanghai parvient à grappiller 0,09% et Séoul recule de 0,22%. Le future SPX perd 11 points et l’Europe ouvre en repli de 0,9%. Sur le front des monnaies, le dollar et l’euro sont plus ou moins stables, à 0,9770, tandis que le dollar yen franchit la barre redoutée des 150 et traite actuellement à 150,39. L’or peine, l’once traite à 1622 dollars et le baril de WTI Light Crude revient à 84,51 dollars.

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