Gonet: l'actualité des marchés au 19 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,12%, S&P 500 +1,14%, Nasdaq +0,90%, Russell 2000 +1,16%, SOX +0,42%, Eurostoxx +0,64%, SMI +0,76%.

Il était porté disparu, on avait d’ailleurs presque oublié son nom dans les chaumières financières. Hier il tente un retour plutôt timide, mais un come-back tout de même et cela fait ronronner les taureaux d’aise. Non, hier nous n’assistons pas au retour du Jedi (ça c’est pour demain) mais à celui du FOMO (Fear Of Missing Out). Wall Street clôture plutôt loin de son haut du jour mais l’essentiel est ailleurs, les principaux indices américains d’actions parviennent à enchainer deux séances consécutives de hausse, ce qui est tout sauf anecdotique. Le sentiment d’une capitulation à court terme fait son chemin dans les esprits, la saisonnalité favorable vient se rappeler au bon souvenir des investisseurs et, surtout, les résultats de sociétés commencent à détendre tout le monde. On démarre la séance sur les chapeaux de roues, c’est rarement bon signe et le marché tombe comme une pierre dans les deux premières heures de trading, échaudé par le rendement de l’emprunt US à 10 ans, qui casse les 4% et s’approche de son haut du 13 octobre (4,0750%) qui le maintient en respect et le renvoie à 4,04%. L’indice S&P500 (SPX) parvient à défendre le niveau de 3700 points et le marché serre les rangs, il s’agit ici de focaliser sur le plus important soit les résultats d’entreprises, qui ne déçoivent pas bien au contraire. On mentionnera notamment Goldman Sachs (GS +2,3%), Lockheed Martin (LMT +9%) et Johnson & Johnson (JNJ -0,4%), cette dernière publiant de bons résultats mais le marché se désintéresse des pharmas hier.

La saison des résultats de sociétés qui débute a déjà montré que le consommateur américain semble se porter mieux que prévu, notamment au travers des chiffres publiés par les banques, on pousse probablement un énorme soupir de soulagement à ce sujet dans les salles de marché. On retrouve une configuration de rebond technique hier, les nombreux shorts continuent de se couvrir et un le résultat d’une enquête menée par Bank of America fait grand bruit, qui indique que ce marché «crie» à la capitulation avec un rallye prévu pour début 2023. «La liquidité du marché s'est considérablement détériorée», déclarent les stratèges de la banque américaine, notant que les investisseurs ont actuellement 6,3% de leurs portefeuilles en liquidités, le pourcentage le plus élevé depuis avril 2001 et que 49% des participants sont sous-pondérés en actions. Le SPX relève la tête dès la clôture européenne, un classique, pour repartir à nouveau vers le sud après que l’on ait appris qu’Apple réduit la production de son iPhone 14 Plus. Apple qui parvient tout de même à gagner 0,9% à la cloche. On le constate, hier le marché a de bonnes raisons de baisser (10 ans US au-dessus de 4%, Apple qui réduit la voilure, séance de la veille en forte hausse), raisons qu’il ne saisit pas, faisant montre d’une résilience assez impressionnante et traitant en territoire positif, même au plus bas du jour.

La saison des résultats de sociétés offre probablement aux investisseurs l'occasion de se concentrer davantage sur la capacité réelle des entreprises américaines à réaliser des bénéfices, et moins sur les machinations de flux de données économiques rétrospectives, espérons simplement que Jerome Powell et ses sbires ne vont pas trop en prendre ombrage et venir nous rappeler qui fait la loi sous le préau ces jours…et quand on parle du loup… la Fed ne peut pas interrompre ses hausses de taux lorsque son indice de référence atteint 4,5% à 4,75% si l'inflation sous-jacente continue de s'accélérer, selon Neel Kashkari. «Nous continuons à être surpris à la hausse», déclare le président de l'agence de Minneapolis. Raphael Bostic, patron de la Fed d'Atlanta, indique que la Fed aura du mal à atteindre le niveau d'emploi maximum si elle ne parvient pas à maîtriser l'inflation.

Tous les secteurs du SPX terminent leur séance dans le vert, avec sur le podium du jour les industrielles, les materials et les utilitaires. Le breadth du marché est à nouveau impressionnant avec plus de 90% des actions du SPX qui clôturent dans le vert. Les volumes d’échanges augmentent quelque peu, on prend, et la volatilité rend 2,7%, le VIX clôture à 30,50, un niveau dois-je vous le rappeler qui reste élevé et indique que tout n’est pas encore rose au joyeux royaume des actions.

Allez, il en faut un peu pour les ours aussi. Le rendement du T-Bill US à 3 mois atteint 4,04% à la cloche hier, contre 4,01% au 10 ans au même moment. Cette inversion est rare, elle s’est produite la dernière fois en 2020 et chacune des 8 dernières récessions aux Etats-Unis a été précédée d’un tel phénomène. Restez calmes chers taureaux, la récession fait partie du cycle économique, nous y allons peut-être, nous y sommes peut-être déjà, elle est peut-être derrière nous. Concentrons-nous sur les entreprises et le consommateur avant tout.

Le pétrole se prend les pieds dans le tapis, le baril de WTI Light Crude revient à 83,48 dollars, la Maison-Blanche discute de débloquer des réserves stratégiques supplémentaires. Le dollar perd du terrain contre euro, la paire évolue ce matin à 0,9821, tandis que l’or n’en profite pas, bien au contraire, l’once recule à 1640 dollars. Quant au yen, il est faible comme jamais à 149,45 contre dollars, attention à ne pas payer 150, il ne serait pas étonnant que des ordres stop se cachent juste derrière, le marché, qui s’amuse déjà plutôt bien avec la monnaie nipponne, pourrait décider de lui asséner le coup de grâce si ce niveau est cassé.

Retour à l'austérité. Les ministères du gouvernement britannique sont invités à réduire leurs budgets jusqu'à 15%, selon des personnes bien informées. Certains banquiers craignent une extension de la taxe bancaire alors que le chancelier Jeremy Hunt cherche à combler le déficit budgétaire.

Hong Kong va assouplir les règles en matière de visa pour les hauts revenus et les diplômés étrangers, déclare le chef de l'exécutif John Lee. Le changement s'applique aux étrangers qui touchent un salaire annuel de 2,5 millions de HK$ (320’000 $) ou plus et aux personnes ayant au moins trois ans d'expérience professionnelle et diplômées de l'une des 100 meilleures universités du monde.

En Europe, l'inflation britannique (sortie au-dessus des attentes) et de la zone euro (11h00) est au programme. Aux Etats-Unis, les permis de construire de septembre / mises en chantier seront annoncés à 14h30.
Au menu des résultats de sociétés du jour, nous aurons notamment droit à Tesla, Procter & Gamble,  Abbott,  International Business Machines, Atlas Copco et Deutsche Börse.  

Adobe: l'action gagne 3% hors séance après la publication de ses trimestriels et de ses nouveaux objectifs. ASML: le groupe vise 6,1 à 6,6 milliards de dollars de revenus au quatrième trimestre et voit peu d'impact pour le moment des nouvelles restrictions technologiques américaines envers la Chine. BHP: le groupe minier maintient ses prévisions de production inchangées pour l'exercice clos le 30 septembre 2023. Nestlé: les ventes sont dopées par les hausses de prix. La croissance devrait progresser de 8% cette année. Netflix: le titre bondit de 14% hors séance après la publication des résultats trimestriels. La firme accueille 2,41 millions nouveaux clients, contre 1 million attendu. United Airlines: l'action progresse de 6% hors séance après la publication des résultats trimestriels. Holcim paie 778 millions de dollars pour les agissements de Lafarge en Syrie. Credit Suisse travaillerait avec RBC et Morgan Stanley pour lever des fonds. Meta Platforms accepte de céder Giphy après avoir épuisé ses recours au Royaume-Uni. Mobileye (Intel) entrera en bourse sur la base d'une valorisation de 16 milliards de dollars, Intel qui en voulait 50 à l’origine…

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse, hormis Tokyo qui grappille 0,37% à la cloche. Hong Kong recule de 2,06%, Shanghai perd 1,15% et Séoul abandonne 0,56%. Le future SPX avance de 6 points et l’Europe ouvre en progression de 0,5%. Le rendement du 10 ans US est de retour à 4,0650%, soit un tick de son plus haut récent, c’est à suivre de très près…

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