Gonet: l'actualité des marchés au 20 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,33%, S&P 500 -0,67%, Nasdaq -0,40%, Russell 2000 -1,72%, SOX +0,76%, Eurostoxx +0,21%, SMI -0,89%.

Il semble de plus en plus évident que la Fed et ses faucons restent déterminés à tuer dans l’œuf toute tentative de décollage des indices. Tenez, hier par exemple Wall Street débute sa journée autour de l’équilibre, on apprécie les résultats de sociétés à leur juste valeur, qui sont bons dans l’ensemble (notamment Netflix (NLFX +13,1%), Travelers (TRV +4,4%), United Airlines (UAL +5,0%), et ASML (ASML +6,3%)), les marchés restent plutôt neutres, on est déjà bien montés lundi et mardi, une pause s’impose. Mais c’est sans compter sur Neel Kashkari, le patron de la Fed de Minneapolis, qui déclare qu'il pourrait plaider pour que le taux des Fed Funds dépasse 4,75% s'il ne voit pas d'amélioration de l'inflation sous-jacente ou de base. Ces quelques mots font décoller les rendements obligataires américains, ce qui refroidit les ardeurs des acheteurs en actions. Ceci dit, le repli d’hier reste limité si l’on considère la rapidité de la hausse des rendements, le 10 ans décolle à 4,16% (on n’avait plus vu ce niveau depuis 2008) ainsi que les deux hausses de début de semaine. Neel Kashkari sait probablement ce qu’il fait, ou pas, l’agence Bloomberg nous rapporte qu’il déclare cette nuit que la Fed pourrait éventuellement interrompre ses hausses de taux l'année prochaine, mais qu'elle ne voit aucune preuve de modération de l'inflation de base. Quoi qu’il en soit, le fait que les taux d’intérêts s’envolent coupe l’herbe sous les pieds des bons résultats de sociétés, la suite c’est le marché qui nous la racontera, sa résilience apparente va être mise à l’épreuve aujourd’hui.

L’indice S&P500 (SPX) ne parvient pas à défendre le niveau de 3700 points et clôture 5 points au-dessous. Au chapitre des secteurs, seule l’énergie parvient à gagner du terrain, portée par le rebond du baril de WTI Light Crude, qui revient à 86,99 dollars. La technologie résiste plutôt bien, en reculant de seulement 0,3% grâce aux semi-conducteurs qui progressent de 0,8%. La volatilité progresse légèrement, le VIX gagne 0,89% à 30,76. Notons que le marché des Fed Funds ne modifie guère ses attentes sur les taux d’intérêts après les propos de M. Kashkari. Notons au passage que les taux hypothécaires fixes à 30 ans grimpent à 7,22% aux Etats-Unis, leur plus haut niveau en 20 ans.

En Europe, l’indice Eurostoxx50 parvient à clôturer en légère hausse, grâce à ASML, le numéro un mondial des machines de production de semi-conducteurs décolle de 8% après des résultats et des prévisions plus élevés que prévu. La firme néerlandaise a la plus grosse pondération dans l’Eurostoxx50, avec 8,1%, elle se paie le luxe de précéder LVMH (6,4%).

Sur la partie macro-économique, hier soir la Fed publie son livre beige, qui montre que l'emploi et l'activité économique sont restés forts, mais ont varié selon les districts. Il nous apprend par ailleurs que les perspectives sont devenues plus pessimistes en raison des préoccupations croissantes concernant l'affaiblissement de la demande.

On en parle peu mais la Chine serait-elle en train de penser à envisager l’esquisse de l’idée de relaxer sa politique zéro-covid? L’agence Bloomberg rapporte que les autorités de Pékin débattent de l’opportunité de réduire le temps que les personnes entrant dans le pays doivent passer en quarantaine obligatoire, prévoyant de réduire la période de 7 à 2 jours en hôtel. Les spéculations vont donc bon train sur un allègement de la politique de Pékin à l’égard du Covid, qui pourrait du coup relancer la croissance endommagée du pays, le monde est concerné.

Au Japon, le yen est à l’agonie, il évolue actuellement à 149,96, le niveau de 150 va sans aucun doute être testé, attention aux ordres stop qui pourraient se cacher dans le carnet d’ordres et déclencher une nouvelle vague vendeuse contre la monnaie nipponne, qui évolue désormais à son plus bas niveau depuis 1990 et a retracé 50% depuis son top atteint en 2011.

Au royaume du Muppet Show, la première ministre Liz Truss se rapproche du bord de la falaise. Les conservateurs se révoltent après un vote du Parlement qui provoque des accusations d'intimidation de la part du gouvernement. La ministre de l'Intérieur, Suella Braverman, critique la première ministre après avoir été licenciée en raison d'une faille dans la sécurité ; elle est remplacée par Grant Shapps, qui, jusqu'à récemment, complotait pour évincer Liz Truss. Les ministres du Cabinet ont eu des conversations privées sur la question de savoir si la première ministre doit démissionner, selon l’agence Bloomberg.

Silvio Berlusconi reproche à Volodymyr Zelenskiy d'avoir poussé Vladimir Poutine à la guerre, ce qui lui vaut une réprimande de la part de la future présidente du conseil Giorgia Meloni, qui promet que l'Italie ne sera jamais le «maillon faible» de l'alliance contre l'invasion. M. Zelenskiy demande aux citoyens d'économiser l'électricité après que le gestionnaire du réseau électrique du pays a mis en garde contre des pannes alternées aujourd'hui.

James Bullard s'attend à ce que la banque centrale mette fin à ses hausses de taux agressives au début de l'année prochaine. Charles Evans déclare que la banque centrale pourrait devoir faire plus si les pressions sur les prix s'aggravent.

Au menu macro-économique du jour, nous avons en entrée les prix à la production allemands (sortis au-dessus des attentes), puis on continue aux Etats-Unis avec les nouvelles demandes d'allocations chômage hebdomadaires et l'indice Philly Fed (14h30), suivis des ventes dans l'immobilier ancien et l'indice des indicateurs avancés (16h00).

Pernod Ricard: le groupe vise une croissance «dynamique» en 2022-2023 après un premier trimestre fiscal plutôt bon. Hermès International: le groupe affiche un chiffre d'affaires en hausse de 24,3% au troisième trimestre avec le rebond des ventes en Chine. ABB: le bénéfice d'exploitation est meilleur que prévu par le consensus au troisième trimestre. Alcoa: les résultats du producteur américain d'aluminium déçoivent. Le titre perd 8% hors séance. IBM: les résultats trimestriels sont bien accueillis, avec une action qui gagne près de 3% hors séance. Nokia: le chiffre d'affaires du troisième trimestre est plus élevé que prévu. Tesla: l'accueil est plus que tiède pour les trimestriels, avec une action qui perd 6% hors séance. Altria va recevoir environ 2,7 milliards de dollars de Philip Morris International en échange de la cession des droits exclusifs de commercialisation aux États-Unis du système IQOS. Par ailleurs, Philip Morris relève son offre sur Swedish Match à 116 SEK par action.

Tesla publie ses résultats trimestriels après la clôture manque les attentes sur la partie de son chiffre d’affaires. La firme réitère son intention d'atteindre une croissance annuelle moyenne de 50% des livraisons de véhicules sur un horizon de plusieurs années, elle justifie ses ventes décevantes en citant des goulots d'étranglement au niveau de la livraison et de la production, ce qui incite Elon Musk à assurer aux investisseurs que la demande pour les voitures de son entreprise reste forte, ben voyons…l’action recule de 6,25% dans le marché après-bourse.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo abandonne 0,92% à la cloche, Hong Kong recule de 1,63%, Shanghai perd 0,31% et Séoul se replie de 0,86%. Le future SPX rend 20 points et l’Europe ouvre en recul de 0,3%.

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