Gonet: l'actualité des marchés au 18 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,34%, S&P 500 +2,02%, Nasdaq +2,76%, Russell 2000 +3,19%, SOX +5,01%, Eurostoxx +1,52%, SMI +0,50%.

Wall Street va mieux. Les anticorps développés ces dernières semaines du fait de la violente détérioration du sentiment général fonctionnent depuis quelques séances et, l’air de rien, le Nasdaq100 (NDX) a rebondi de 5% depuis mercredi passé, jour de publication de l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis, qui avait laissé de nombreux taureaux sur leur faim. Le marché, qui voyait tout en noir il y a encore quelques jours, prend doucement conscience que le sentiment des petits porteurs, qui s’est récemment détérioré à son niveau de mars 2020 (bas du covid) est un signal contrariant et donc positif. Et ce n’est pas tout, le niveau de cash du marché a atteint des niveaux très élevés alors que, dans un rapport publié hier, Bank of America nous apprend que les gérants de fonds US n’ont pas été aussi sous-pondérés en actions depuis mai 2020. Du côté des valorisations, ce matin c’est l’agence Bloomberg qui remet les ours à leur place en rappelant que «la prime de valorisation relative des valeurs technologiques par rapport aux valeurs de consommation a chuté. L'indice mondial MSCI des technologies de l'information se négocie désormais à environ 20 fois les bénéfices futurs, un niveau similaire à celui de ses homologues de la consommation de base». Les bonnes nouvelles, ça vole rarement en escadrille, et bien hier fait exception car le secteur technologique global est bien aidé par ses pairs chinois. Les perspectives semblent s’éclaircir pour les valeurs technologiques chinoises, les traders et les analystes améliorant leurs vues sur ce segment. L'indice Hang Seng Tech (HSI Tech) clôture en hausse de 5,78% hier, les 30 valeurs le composant terminant toutes dans le vert. Cette hausse intervient après que JP Morgan Chase a révisé ses perspectives à un an sur les valeurs technologiques chinoises, faisant passer 11 valeurs en surpondération et 11 autres en territoire neutre. On pourrait presque souscrire à la théorie du complot, quelques heures plus tard, c’est au tour du vice premier ministre chinois de faire les yeux doux aux technologiques de son pays. Cerise sur le gâteau, l’annonce que Hong Kong va annuler les mesures de distanciation sociale demain, rouvrir les bars et prolonger les heures d’ouverture des restaurants, malgré l’enregistrement de centaines de nouveaux cas de covid chaque jour.

On ne le dira jamais assez, le seul et unique chef d’orchestre du marché s’appelle sentiment. Ce dernier prend deux formes, jamais en même temps, la cupidité ou la peur. Cette dernière s’était installée dans les esprits depuis quelques semaines, une tentative de putsch est en cours, qui fait grand bien à tous les taureaux de la planète. À ce propos, hier le marché est fort aise d’apprendre que les ventes au détail se portent bien aux Etats-Unis, malgré l’inflation. Deux géants de la consommation publient leurs résultats avec des fortunes diverses. Home Depot bat les attentes au premier trimestre et relève sa guidance, ce qui relève de l’excellente nouvelle pour la consommation des ménages, le titre gagne 1,69% en séance et clôture juste au-dessus de 300 dollars par action. Home Depot nous montre donc que le consommateur américain est résilient, malgré les craintes ambiantes de récession. Chez Wal Mart en revanche, ça ne se passe pas comme prévu. Les résultats déçoivent, le titre chute de 11% et le détaillant indique que certains consommateurs se tournent vers des marques de distributeur moins chères dans les épiceries, mais que dans le même temps, la demande pour certains articles haut de gamme comme les consoles de jeux vidéo est en hausse. Certaines classes sociales semblent donc plus touchées par l’inflation que d’autres.

Hier soir, le marché doit aussi entendre les propos de Jerome Powell, qui restent très «faucons», le patron de la  Fed allant même jusqu’à dire que la Réserve Fédérale n’hésitera pas aller au-delà des niveaux neutres sur les taux si l’inflation reste élevée. Un marché fragile aurait chuté sur cette déclaration, rien de tout cela à signaler hier soir, les investisseurs se sont probablement faits à l’idée que l’argent gratuit relève des livres d’histoire.

On revient au marché avec des indices qui terminent leur journée au plus haut de la séance. L’indice S&P500 (SPX) s’éloigne des 4000 points et se rapproche de sa résistance de 4114, clôture à 4088 points. Le Nasdaq100 (NDX) termine sa journée à 12564 points, son prochain niveau de résistance important se situe à 12900 points. Le marché obligataire se comporte logiquement, les rendements remontent suite aux ventes au détail et dans une ambiance de retour de l’appétit au risque. Le 10 ans US évolue ce matin à 2,97%. Le dollar perd du terrain, la paire EUR/USD repasse au-dessus de 1,0500. L’or vient chatouiller sa résistance de 1835 dollars par once hier et se replie, ce matin à 1811 dollars. Le pétrole est freiné dans sa hausse après que l’on ait appris que l’Union Européenne pense à ne plus forcément imposer un embargo sur l’or noir russe mais plutôt à imposer des taxes, ce qui serait plus facile et rapide à implémenter. La volatilité se replie, le VIX perd 5% à 26,10, niveau qui reste élevé et nous rappelle de ne pas baisser la garde, le marché va certes mieux mais l’environnement actuel est propice aux traders, les trous d’airs potentiels sont encore nombreux devant nous.

Notez que les petites et moyennes capitalisations font mieux que le NDX, le Russell2000 (RTY) décollant de plus de 3% hier, l’armée continue de montrer le chemin vers le haut de la colline aux généraux, qui la suivent de bon gré ces jours.

La Russie se dirige vers une récession dans un contexte de prix élevés des matières premières et de sanctions qui pèsent sur l'économie, déclare le ministère de l'économie, selon l’agence Tass. Le PIB se contractera de 7,8% cette année et de 0,7% en 2023. L'administration Biden s'apprête à bloquer totalement la capacité de la Russie à payer les détenteurs d'obligations américaines après l'expiration d'un délai la semaine prochaine, ce qui augmente la probabilité d'un défaut de paiement.

L'UE proposera l'émission d'une dette commune et étudiera la possibilité d'utiliser le produit des actifs saisis auprès des personnes sanctionnées pour financer la reconstruction de l'Ukraine, selon un projet. La demande d'adhésion de l'Ukraine à l'UE sera une priorité absolue pour la République tchèque lorsqu'elle prendra la présidence tournante de l'Union à partir de juillet, déclare le ministre des affaires étrangères Jan Lipavsky. La Suède et la Finlande doivent soumettre leurs demandes d'adhésion à l'OTAN aujourd'hui.

L'indice des prix à la consommation d'avril dans l'UE est attendu à 11h00, avant à 14h30 les chiffres des mises en chantier et des permis de construire d'avril aux Etats-Unis. Ce matin, le Japon a annoncé une contraction de son PIB au premier trimestre, un ralentissement plus violent que prévu.

Barry Callebaut: Baader Helvea passe d'accumuler à alléger en visant 2300 francs. Logitech: UBS passe de neutre à achat en visant 73 francs. Repsol: HSBC passe de conserver à acheter en visant 16,70 euros. Sonova: J.P. Morgan réduit son objectif de cours de 399 à 346 francs. Zalando: Baader Helvea passe d'acheter à accumuler en visant 41 euros. Netflix licencie pour faire face au ralentissement de sa croissance. Les actionnaires de JPMorgan Chase ne soutiennent qu'à 31% la rémunération du président Jamie Dimon. Les actionnaires d'Intel avaient fait pareil la semaine précédente. Facebook (Meta Platforms) fête ses 10 ans de bourse. Sika ouvre une nouvelle usine en Bolivie.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, à l’exception de Hong Kong et Shanghai, qui se replient légèrement de 0,10% et 0,25%. Tokyo gagne 0,94% à la cloche alors que Séoul grappille 0,21%. Le future SPX rend 14 petits points et l’Europe ouvre autour de l’équilibre.

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