Gonet: l'actualité des marchés au 13 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,33%, S&P 500 -0,12%, Nasdaq +0,06%, Russell 2000 +1,24%, SOX +0,54%, Eurostoxx -0,94%, SMI -0,41%.

Wall Street pose les bases d’un rebond potentiel. À première vue, la journée d’hier n’a rien d’extraordinaire si l’on se borne à regarder la progression des indices en clôture. C’est aller un peu vite en besogne en ce vendredi matin ensoleillé. L’indice S&P500 (SPX) se retrouve en baisse de 1,9% en cours de séance et parvient à récupérer la quasi-totalité du repli à la cloche. À -1,9%, le SPX évolue à 3860 points, se rapproche dangereusement de son territoire de «bear market» et se retrouve en vue de son important support de 3815 points (38,2% de retracement Fibonnacci de la hausse post covid). Clôture à 3930 points et un gros ouf de soulagement dans le camps des taureaux, des couvertures massives de shorts sont passées par là.

La clôture du Nasdaq100 (NDX) est également légèrement négative (-0,18%), alors que son grand frère le Nasdaq Composite parvient à grappiller 0,06% sur la journée. Là où cela devient intéressant, c’est lorsqu’on regarde la performance du jour des 5 titres qui avaient contribué à 57% de la baisse du NDX de mercredi. Ces 5 salopards donc, Microsoft, Apple, Amazon, Nvidia et Tesla continuent de souffrir, à l’exception notable d’Amazon, qui gagne 1,48% à la cloche, portée par une tentative de rebond de certaines valeurs du e-commerce, portée aussi par des chasses aux bonnes affaires autour d’un titre qui avait perdu 44% depuis son récent top, qui avait effacé la totalité de ses gains covid et qui reste surtout très compétitif dans son métier de base, tout en dominant encore et toujours le business du cloud avec 33% de parts de marché. Pour revenir à nos moutons, Microsoft perd 1,99%, Apple recule de 2,69%, Nvidia rend 2,74% et Tesla se replie de 0,81%. On connait le poids de ces titres dans l’indice. Et bien malgré leur repli, le NDX parvient à clôturer quasiment à l’équilibre, ce qui indique que de nombreuses autres valeurs terminent la séance dans le vert. À ce propos, l’indice Russell2000 (RTY), des 2000 plus petites capitalisations boursières cotées au NYSE, progresse de plus de 1% sur la journée, l’armée semble donc en train de monter sur la colline, elle montre la voie aux généraux.

Depuis le début de l’année le SPX est en repli de 17,54%. Il traite désormais à 16,8 fois ses bénéfices estimés à 12 mois, soit à un discount de 10% par rapport à la moyenne de ces cinq dernières années, ou pile en ligne avec la moyenne des dix dernières années. Il faut bien réaliser que le P/E (Price / Earning ratio) actuel du SPX traite à un discount de 21% par rapport à son niveau du 1er janvier. Malgré ce retour à la quasi normale en termes de valorisation, on sent bien que le marché manque de conviction, ou de courage, pour revenir massivement dans l’indice. On peut comprendre que l’appétit au risque ne revienne pas d’un claquement de doigts, le sentiment du marché, surtout celui des petits porteurs, s’est tellement détérioré ces derniers temps qu’il faudra probablement un peu de temps aux taureaux pour revenir en force taquiner les ours. Mais le contexte est en train d’évoluer, qui pose les bases d’un rebond potentiel, autant au niveau sentiment, technique, que de valorisations. Le thème de l’inflation reste au premier plan, celui de la croissance qui en découle aussi, alors que l’évolution des taux obligataires influence grandement le prix des actions.

À ce propos, le rendement de l’emprunt US à 10 ans semble se calmer et se maintient à 2,89%. Le pétrole repart à la hausse, le baril de WTI Light Crude revient à 106,97 dollars, tandis que l’or reste faible, l’once traite ce matin à 1823 dollars et teste donc son important support de 1830 dollars. Le prochain niveau se situe à 1810 dollars, puis 1800 dollars et 1750 dollars. Le problème de l’or réside dans le retour en territoire positif des taux réels américains, qui lui enlèvent de facto l’argument de l’absence de coût d’opportunité. La force persistante du dollar n’aide pas non plus, la paire EUR/USD traite à 1,0401 ce matin.

Jerome Powell reconnait avoir été en retard dans le resserrement de la politique, déclarant: «Il aurait probablement été préférable pour nous de relever les taux un peu plus tôt». Lui et Mary Daly, patronne de la Fed de San Francisco, réitèrent leur soutien à une hausse des taux de 50 points de base à chacune des deux prochaines réunions. Powell s’exprime après que le Sénat a voté pour le confirmer dans ses fonctions de président de la Fed pour un second mandat de quatre ans, à l'issue d'un vote inhabituellement bipartisan (80-19). Le message délivré par Jerome Powell hier est important pour le marché, le boss de la Fed nous dit en substance que la Réserve Fédérale ne lâchera rien dans son combat contre l’inflation, mais il répète qu’une hausse de 75 points de base en juin n’est pas dans les cartes, tout en sortant le mot «douleur» de son chapeau, douleur de croissance, souffrons un peu aujourd’hui pour moins souffrir demain nous dit-il. Un message important à deux titres. Premièrement il a le mérite de clarifier le point de vue du premier banquier central de la planète. En parallèle, le fait que les indices n’aient pas cillé suite au discours indique une capacité de résilience certaine et probablement sous-estimée, Jerome Powell a tout de même parlé de «mettre les marchés financiers et l’économie sous pression».

Selon l’agence Bloomberg, les valorisations des banques européennes ont tellement baissé qu'un grand nombre de mauvaises nouvelles pourraient déjà être prises en compte. Le ratio PE à terme de l'indice Stoxx 600 Banks est tombé à près de 7 fois, un niveau qui n'a été dépassé que deux fois au cours des 10 dernières années. Les banques européennes sont devenues un indicateur des craintes de récession, l'indice ayant baissé de 24% depuis qu'il a atteint un sommet de plus de trois ans le 10 février.

En Chine, les officiels démentent un projet de confinement de Pékin, celles de Shanghai ont bon espoir d'avoir évité la propagation du coronavirus d'ici la mi-mai. I

La production industrielle européenne de mars sera publiée à 11h00 et l'indice de confiance des consommateurs américains à 16h00.

Logitech: Julius Baer passe de conserver à acheter en visant 75 francs. Roche: Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 360 francs. TotalEnergies: Berenberg passe de conserver à acheter en visant 58 euros. Deutsche Telekom: l'opérateur revoit ses prévisions à la hausse et le bénéfice net du premier trimestre dépasse les estimations. Softbank: le titre gagne 10% à Tokyo malgré des pertes colossales. Nissan estime qu'il est trop tôt pour décider d'une éventuelle scission de sa branche électrique à l'instar de Renault. Adecco finalise le rachat d'Akka.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en bonne hausse. Tokyo gagne 2,64% à la cloche, Hong Kong progresse de 2,48%, Shanghai avance de 0,89% et Séoul monte de 2,12%. Le future SPX est en hausse d’un peu moins de 1% et l’Europe ouvre en progression de 0,9%. Nous verrons bien ce matin si la demande en protection contre des chutes d’indices reste présente, la volatilité, même si elle peu évolué hier, est encore élevée, disons que le patient va mieux mais qu’il reste en observation continue. Même le marché des crypto monnaies semble se calmer, le comportement de Wall Street hier est encourageant, il doit maintenant être confirmé.

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