Gonet: l'actualité des marchés au 12 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,02%, S&P 500 -1,65%, Nasdaq -3,18%, Russell 2000 -2,48%, SOX -3,04%, Eurostoxx +2,62%, SMI +0,10%.

Wall Street poursuit son grand nettoyage de printemps, les petits porteurs quittent le bateau en masse, éternel et impitoyable cycle boursier. Le marché espérait un rapport américain sur l’inflation encourageant, c’est raté. L’indice des prix à la consommation au mois d’avril progresse de 8,3% sur base annuelle et de 0,3% de mois en mois, c’est un peu plus qu’escompté mais un peu moins qu’en mars, je vous laisse décider qu’en conclure. La partie «cœur», détachée de la nourriture et de l’énergie, fait tâche en gagnant 0,6% depuis mars, les économistes prédisaient 0,4%. Et puis si l’on décortique l’inflation par secteurs, là encore un malaise subsiste, notamment au niveau des logements, dont les prix augmentent de 0,5% en un petit mois, alors que le coût des transports décolle de 3,1%. Il ressort aussi de ce rapport que les prix des biens sont en train de ralentir, mais que les services prennent (malheureusement) le relais de la hausse. Il semble donc prématuré de décréter que l’inflation a atteint son pic. C’est pourtant peut-être le cas mais le marché a bien compris que la Fed n’est pas prête de baisser la garde dans son combat contre l’augmentation du niveau des prix, la question de la croissance reste donc ouverte dans les esprits.

Malgré une tentative initiale de tenir les niveaux de la veille, les indices d’actions prennent finalement la direction du sud, entrainés par les valeurs technologiques. Voyez plutôt, les 5 plus importantes contributions à la baisse du Nasdaq100 (NDX) sont apportées par, dans l’ordre, Apple (-5% ou 85 points d’indice), Tesla (-8% / 44 points), Microsoft (-3% / 43 points), Amazon (-3% / 23 points) et Nvidia (-5% / 22 points), ce qui nous fait un total de 217 points sur les 378 du jour. Ces 5 firmes contribuent donc à 57% de la baisse du NDX hier. Et elles ont toutes (ou presque, il y a un vilain petit canard dans l’équipe que je ne citerai pas, Elon M. pourrait en prendre ombrage) en commun d’être des sociétés de qualité, qui deviennent chaque jour un peu moins chères. Un des rares secteurs à s’en sortir hier est celui de l’énergie, qui bénéficie du rebond du pétrole (le baril de WTI Light Crude revient à 103,20 dollars) et d’un retour des investisseurs dans les thèmes qui fonctionnaient encore il y a quelques jours.

Le dollar se retrouve assez logiquement en bonne posture et passe en-dessous de 1,0500 contre euro. Sur le front de la volatilité, c’est plutôt calme même si les niveaux actuels sont élevés. Le VIX et le VXN (volatilité du Nasdaq) ne bougent quasiment pas hier, c’est intéressant et à suivre. L’or se stabilise à 1845 dollars l’once. Quant au rendement de l’emprunt US à 10 ans, après quelques tergiversations il se met à reculer et revient ce matin à 2,82%, lundi il évoluait à 3,20%. Le 2 ans US, plus concerné que les autres échéances, décolle dans un premier temps à 2,74%, ce matin il évolue à 2,58%, il est donc en baisse par rapport au niveau d’avant la publication du chiffre de l’inflation. Le marché obligataire ne s’emballe donc pas du tout.

C’est un tout autre scénario que nous réservent les crypto-monnaies, qui s’effondrent. Ce matin c’est les soldes sur le Bitcoin, qui se négocie à 25’400 dollars. Le fait est que les petits porteurs ont commencé à jeter l’éponge et que ce phénomène s’accélère. Si l’on se penche sur le sentiment du marché, on constate que l’écart de perception entre «smart money» (les investisseurs institutionnels) et «dumb money» (les petits porteurs) a atteint un niveau extrêmement rare de plus de 60%. Dumb money est arrivée à un niveau de pessimisme que l’on observe lors de récessions, ou de bas de marché. Le sentiment actuel est le 4e pire depuis 1998, il est au même niveau qu’au plus fort de la pandémie (boursière) en mars 2020. Historiquement, le marché est plus haut 2 à 6 mois après une telle configuration. Ajoutez à cela le NDX, qui a retracé près de 50% de sa hausse post covid, et le S&P500 (SPX) qui n’est plus très loin de son 38,2% et vous obtenez un contexte propice à un rebond. Vous doutez? Relisez Warren Buffet, il doit ronronner d’aise en ce moment le vieux sage. Les valorisations du NDX reviennent globalement à des niveaux moyens historiques, à suivre de près.

L'Allemagne peut supporter une interdiction du gaz russe cet hiver à condition de réduire sa consommation, de remplir ses réservoirs de stockage et de faire avancer ses projets de GNL, déclare le ministre de l'économie Robert Habeck à la WirtschaftsWoche. Mario Draghi indique que les entreprises européennes pourront payer le gaz en roubles sans enfreindre les sanctions, rejetant apparemment les conseils contraires de l'UE. Pourtant, l'UE n'a pas encore donné d'instructions précises sur les paiements.

Le patron de la Fed de Saint-Louis, James Bullard, et Raphael Bostic, de la Fed d'Atlanta, réitèrent leur soutien à des hausses de 50 points de base en juin et juillet. Le Sénat confirme l'économiste Philip Jefferson en tant que gouverneur de la Fed, ajoutant ainsi un troisième candidat du président Joe Biden au board, et la filiale de Dallas nomme Lorie Logan comme sa prochaine présidente, à compter du 22 août. Le Sénat devrait voter sur la nomination de Jerome Powell cet après-midi.

Aux Etats-Unis, les inscriptions hebdomadaires au chômage et l'indice des prix à la production seront publiés à 14h30.

Crédit Suisse: Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 7,30 à 6,90 francs. Meyer Burger: UBS passe d'achat à neutre en visant 0,46 franc. Roche: Julius Baer réduit son objectif de cours de 400 à 360 francs. UBS: Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 22 à 24 francs. Zur Rose: Baader Helvea passe d'accumuler à acheter en visant 140 francs. STMicroelectronics publie ses objectifs de moyen terme lors d'une journée investisseurs: à horizon 2025-2027, le groupe vise 20 milliards de dollars de revenus annuels, un taux de marge brute d'environ 50% et une marge d'exploitation supérieure à 30%. Allianz: maintient son objectif de bénéfice d'exploitation pour l'année entière. Telefonica: les résultats du premier trimestre sont supérieurs aux attentes. Walt Disney Company: le nombre d'abonnés à Disney+ est plus élevé que prévu, mais les résultats sont en berne. Zurich Insurance: les objectifs 2022 seront dépassés. La capitalisation d'Aramco dépasse cette d'Apple. Vodafone négocierait une fusion de ses activités au Royaume-Uni avec son rival local Three UK, rapporte le Financial Times. La SEC enquête sur la façon dont Elon Musk a bâti sa position initiale dans Twitter, selon le WSJ.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices se replient dans le sillage de Wall Street. Tokyo perd 1,77% à la cloche, Hong Kong rend 1,86%, Shanghai abandonne 0,09% et Séoul baisse de 1,63%. Le future SPX rend encore 17 points et l’Europe ouvre en baisse de 2,2%.

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