Gonet: l'actualité des marchés au 16 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,00%, S&P 500 +1,46%, Nasdaq +2,50%, Russell 2000 +1,36%, SOX +1,77%, Eurostoxx +1,64%, SMI +0,79%.

Les banques centrales font feu de partout, c’est à se demander si elles ne se concertent pas ces jours, ce qui leur arrive parfois. En y réfléchissant, cela prendrait du sens, de nombreux investisseurs les accusent d’être beaucoup trop réactives et de s’être laissées dépasser par les courbes de taux. Hier est jour de Fed mais pas seulement, la BCE s’invite aux «festivités» et annonce qu’elle sera désormais flexible sur le réinvestissement du PEPP (pandemic emergency purchase programme) afin de maintenir les spreads entre les dettes des différents pays de l’Union à des niveaux raisonnables (rien de vraiment nouveau). La Banque Centrale Européenne travaille aussi à la mise en place d’un outil spécifique pour lutter contre l’écartement des spreads. Le marché hésite dans un premier temps quant à la réaction à adopter, mais il semble finalement que la BCE ait convaincu le plus grand nombre, le spread entre les rendements des dettes Italienne et Allemande à 10 ans se replie de 242 points de base hier matin à 211 bp ce matin, à suivre. Cette nuit, la Banque du Brésil relève ses taux, c’est la 11e fois de suite, le taux directeur atteint 13,25%. Et ce matin nous aurons droit à la Banque Nationale Suisse (BNS) à 9h30, le marché n’attend pas de changement, les taux devraient donc se maintenir à -0,75%, on est pas vraiment au Brésil là… à 13h ce sera le tour de la Banque d’Angleterre, dans ce cas les économistes prédisent une hausse de 25 points de base à 1,25%. Il y a deux nuits, la Banque du Japon s’est à nouveau émue de la faiblesse du yen, qui évolue à 134,60 contre le dollar, en gros à un plus bas en 20 ans. Le problème, c’est que la BoJ ne semble pas savoir que faire pour endiguer cette spirale baissière.

Que de banques centrales à l’horizon! La première d’entre elles nous annonce sa décision de politique monétaire hier soir, en relevant comme (très récemment) prévu ses taux de 75 points de base. Le loyer de l’argent coûte donc désormais 1,5% à 1,75% aux Etats-Unis et, même si elle était attendue, la hausse d’hier est rare et violente, on n’avait plus vu un tel mouvement depuis 1994. Le patron de la Fed, Jerome Powell, même s’il a revêtu un costume de père fouettard depuis quelques temps déjà, trouve les mots pour ne pas trop effrayer le marché. Powell nous explique que la Fed dispose des outils et de la volonté pour renvoyer l’inflation à ses études, ce qui plait aux intervenants d’une certaine façon, on commence à se dire dans les salles de marchés que la Fed reprend la main, tout comme la BCE et quelques-unes de leurs consœurs. Et c’est probablement là que la différence pourrait se faire: au-delà de l’efficacité de leurs actions, la perception du marché que les banques centrales reprennent fermement la barre est fondamentale, les prochaines semaines nous diront si c’est réellement le cas. Jerome Powell nous dit aussi que l’inflation a surpris vers le haut (plus aucune mention d’une «inflation transitoire») et qu’elle pourrait continuer dans ce sens. Rien de très rassurant ici, mais le boss de la Fed ajoute que les dépenses de consommation sont bonnes et qu’il ne voit pas de signe de ralentissement large de la croissance économique.

Résultat des courses, le marché des Fed Funds se calme quelque peu et attend désormais 2,6 hausses de 25 points de base en juillet et 2,3 en septembre, avant la Fed ses prévisions étaient plus agressives. La volatilité recule de 9,4%, le VIX clôture légèrement en-dessous de 30. Le dollar se replie, l’or reprend des couleurs et les rendements obligataires reculent. Je vous donne les niveaux un peu plus bas, c’est déjà en train de se retourner, du moins un peu. L’indice S&P500 (SPX) termine sa journée au même niveau que celui où il évoluait avant la Fed, ce qui nous indique que la hausse d’hier est surtout technique, marquée par une situation survendue après 5 séances de baisse et 10% de repli, ainsi que des couvertures de positions shorts. Le breadth (l’écart entre les titres clôturant en hausse par rapport à ceux en baisse) est excellent avec 3 contre 1 sur le NYSE, le podium du jour du SPX se compose de la consommation discrétionnaire, des REITs et des services de communication, tandis que le seul secteur à reculer sur la séance est l’énergie, probablement le plus gros «crowded trade» du moment. Les FAANGs sont activement recherchées, l’indice NYFANG décolle de 3,66%. Sur le front du marché obligataire, la courbe des taux US se pentifie à nouveau et plutôt agressivement, ce qui est encourageant.

Les résultats de sociétés sont de plus en plus considérés comme le prochain vent contraire potentiel, car de nombreux analystes s'attendent à de nouvelles révisions à la baisse en raison de la force du dollar comme facteur défavorable aux revenus. Bernstein souligne qu'il y a actuellement une dislocation inhabituelle entre la chute des marchés boursiers et les perspectives de bénéfices positives. Ce n'est que deux fois au cours des trois dernières décennies que les prévisions de croissance des bénéfices sont restées positives alors que les actions chutaient. À suivre…

Olaf Scholz, Emmanuel Macron et Mario Draghi prévoient de se rendre à Kiev aujourd'hui pour des entretiens avec Volodymyr Zelenskiy. Les hauts fonctionnaires européens estiment qu'il y a peu de chances que la Russie parvienne à un accord permettant à l'Ukraine de reprendre ses exportations cruciales de céréales.

Dans la série, «soirée disco chez Boris», les projecteurs du partygate sont de nouveau braqués sur le pays. Le conseiller en éthique de Boris Johnson (il avait donc un conseiller en éthique…) démissionne, un jour après avoir suggéré que le Premier ministre avait enfreint le code ministériel. En réponse au fait qu'il a failli être évincé du pouvoir la semaine dernière, le Premier ministre redouble d'efforts dans ses politiques les plus controversées. Les conseillers sont encouragés à proposer des idées pour démarquer les Tories, selon des personnes familières.

La Banque nationale suisse (9h30) et la Banque d'Angleterre (13h00) annoncent leurs décisions sur les taux d’intérêts. Aux Etats-Unis à 14h30, nous suivrons les inscriptions hebdomadaires au chômage, les permis de construire et  l'indice Philly Fed.

Credit Suisse et UBS sont bien placés pour faire face à l'environnement actuel plus difficile grâce à l'amélioration de leur capital, selon la BNS. Revlon se place sous la protection du chapitre 11. Roche reçoit une autorisation d'utilisation d'urgence pour un test Covid aux USA. Par ailleurs, AC Immune et Roche subissent un échec dans la prévention de la maladie d'Alzheimer.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices sont partagés. Tokyo gagne 0,4% à la cloche, Hong Kong et Shanghai reculent de 1,49% et 0,57% alors que Séoul grappille 0,16%. Le future SPX traitait à l’équilibre à 7h, il perd désormais 0,9% alors que l’Europe ouvre en repli de 0,3%. Le dollar repart à la hausse, la paire EUR/USD évolue à 1,0393. Le rendement du 10 ans US reste en-dessous de ses niveau ante Fed, actuellement à 3,36%, le pétrole a reculé, le baril de WTI Light Crude évolue à 116,32 dollars, l’or se situe à 1826 dollars par once. Le sentiment haussier d’hier soir s’évapore doucement, le marché va avoir besoin de temps pour digérer et accepter ce nouveau scénario monétaire, beaucoup moins reluisant qu’il y a peu.

 

Retour de l’actualité des marchés lundi 20 juin.

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