Le sentiment actuel du marché est en mode «je t’aime moi non plus». «J’y vais, j’y vais pas?». Les acheteurs hésitent tandis que les vendeurs se grattent aussi la tête. Le débat du moment est en train de se déplacer lentement de l’inflation (qui reste d’actualité et de première importance ne nous leurrons pas) vers la croissance. L’OCDE revoit ses prévisions globales à ce sujet de 4,5% à 3,0% pour 2022, de quoi bien chauffer l’ambiance déjà quelque peu délétère. Dans un tel contexte, il en faut peu pour être peureux et le chef d’orchestre du moment est à chercher du côté du rendement de l’emprunt US à 10 ans, qui se maintient au-dessus de 3% (3,02% ce matin) et met la pression sur les sociétés dites de croissance. Le top récent se situe à 3,20%, niveau à ne pas casser trop vite pour ne pas faire fuir les taureaux. En parallèle, le pétrole ne cesse de grimper, le baril de WTI Light Crude traite ce matin à 121,64 dollars, ce qui alimente les craintes déjà bien présentes quant à l’inflation.

Après deux séances de hausses, l’indice S&P500 (SPX) clôture près de son plus bas du jour mais dans des proportions plutôt raisonnables. La volatilité fait du surplace, le dollar s’affaiblit contre euro, la paire revient à 1,0714, l’or se maintient à 1850 dollars par once, tous les secteurs du SPX reculent à l’exception de l’énergie, ce qui ne surprend personne. Le marché manque singulièrement d’inspiration ce qui ne saurait durer, aujourd’hui est jour de BCE, la Banque Centrale Européenne annonce sa décision de politique monétaire. Les économistes s’attendent à ce que l’institut d’émission confirme que les achats nets d'actifs cesseront fin juin (ou peut-être dans la première quinzaine de juillet) et renforce le plan de relèvement des taux lors de ses deux prochaines réunions en juillet et septembre. Demain vendredi sera publié le très important indice américain des prix à la consommation, qui devrait montrer que l'inflation a augmenté en mai par rapport au mois précédent, tout en ralentissant légèrement par rapport à l'année précédente, mais en restant au-dessus du niveau de 8%. Si l'on ajoute l'alimentation et l'énergie, qui devraient être particulièrement fortes compte tenu de la hausse des prix de l'essence et des perturbations des chaînes d'approvisionnement dues à la guerre en Ukraine, le CPI global devrait bondir de 0,7% en glissement mensuel. Et la semaine prochaine ce sera le tour de la Fed de nous annoncer sa décision sur les taux d’intérêts.

Les actions chinoises cotées à Wall Street sont en train de se mettre en orbite. Alibaba gagne 14,67% sur la seule journée d’hier, JD.Com 7,66% tandis que l’ETF KWEB prend 5,81%. Le pendule commence à bouger et le sentiment s'améliore. La Chine essaie «apparemment» d'assouplir les restrictions, ce qui suffit à donner à certains investisseurs la confiance nécessaire pour revenir dans ce segment. Bien que l’on observe l’émergence d’acheteurs, il faut rester très prudent quant à ce mouvement. Une importante partie des volumes de trading sur ces valeurs est générée par couvertures de positions shorts ou par des achats spéculatifs à très court terme, attention au dégonflement potentiel. Les fonds Long Only ne participent pas (encore) à la fête, les rares qui le font privilégient les ETFs aux actions en ligne directe. Les séances à venir seront déterminantes pour ce segment, soit le marché poursuit la hausse et forcera le plus grand nombre à suivre le mouvement, créant un effet boule de neige vers le nord, soit les vendeurs refont rapidement surface et on connait la suite.

L'explosion d'un important terminal d'exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) aux États-Unis entraînera une interruption de l'approvisionnement vital de l'Europe pendant plusieurs semaines. L'installation d'exportation de GNL de Freeport, au Texas, restera fermée pendant au moins trois semaines après l'incendie d'hier. Environ un cinquième de toutes les expéditions de gaz des États-Unis vers l'étranger ont transité par ce terminal le mois dernier. Les prix du gaz américain ont chuté en raison de l'augmentation de l'offre, mais les prix du GNL européen vont probablement augmenter. Ça démarre très fort au Royaume Uni ce matin avec une hausse de 25% du future du gaz naturel.

Shanghai va fermer un district de 2,7 millions d'habitants samedi pour des tests de masse, les résidents devant être confinés chez eux pendant deux semaines si des infections sont découvertes. Certaines maisons des quartiers centraux de la ville ont été scellées pendant deux semaines bien qu'aucun cas n'ait été découvert. Hong Kong isolera quelque 1’000 personnes participant à l'anniversaire de la rétrocession de la ville le 1er juillet, alimentant les spéculations selon lesquelles Xi Jinping assistera aux célébrations.

La décision de la BCE sur ses taux directeurs (13h45) et la conférence de présentation qui suivra (14h30) seront suivies de près. Les inscriptions hebdomadaires au chômage américain seront publiées à 14h30. Ce matin, la Chine a fait état d'exportations plus dynamiques que prévu en mai.

Crédit Suisse: AlphaValue passe d'acheter à accumuler en visant 7,56 francs. TotalEnergies: Credit Suisse démarre le suivi à surperformance en visant 60 euros. Le Parlement européen s'est prononcé en faveur de l'interdiction de la vente de voitures particulières et camionnettes neuves à moteur thermique à compter de 2035 dans l'UE. State Street chute à Wall Street sur des rumeurs de velléités de rachat du Crédit Suisse. Eni rejoindra Exxon, TotalEnergies, Shell, Conoco dans l'expansion du méga GNL au Qatar Volkswagen réfléchit à produire ses propres batteries électriques aux États-Unis, selon Bloomberg. Meta Platforms arrête le développement d'une montre rivale de l'Apple Watch dotée de deux caméras. L'UE homologue le Tecentriq de Roche pour le traitement du cancer du poumon.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent majoritairement dans le rouge. Tokyo grappille 0,04% à la cloche, Hong Kong recule de 1,08%, Shanghai perd 0,78% et Séoul abandonne 0,03%. Le future SPX se replie très légèrement et l’Europe ouvre en repli de 0,5%.