La semaine avait plutôt bien démarré pour les indices d’actions, le sentiment du marché se calmait progressivement, mais hier une nouvelle escadrille de mauvaises nouvelles survole les salles de marchés et sème une jolie pagaille. Les inquiétudes croissantes au sujet de l’état réel de la croissance mondiale infectent le secteur du voyage, la plupart des compagnies aériennes et hôtelières reculent significativement hier et le nouveau confinement partiel de la ville de Shanghai ne rassure pas vraiment. Les yeux des intervenants sont tournés vers Christine Lagarde et la Banque Centrale Européenne (BCE), j’y reviens, et tout le monde ignore le rapport hebdomadaire sur les demandes d’allocations chômage aux Etats-Unis, qui repart fortement à la hausse avec 229'000 demandes soit le chiffre le plus élevé depuis juillet de l’an passé. Le marché et les statistiques économiques remettent donc de plus en plus en doute la capacité de l’économie globale à continuer de croître et, surtout, à ne pas atterrir brutalement (hard landing). En parallèle, la béquille de ces derniers jours (les actions chinoises cotées à Wall Street) prend un jour de congé. L’ETF KWEB chute de 6,7% tandis qu’Alibaba recule de 8,1% après que les autorités chinoises aient démenti vouloir raviver l’IPO d’Ant, la firme de Jack Ma. Ne jetez pas la pierre à BABA ceci dit, elle reste en hausse de 35% depuis son bas du 25 mai.

On le constate, le marché vit un jeudi plutôt compliqué, rien ne l’incite à l’optimisme et le plat de résistance du jour (la BCE) ne fait qu’ajouter de l’huile sur le feu. La Banque Centrale Européenne relève ses prévisions d’inflation et réduit ses perspectives de croissance à court terme. L’institut d’émission guide le marché vers une hausse de 25 points de base en juillet, c’est un peu moins que précédemment attendu, mais la BCE ajoute que «si les perspectives d'inflation à moyen terme persistent ou s'aggravent, une «augmentation plus importante» sera appropriée en septembre». Lisez: la BCE ouvre la porte à une hausse de 50 points de base en septembre et cette décision dépendra des statistiques à venir d’ici là. Nous voici donc face à une BCE colombe à court terme et faucon à moyen terme. On va dire qu’au final le message est un peu plus alarmiste que prévu et c’est là tout ce que le marché retient, qui envoie les rendements obligataires des obligations gouvernementales européennes au ciel. Le 10 ans allemand Bund décolle de 10 points de base et rend 1,45% ce matin, l’OAT français revient à 2,01% et un des mouvements les plus marqués se produit en Italie, où le 10 ans grimpe de 22 points de base d’un coup pour atteindre 3,65%. Cette hausse plus marquée est expliquée par le fait que la dette italienne est perçue par les intervenants comme plus risquée, rappelons-nous que la BCE est restée accommodante très longtemps notamment pour apporter son support au système bancaire italien, en grand besoin de financement.

Il y en a un qui ne profite pas de la BCE hier, c’est l’euro, qui décolle dans un premier temps pour partir finalement vers le sud et traiter à 1,0630 contre dollar ce matin. Au final, ce matin le marché price une probabilité de 200 points de base de hausse d’ici à la fin de l’année.

La volatilité reprend le chemin de la hausse un peu partout, le VIX (volatilité du SPX) récupère 9,35% et clôture à 26,20. On comprend aisément que la nervosité tente un retour, le premier test de la semaine (la BCE) est plutôt raté et aujourd’hui est jour de CPI aux Etats-Unis, le très important indice des prix à la consommation sera publié à 14h30 heure de Genève. Les économistes prédisent une progression de 8,3% d’année en année au mois de mai, ce qui marquerait une stagnation par rapport au chiffre d’avril. Quoi qu’il en soit, tous les yeux de la planète finance seront fixés sur cette statistique ô combien importante aujourd’hui.

Le CAC40 a surperformé les autres grands indices européens pendant la présidence d'Emmanuel Macron, mais un bouleversement lors des élections législatives pourrait entamer le sentiment. Un score élevé de l'alliance de gauche menée par Jean-Luc Mélenchon entraînerait probablement une réaction négative des cours des actions des banques et des valeurs du luxe, selon Alexandre Baradez d'IG France. «Tous les secteurs qui subiraient une hausse des impôts avec l'extrême gauche risquent d'être ciblés», ajoute-t-il.

L'inflation américaine de mai sera donc publiée à 14h30. L'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan est attendue à 16h00. Ce matin, la Chine a fait état d'une inflation de 2,1% en mai, un peu moins élevée que prévu. Les prix à la production chinois sont eux en évolution conforme aux attentes (+6,4%), un rythme inférieur à celui d'avril (+8%).

ABB: Citigroup reste acheteur avec un objectif réduit de 40 à 35 francs. Aryzta: Kepler Cheuvreux passe d'alléger à conserver en visant 1,10 franc. CRH: Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 56 à 46 euros. Holcim: Berenberg reste à la vente avec un objectif de cours réduit de 43 à 42 francs. Saint-Gobain: Berenberg reste à conserver avec un objectif pour réduit de 62 à 60 euros. Swisscom: UBS passe de neutre à vendre en visant 500 francs. State Street dément officiellement son intérêt pour le Crédit Suisse. Le fonds Apollo ferait partie des prétendants potentiels au rachat de la division Grubhub de Just Eat. Ferrari prévoit l'expansion de son usine italienne pour les véhicules électriques.

Après la clôture de Wall Street AMD annonce des prévisions de ventes optimistes et s'attend à un gain de parts de marché. Advanced Micro Devices, le deuxième plus grand fabricant de processeurs d'ordinateurs, s'attend à ce que ses revenus augmentent de 20% par année au cours des trois ou quatre prochaines années, alors qu'il tente de prendre plus de parts de marché à Intel. Le chiffre d'affaires augmentera plus rapidement que le marché plus large des puces, déclare la CEO Lisa Su, lors d'une réunion avec les investisseurs. Et la marge brute, augmentera pour dépasser 57%, annonce-t-elle. Il est toujours intéressant de savoir comment se portent les principaux acteurs du secteur des semi-conducteurs, AMD gagne 1,2% dans le marché après-bourse.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent dans le rouge, à l’exception de Hong Kong et Shanghai qui gagnent 0,05% et 1,40%. Tokyo abandonne 1,49% à la cloche et Séoul perd 1,13%. Le future SPX traite en très légère hausse et l’Europe ouvre en recul de 0,9%.