Gonet: l'actualité des marchés au 12 avril

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,19%, S&P 500 -1,69%, Nasdaq -2,18%, Russell 2000 -0,71%, SOX -2,09%, Eurostoxx -0,49%, SMI +0,17%.

Wall Street semble perdre son latin. C’est un fort vilain début de semaine que vivent les indices américains hier, échaudés par les mauvaises nouvelles provenant de Chine, où l’inflation semble aussi décoller, alors que le covid y paralyse l’économie un peu plus encore. On ne sait trop où se cacher hier, si ce n’est dans le billet vert, les actions dites de valeur surperforment celles de croissance mais pas pour de bonnes raisons. Les mastodontes de la technologie (les FAANGs donc) appuient fort sur la tête des indices, ils ont bien rebondi du 15 au 29 mars, puis se sont pris les pieds dans le tapis. On peut envisager que les investisseurs prennent leurs profits à l’approche des publications de résultats trimestriels. En parallèle, la croissance américaine fait débat, même si les dernières statistiques restent encourageantes. Le marché des actions voit les taux obligataires monter chaque jour un peu plus et cela commence à faire mal à la psyché de tout un chacun. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans grimpe à 2,78% hier (il évoluait à 1,51% en début d’année). Ce matin il se situe à 2,82%, plus rien ne semble capable de l’arrêter avant les 3% symboliques, puis 3,26%, son top du 12 octobre 2018.

Ce qui est plutôt drôle, si vous me passez l’expression en cette période compliquée, c’est que la courbe des taux semble avoir changé de discours depuis quelques séances. La partie 2 à 10 ans n’est plus du tout inversée (+28 points) et la 5 à 10 ans est sur le point de repasser en territoire positif. Lisez: ça se détend significativement du côté du marché obligataire au sujet de la croissance américaine. Comprenne qui pourra, ce qui est certain c’est que le marché des actions a pris le relai de son grand frère obligataire dans le rôle de d’une Cassandre à l’humeur massacrante (qui ceci dit était connue pour sa très grande beauté). Le marché est probablement aussi nerveux car aujourd’hui sera publié l’indice américain des prix à la consommation pour le mois de mars. Les économistes s’attendent à une progression de 8,4% par rapport à mars 2021. Histoire de rassurer tout le monde, la Maison-Blanche averti que l’inflation américaine sera «extraordinairement élevée» en mars…

On l’aura compris, le contexte actuel du marché ne ressemble pas vraiment à l’île aux enfants (ceux qui ne la connaissent pas peuvent retourner sur Tik Tok…ou Facebook). La configuration technique de l’indice S&P500 (SPX) se détériore, il casse ses moyennes mobiles à 200 et 50 jours en clôture. Le Nasdaq100 (NDX) fait de même avec sa 50 jours. Les volumes d’échanges restent mesurés, on est très loin d’une capitulation dans ce domaine. La volatilité en revanche décolle de 15%, le VIX est de retour à 24,37, on recommence à se protéger dans la forteresse actions, probablement la meilleure chose à faire dans ce contexte houleux, ne pas vendre, se protéger en revanche. Les indices terminent la séance au plus bas du jour et cela devrait continuer en début de séance ce matin. Au chapitre des secteurs, les 11 principaux du SPX reculent à la cloche, le podium des parias du jour se composant de l’énergie, de la santé et de la technologie. Mais pourquoi donc la santé? Secteur défensif par essence… Les bancaires parviennent à terminer leur journée à l’équilibre, alléchées par des taux en hausse et à l’approche des publications de leurs résultats trimestriels.

Rendez-vous est donc donné cet après-midi à 14h30 pour la publication de l’indice américain des prix à la consommation. Le marché semble avoir déjà partiellement intégré une déception, attention au retour de flamme chers ours, si le chiffre venait à sortir en-dessous des attentes. La courbe des taux US, qui se pentifie à nouveau, est également à suivre de près.

Ce matin le pétrole tente un rebond, le baril de WTI Light Crude est venu rebondir sur son support de 95 dollars (son plus bas de mars). Il évolue actuellement à 97,20 dollars, c’est aussi un phénomène important pour le marché, il y a peu encore, dès que le pétrole reculait les actions allaient mieux. Aujourd’hui on y ajoute une réflexion quant à la croissance et la demande globale qui recule mais qu’importe, l’or noir en repli implique moins de pressions inflationnistes, à suivre donc.

Petit passage en Europe, où deux indices font de la résistance, Anthony Bondain parle de «village gaulois» dans sa chronique de ce matin. Le CAC40 et le SMI parviennent à terminer leur journée légèrement dans le vert, que dire si ce n’est «chapeau bas»! à Paris ce sont Société Générale, Axa, Total et Sanofi qui portent la cote. SocGen bénéficie par ailleurs de l’annonce de la cession de sa filiale russe Rosbank. Le marché français des actions pense par ailleurs qu’Emmanuel Macron va être reconduit pour un second mandat, ce qui fait écrire à Anthony Bondain que «les investisseurs ont le cœur un peu partout, mais le portefeuille chez Emmanuel Macron. Plus Jupiter que Toutatis, dit-on». En Suisse, le SMI est porté par Roche et Novartis, on continue donc de charger les portefeuilles en valeur défensives, idéalement cotées dans la monnaie la plus solide au monde.

L’or reprend un peu de hauteur, l’once évolue ce matin à 1958 dollars. Après tout la relique barbare reste intéressante en période d’inflation, tout en jouant (parfois) un rôle de valeur refuge. Le dollar est toujours demandé, le Dollar Index teste en ce moment le niveau de 100, s’il le casse il pourrait regarder son top du covid, soit 102,99. La paire EUR/USD évolue à 1,0860, prochain support 1,0850, puis 1,0810.

Le premier ministre polonais prédit que l'Europe va bientôt connaître sa plus grande bataille de chars depuis la Seconde Guerre mondiale, tandis que le chancelier autrichien Karl Nehammer se dit «plutôt pessimiste» sur les perspectives de paix après avoir rencontré Vladimir Poutine à Moscou. Le Pentagone déclare que la guerre va probablement entrer dans une «phase plus longue et très sanglante».

Deux rendez-vous importants aujourd'hui avec l'indice ZEW de confiance des financiers allemands pour avril à 11h00 et les chiffres de l'inflation américaine de mars à 14h30.

Ferrari: Exane BNP Paribas passe de neutre à surperformance en visant 255 euros. Partners Group: Goldman Sachs démarre le suivi à l'achat en visant 1630 francs. STMicroelectronics: Barclays passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 38 euros. Zur Rose: Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 230 à 135 francs. La famille Benetton alliée à Blackstone serait proche d'une offre de retrait pour Atlantia. Les ventes du Sika bondissent de 22% à 2,4 milliards de francs au premier trimestre, dopées par les volumes et les hausses de prix. Givaudan annonce un chiffre d'affaires en croissance de 4,6% au premier trimestre. Honda va investir 64 milliards de dollars en R&D sur la durée pour se renforcer dans l'électrique. Shopify lance une division par dix du nominal de son action. Meta Platforms teste la vente d'objets virtuels dans le métavers.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices sont partagés. Hong Kong et Shanghai progressent de 1,30% et 1,46% tandis que Tokyo rend 1,81% à la cloche et Séoul abandonne 0,98%. Le future SPX se replie de 15 points supplémentaires et l’Europe ouvre en retrait de 1,2%.

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