Wall Street digère ses hausses récentes. Les annonces de la Fed et de son président Jerome Powell sont soigneusement décortiquées par les acteurs du marché. La Réserve fédérale américaine maintient comme prévu ses taux directeurs à leur niveau actuel, proche de zéro, et répète sa volonté de mettre en œuvre l'ensemble de ses outils pour sortir l'économie américaine de l'ornière dans laquelle l'a plongée la crise du coronavirus. Même si le pire semble passé, la Réserve fédérale se place dans l'optique d'une reprise économique lente, qui exigera de maintenir les taux directeurs proches de zéro jusqu’à fin 2022. Le PIB des Etats-Unis devrait chuter de 6,5% cette année, avant un rebond partiel de 5% en 2021, mais il ne devrait retrouver son niveau d'avant la crise que courant 2022, selon les nouvelles projections de la Fed, les premières depuis décembre 2019. Quant au taux de chômage, il devrait s'établir à 9,3% fin 2020 (contre 13,3% en mai), mais sa décrue sera ensuite lente. Le président de la Fed Jerome Powell indique que «nous ne pensons même pas à penser à relever les taux»... Lors de sa conférence de presse, il ajoute que les «mois qui viennent seront cruciaux pour comprendre ce qui se passe vraiment dans l'économie», en insistant que de «grandes incertitudes» pèsent sur l'avenir. La Fed constate que les conditions de financement se sont améliorées ces dernières semaines, en partie grâce à ses actions massives de soutien de l'économie. Toutefois, la pandémie va «peser lourdement» sur l'activité économique, l'emploi et l'inflation à court terme, et elle représente «un risque considérable pour les perspectives économiques sur le moyen terme» aux Etats-Unis, estime la banque centrale.

L’indice S&P500 (SPX) vit une séance agitée, cherchant sa direction après le discours de Jerome Powell. Les intervenants vendent les titres dits de valeur pour revenir dans les actions de croissance. Le Nasdaq Composite clôture en hausse et passe au-dessus des 10'000 points. Le canal haussier entamé par le SPX le 14 mai est remis en cause, à suivre de près. Et que dire du Nasdaq100 (NDX) qui poste son quatrième record historique d’affilée, traite à 20% de prime par rapport à sa moyenne mobile à 200 jours et a un RSI (Relative Strength Index) de 75, on navigue en haute altitude sur cette partie-ci de la cote. À noter que l’indice Eurostoxx est actuellement tenu en respect par sa moyenne mobile à 200 jours, qui se situe à 3388 points (clôture 3293). Après la hausse récente des indices, de nombreux portefeuilles dits «balancés» et dont l’allocation type devrait être de 60% en actions et 40% en obligations sont plutôt passés à une proportion 70/30. Quoi qu’il en soit et quelle que soit la force des vents contraires qui tentent de s’accumuler contre ce marché, les valeurs technologiques n’en ont cure et poursuivent leur marche en direction du ciel. Apple gagne encore 2,6%, Microsoft 3,7% et Tesla 8,97%...Le titre dépasse les 1000 dollars par action, lui qui en valait 177 au plus bas de l’an passé. Elon Musk estime qu'il est temps désormais d'intensifier la production de camions électriques, si l'on en croit un courrier électronique signé du patron de Tesla que Reuters a pu se procurer.

Les taux US reculent, le rendement de l’emprunt à 10 ans revient à 0,71% ce qui pénalise les actions bancaires. Le dollar baisse encore dans un premier temps mais se reprend, le Dollar Index (DXY) traite à 96,38 ce matin, quasiment inchangé par rapport à hier matin. La paire eur/usd vient visiter le niveau de 1,1420 en soirée pour traiter à 1,1359 en ce moment. Le marché du crédit se tend un peu plus et l’or repart à la hausse, l’once casse les 1722 dollars et se situe actuellement à 1730 dollars. Le pétrole stagne, le baril de WTI Light Crude à 38,22 dollars ce matin.

Steve Mnuchin déclare que les États-Unis ont «certainement» besoin de mesures de relance budgétaire supplémentaires, en particulier pour les secteurs du commerce de détail, du voyage et des loisirs. «Nous allons avoir besoin d'une nouvelle législation bipartisane pour injecter plus d'argent dans l'économie», indique le secrétaire au Trésor à un panel du Sénat. En attendant, la Chine sera tenue pour responsable de ne pas avoir averti les autres pays au sujet du virus, affirme Mike Pence à la chaîne Fox. Le vice-président déclare que les États-Unis resteront fermes sur le plan commercial jusqu'à ce que les relations avec la Chine soient rétablies. Un groupe bipartisan de parlementaires américains présente hier un projet de loi visant à fournir plus de 22,8 milliards de dollars d'aide aux fabricants de semi-conducteurs, afin de favoriser la construction d'usines aux Etats-Unis sur fond de rivalité technologique avec la Chine.

Les ministres des finances de la zone euro se réunissent aujourd’hui pour discuter du plan de relance de l'UE et de la succession à la présidence de l'Eurogroupe. Nous suivrons par ailleurs les demandes hebdomadaires d’allocations chômage aux Etats-Unis, le marché s’attend à un chiffre de 1,55 millions de requêtes.

Eli Lilly pourrait disposer d'un traitement spécifique contre le COVID-19 autorisé dès septembre si tout se déroule comme prévu pour l'une des deux thérapies à base d'anticorps qu'il teste actuellement. Selon Reuters, Boeing prévoit de réaliser un premier vol d'essai avec son 737Max à la fin du mois de juin. Volkswagen reporte le lancement de son modèle électrique ID.3 à septembre. Nestlé Health Science s'offre l'américain Vital Proteins, spécialisé dans les suppléments nutritifs, les boissons et les barres de collagène. Les résultats de Starbucks seront plus dégradés que prévu cette année.  Walt Disney prévoit de rouvrir ses parcs mi-juillet, mais en capacité réduite.  Lonza va produire pour Anthos Therapeutics.

Cette nuit et ce matin en Asie, la pression monte sur les indices. Dans un contexte typique post une forte hausse, on aime sortir des histoires inquiétantes. Les sujets du jour sont le chiffre de l’emploi aux Etats-Unis de vendredi passé, qui est remis en question par certains et la peur d’une nouvelle vague de virus. Le marché est probablement simplement en train de digérer sa récente forte hausse. Tokyo clôture en recul de 2,82%, Hong Kong rend 1,62%, Shanghai 0,84% et Séoul 0,86%. Le future SPX baisse de 41 points et l’Europe est indiquée en repli de 2%.