Gonet: l'actualité des marchés au 10 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

3 minutes de lecture

Nasdaq +0,29%, Dow -1,09%, S&P -0,78%, Russell -1,94%, SOX -0,03%, Eurostoxx -1,35%, SMI +0,32%.

Wall Street reprend son souffle et rend un peu de terrain. Toute la cote traite dans le rouge ? Non, un petit segment résiste à l’envahisseur vendeur, la technologie, qui s’était faite discrète lundi, faisant la place aux actions dites de valeur. Hier le Nasdaq reprend ses droits et poste un second record consécutif, porté notamment par Apple qui décolle de 3,1%, la firme à la pomme va produire ses propres puces pour se Macs et probablement sortir l’iPhone 12 en juillet. Nouveau record historique donc pour la société de Tim Cook et signal de vente en prime à la cloche. Signal de vente oui, pas le premier du reste et Apple qui passe devant Microsoft en termes de capitalisation boursière. Afin de mettre en perspective le gouffre abyssal qui sépare Wall Street et le reste du monde, prenez les capitalisations boursières des huit plus grosses entreprises cotées en Europe soit, dans l’ordre, Nestlé, Roche, LVMH, Novartis, L’Oréal, SAP, Novo Nordisk et Royal Dutch, additionnez leurs capitalisations boursières et vous obtenez celle… d’Apple! Nouveau record chez Amazon, signal de vente envoyé par Facebook, qui écoute? L’indice S&P500 (SPX) parvient à s’éloigner de son bas du jour à la cloche, il est actuellement suracheté ce qu’il est capable d’ignorer pendant longtemps cela dit. C’est Advanced Micro Devices (AMD) qui réalise la plus belle performance du jour avec un bond de 6,46%, les bonne nouvelles continuent de tomber pour la petite sœur d’Intel, notamment dans sa collaboration avec Nvidia (NVDA +2,74%) et AWS (Amazon Web Services). Netflix n’est pas en reste, qui grimpe de 3,47%. On peut comprendre cette pause marquée par les indices ex Nasdaq. Les actions cycliques et dépendantes au virus ont mené la charge vers le haut ces semaines passées, une pause s’impose. La plupart des secteurs du SPX reculent hier, hormis la tech donc et aussi les valeurs de la communication. On observe d’importantes prises de bénéfices dans les compagnies aériennes après leur récent décollage et aussi l’annonce par IATA que les sociétés aériennes vont perdre 84 milliards de dollars cette année. Les secteurs de la finance, de l’industrie et de l’énergie pèsent particulièrement sur la cote hier. A noter que la Bourse de New York observe un moment de silence de 8 minutes et 46 secondes, c’est le temps qu’il a fallu à George Floyd pour mourir le 25 mai.

Dans ce contexte de retour (momentané?) de l’aversion au risque, le rendement de l’emprunt US à 10 ans baisse à  0,81% ce matin, ce qui soit dit en passant reste nettement moins que le rendement du dividende actuel du SPX, qui se situe à 1,89%, aussi cher soit-il. Le marché du crédit se tend, les spreads s’écartent, l’or repasse au-dessus des 1700 dollars par once et traite à 1716 dollars ce matin, résistance en vue à 1722 dollars. Le pétrole se maintient à 38,11 dollars le baril de WTI Light Crude, on attend la publication des inventaires hebdomadaires cet après-midi. La volatilité continue de rebondir, l’indice VIX (volatilité du SPX) gagne 7% à 27,57.

On constate que la «fièvre acheteuse» des investisseurs dits «retail» n’est pas retombée. Leur niveau d’activité est le même que celui observé en 1999 et la dernière IPO en date, Vroom (ils ont osé…) décolle de 110% lors de sa première séance de trading. Les petits porteurs ont aussi tendance à venir acheter des titres de sociétés qui se sont mises sous la protection du chapitre 11, ça rappelle un film qui parle d’un loup…

La question qui brûle toutes les lèvres est désormais quid de la suite? Le marché a-t-il atteint son top? La séance d’hier montre que les investisseurs avaient besoin de reprendre leur souffle. Le Nasdaq peut-être pas mais le reste de la cote oui. Le SPX est suracheté, il traite 10% au-dessus de l’objectif moyen de la communauté des analystes, on n’avait plus vu cela depuis 1999, et les indicateurs internes de marché envoient des signaux de vente. Comme les prévisions sont extrêmement compliquées à émettre, surtout en ce qui concerne l’avenir, dans le monde boursier, le passé sert souvent de guide. Sentimentrader vient de publier un article qui a compilé le comportement du marché après que les 4 principaux indices américains (Dow Jones Industrial, S&P500, Nasdaq Composite et Russell2000) aient tous récupéré 75% d’une baisse récente, ce qui est le cas depuis peu. Cette configuration s’est produite 11 fois depuis 1979. Dans 100% des cas, un an plus tard les quatre indices traitaient plus haut. Je vous rappelle que ceci relève du passé et n’augure en rien du futur.

Au registre des ETFs, les derniers flux enregistrés montrent que les entrées redémarrent dans l’ETF SPY, qui réplique le SPX, alors que celles du HYG (haut rendement) ralentissent.

Ça bouge à nouveau sur la partie des monnaies, le dollar reprend sa baisse et l’euro sa hausse, la paire eur/usd traite à 1,1357 ce matin. La volonté de mutualiser la dette sur le vieux continent continue de faire revenir les investisseurs dans la monnaie unique européenne. Du côté du dollar, pas grand-chose ne parle en sa faveur, que ce soit au niveau des taux d’intérêts, l’appétit au risque semble toujours présent et pas grand monde n’attend que la Fed se montre plus confiante ce soir, lors du FOMC, au prétexte des chiffres de l’emploi publiés vendredi passé.

Tiffany reste fermement déterminée à se marier avec LVMH, Temenos voit une reprise au second semestre, Adidas prévoit de consacrer au moins 30% de ses ouvertures de postes aux communautés noires et latinos aux Etats-Unis et va investir  20 millions de dollars dans des programmes transcommunautaires et scolaires. Selon la NZZ, la FINMA enquêterait sur un nouveau cas de blanchiment chez Julius Baer.

Tous les regards se tournent donc vers la décision de la Fed ce soir à 20h heure de Genève.  Aucun changement n'est attendu lors de cette réunion et le marché s’attend à ce que Jerome Powell reste dovish (colombe, accommodant, en faveur de taux d’intérêts bas). L'accent sera mis sur la publication du résumé des projections économiques et des dot plot de la Fed. La Fed mise à part, aujourd’hui nous suivrons les inventaires hebdomadaires du département américain de l’énergie, le discours de Luis de Guindos, vice-président de la BCE, les prévisions économiques de l’OCDE et l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis.

Ce matin des rumeurs circulent dans le marché que la BCE pourrait mettre en place une «bad bank», dans ce contexte les valeurs bancaires périphériques européennes sont à suivre.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement dans le vert avec Tokyo qui grappille 0,15% à la cloche, Hong Kong qui gagne 0,13%, Shanghai qui recule de 0,48% et Séoul qui progresse de 0,31%. Le future SPX progresse de 10 points et l’Europe est indiquée en hausse d’un demi pourcent. Regardez bien le Câble qui traite à 1,2755 ce matin et semble bien parti pour avoir cassé sa résistance de 1,2687 (moyenne mobile à 200 jours).

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