Gonet: l'actualité des marchés au 8 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +2,06%, Dow +3,15%, S&P500 +2,62%, Russell +3,79%, SOX +2,57%, Eurostoxx +3,76%, SMI +1,14%.

Wall Street accélère sa progression vers les sommets, choquée en bien par le rapport sur l’emploi aux Etats-Unis, qui dévoile que l’économie américaine a créé 2.5 millions de jobs au mois de mai, alors que les économistes s’attendaient à 7.5 millions de destructions. Le taux de chômage s’établit à 13,3%, le marché s’attendait à 19%. L’indice S&P500 (SPX) vient tester les 3200 points en séance mais ne parvient pas à les tenir à la cloche. Techniquement, le SPX est en train de se faire de la place pour aller encore plus haut, il a cassé un niveau Fibonacci important (76,4% de retracement de la baisse de février à mars) et à un Gap (un écart) à combler à 3360 points. Il est entré en territoire suracheté depuis plusieurs sessions cela dit. Le Dow Jones revient au-dessus des 27'000 points et le Nasdaq100 (NDX) établit un record historique à la cloche. Apple clôture au plus haut de tous les temps alors que Microsoft est toute proche de son record. Les deux titres envoient des signaux de vente à la cloche. Les volumes d’échanges sont massifs avec 17,4 milliards de titres échangés sur le NYSE (New York Stock Exchange). Au chapitre des secteurs, le thème de la rotation des titres de momentum vers les actions de valeur est toujours d’actualité avec les actions de l’énergie qui profitent du retour en grâce du pétrole. Les autres secteurs leaders du jour sont les valeurs industrielles, immobilières et financières.

Si l’on considère les meilleures performances de la semaine écoulée, on constate que les actions de valeur ont été les grandes gagnantes. Voyez plutôt:  immobilier commercial +47,8%, grands magasins +38,0%, compagnies aériennes +34,1%, services pétroliers +27,2%, cartes de crédit +23,3%, hôtels +20,9%, exploration et production pétrolière +20,5%, voyages +20,1%, autos +19,9%, banques +17,4%.

Les rendements obligataires décollent, les investisseurs délaissant cette classe d’actifs pour se ruer dans les actions. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans avance à 0,90%, il se situait en-dessous des 0,70% il y a encore quelques jours. Cela dit, dans l’absolu ce rendement reste bas. La volatilité recule peu, l’indice VIX (volatilité du SPX) se replie de 5% et revient à 24,52. L’or, valeur refuge par excellence, est délaissé par les intervenants qui l’envoient à 1685 dollars par once. Le métal jaune recule de près de 2,5% sur 5 séances. Autre son de cloche du côté du pétrole, qui poursuit son redressement, notamment après que la Russie et l’Arabie Séoudite ont convaincu l’OPEP+ de prolonger d’un mois les coupes de production. Notez par ailleurs que la tempête tropicale Cristobal perturbe un tiers de la production dans le Golfe du Mexique. Le baril de WTI Light Crude est de retour à 40 dollars. Sur la semaine il progresse de 11,4%.

Si l’on fait un pas en arrière et l’on considère les performances de la semaine écoulée, cela en devient presque choquant. L’indice Eurostoxx décolle de 11%, le CAC40, qui était fort en retard cela dit, bondit de 10,7%. Mêmes performances en Italie et en Espagne. L’Allemagne n’est pas en reste avec un gain de près de 10% et l’indice élargi Stoxx600 gagne 7,1%. La Suisse, toujours sur la retenue, ne gagne que 1,9% (SPI: Swiss Performance Index). Le SMI fait un peu mieux avec une progression de 2,66%. Aux Etats-Unis les principaux indices ne font pas aussi bien que ceux du vieux continent, le SPX progresse de 4,9% et le Nasdaq de 3,4%. On observe cela dit un retour marqué des investisseurs dans les petites capitalisations, l’indice Russell2000 décollant de 8,1%.

Ça bouge aussi pas mal du côté des monnaies la semaine passée avec la confirmation du renforcement de l’Euro, qui bénéficie encore et toujours du discours historique d’Ursula von der Leyen, mais aussi de l’annonce par la BCE (Banque Centrale Européenne) la semaine passée qu’elle augmente son plan de soutien plus que prévu. Angela Merkel et son plan de relance à hauteur de 130 milliards d’euros sont aussi passés par là, résultat l’euro traite à 1,1290 contre le billet vert, contre lequel il s’est apprécié de 1,7% sur la semaine, ce qui est considérable. Même phénomène entre la monnaie unique européenne et le franc suisse, qui perd 1,7% contre l’euro sur 5 séances (je vous laisse conclure l’évolution du taux de change dollar/suisse…). La paire eur/chf traite à 1,0873, objectif technique 1,10 voire un peu plus haut. Le yen s’est déprécié comme le dollar la semaine passée, on est sorti des valeurs refuges. La Livre Sterling a quant à elle réussi le tour de force de s’apprécier contre la plupart des monnaies et notamment le dollar, malgré l’annonce faite par le négociateur en chef de l’UE, Michel Barnier, qu’aucun progrès significatif n’a été réalisé cette semaine et que les négociations dureront au moins jusqu’en octobre. La paire GBP/USD teste sa moyenne mobile à 200 jours pour la troisième fois en quelques semaines, à suivre de près.

La semaine écoulée aura donc été folle, l’appétit au risque est solidement de retour dans les esprits. Ceci dit, les PMIs (directeurs d’achats) s’améliorent partout autour du globe, le rapport US sur l’emploi a fait grand bruit, les banques centrales augmentent encore la voilure et les gouvernements leur emboitent le pas. Ajoutez à cela le fameux TINA (There Is No Alternative…but stocks) et vous obtenez probablement le non moins fameux FOMO (Fear Of Missing Out).

Pour en revenir au rapport américain sur l’emploi, il semble que le PPP ait fonctionné. Le PPP est le Paycheck Protection Program, qui permet aux PME américaines de transformer les prêts qu’elles ont reçus dans le cadre de la crise en dons, pour autant qu’elles réengagent leurs employés laissés sur la touche d’ici la fin juin. La question qui taraude plus d’un est donc de savoir quelle proportion de ces employés réengagés restera en poste après que les prêts aient été annulés.

La tension persiste aux Etats-Unis depuis la mort de George Floyd il y a deux semaines. Les marchés ignorent cela superbement, ce qui étonne plus d’un. Historiquement, Wall Street s’est bien souvent comportée ainsi dans de tels cas. Certes les gens souffrent, certaines entreprises privées sont détruites, quelques jours de commerce sont perdus. Mais il y a peu pou pas de titres à vendre uniquement en raison des troubles publics, ce qui explique pourquoi le marché dans son ensemble a tendance à l'ignorer.

La Chine a vu ses exportations dans le rouge le mois dernier (-3,3% sur an), selon des chiffres publiés par les Douanes. les entreprises peinent à remplir leurs carnets de commandes au moment où leurs principaux clients, en Europe et en Amérique du Nord, sont paralysés à leur tour par le virus. Ironie du sort,  les produits médicaux, dont la Chine reste le principal fournisseur, restent très demandés à l'étranger.  Le géant asiatique a exporté dans le monde 70,6 milliards de masques entre mars et mai, selon un chiffre annoncé dimanche par Pékin lors d'une conférence de presse consacrée à l'épidémie. Conséquence logique de la chute des importations, l'excédent commercial de la Chine s'est accru en mai à 62,9 milliards de dollars (contre 45,3 milliards le mois précédent).

On reparle de fusions et acquisitions (M&A). AstraZeneca aurait contacté Gilead au sujet d'une fusion potentielle, ce qui constituerait le plus gros deal de soins de santé de l'histoire. Gilead valait 96 milliards de dollars à la clôture de la journée de vendredi et est le créateur du remdesivir, un traitement contre le coronavirus. Wirercard perquisitionnée à nouveau et une procédure a été ouverte contre sa direction dans le cadre d'une enquête pour des soupçons de manipulation de marché. Volkswagen envisage de nouvelles réductions de coûts.

La production industrielle allemande ressort plus faible qu’attendu au mois d’avril. On suivra par ailleurs un discours de Christine Lagarde (à partir de 15h45). Aucun indicateur n'est prévu aux Etats-Unis. Ce matin, le Japon a annoncé une contraction de -0,6% de son PIB du premier trimestre 2020, dans le cadre de la dernière lecture de l'indicateur.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement dans le vert avec Tokyo qui grimpe de 1,07% à la cloche, Hong Kong qui traite autour de l’équilibre, Shanghai qui grappille 0,2% et Séoul qui traite juste au-dessus de son point d’équilibre. Le future SPX progresse de 6 points et l’Europe est indiquée en recul de 0,7%

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