Gonet: l'actualité des marchés au 11 août

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,46%, S&P 500 +0,10%, Nasdaq -0,49%, Russell 2000 +0,20%, SOX -1,20%, Eurostoxx +0,26%, SMI +0,41%.

Wall Street cache le coronavirus sous le tapis, se bouche le nez et poursuit sa hausse. C’est une journée en mode «long fleuve tranquille» que passent les principaux indices américains hier. Les volumes d’échanges continuent de fondre et ce n’est pas à cause du rapport du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat). L’indice S&P500 (SPX) poste un nouveau record historique à la cloche, le 45e de l’année il me semble. Le secteur technologique est mis sous pression par les semi-conducteurs, eux-mêmes impactés par la pénurie de puces qui s’aggrave. Les délais de livraison des puces ont augmenté de plus de huit jours par rapport au mois précédent, pour atteindre 20,2 semaines en juillet. Les pénuries de microprocesseurs, utilisés pour contrôler les fonctions dans les voitures, les équipements industriels et l'électronique domestique ont également bondi, avec des délais d'attente qui atteignent désormais 26,5 semaines. Cela se compare à une fourchette typique de six à neuf semaines. Les technologiques souffrent donc, quelque peu s’entend, aussi impactées par les rendements obligataires qui poursuivent leur redressement, le rapport sur l’emploi américain de vendredi continue de produire ses effets. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans traite à 1,37% ce matin. Le podium du jour du SPX se compose de l’énergie (merci le rebond du baril), des materials et des industrielles. Les financières apprécient les mouvements de taux et se joignent à la fête.

Regardons le Dollar Index (DXY) de près. Ce matin il traite à 93,12. Le rapport sur l’emploi US de vendredi lui a permis de confirmer son redressement, il a cassé sa tendance baissière et une Golden Cross (la moyenne mobile à 50 jours traverse la 200 jours à la hausse) s’est récemment produite, qui a envoyé un signal d’achat à travers le monde du trading. La paire eur/usd traite à 1,1711 ce matin, elle regarde désormais dans les yeux son support de 1,1704 (atteint durant la séance du 31 mars), ensuite si ça casse l’objectif technique se situe à 1,1600. En bref, le dollar pète la forme et cela pourrait bien impacter l’or, qui peine à rebondir. L’once traite à 1732 dollars, un dollar fort et des taux obligataires potentiellement orientés vers le nord constitueraient de sacrés vents contraires pour le métal jaune. Le pétrole ne voit pas les choses de la même manière lui, il faut dire qu’il s’est littéralement cassé la figure la semaine passée, on peut attribuer son rebond à des facteurs techniques. Le baril de WTI Light Crude traite à 68,47 dollars ce matin.

Pour en revenir aux actions, les inquiétudes liées au coronavirus continuent de retenir l'attention, mais le marché a actuellement tendance à ignorer la vigueur inquiétante du variant delta, au profit des vaccins et des mesures de relance. Sur le front de la politique monétaire, les faucons de la Fed font les gros titres en nous préparant à la fin de la récré des liquidités, mais le marché semble toujours se concentrer sur une période allant de fin 2021 à début 2022 pour le début effectif du tapering. Le projet de loi sur les infrastructures a été adopté par le Sénat, mais le chemin vers un stimulus fiscal supplémentaire est compliqué par le large fossé entre les progressistes et les modérés. Et puis au niveau micro-économique, la saison du deuxième trimestre est quasiment terminée, elle fut excellente, le marché passe à autre chose.

Et autre chose, à très court terme c’est l’indice des prix à la consommation américain, qui sera publié en début d’après-midi. Rappelons ici que la Fed insiste de dire que l’appréciation du niveau général des prix n’est que temporaire (une sacrée vue de l’esprit quand on se balade dans les rues basses de Genève, qui ne se trouvent pas aux Etats-Unis certes…). Or donc, si le chiffre de ce jour dépasse les attentes, cela mettra de facto de la pression à la Fed pour qu’elle anticipe la fermeture du robinet de liquidités, tant redoutée par les investisseurs.  

Charles Evans n'est pas tout à fait prêt à déclarer qu'il est temps de réduire la voilure de la liquidité. «J'aimerais voir quelques rapports supplémentaires sur l'emploi avant de prendre une décision», déclare le patron de la Fed de Chicago, ajoutant que le point sera probablement fait avant la fin de l'année. Les récentes hausses de prix vont probablement s'inverser, l'inflation de base PCE se situant autour de 2,1% en 2022. Les données publiées cet après-midi pourraient montrer que les prix à la consommation aux États-Unis ont augmenté de 5,3% en juillet, soit un léger ralentissement par rapport à juin. L'indice des prix à la consommation « cœur » (sans la nourriture et l’énergie) devrait reculer à 4,3% selon les prévisions des économistes compilées par l’agence Bloomberg.

Le Royaume-Uni a commandé 35 millions de doses du vaccin Pfizer pour un milliard de livres sterling en vue d'une campagne de rappel à l'automne de l'année prochaine, selon le Times. Joe Biden exhorte les Américains vivant dans des États susceptibles d'être touchés par des ouragans à se faire vacciner. San Francisco exigera que tout le personnel scolaire se fasse vacciner ou se soumette à des tests de dépistage du coronavirus au moins une fois par semaine. AmEx retarde le retour complet de ses employés jusqu'au 11 octobre au moins.

L'État de New York aura sa première femme gouverneur lorsque Kathy Hochul entrera en fonction le 24 août. Hochul, lieutenant-gouverneur depuis 2015, obtient cette promotion après qu'Andrew Cuomo ait cédé à la pression et démissionné avec un préavis de deux semaines plutôt que de faire face à une mise en accusation suite à de multiples allégations de harcèlement sexuel. Sa démission met une fin étonnante à une carrière politique de plusieurs décennies pour quelqu'un qui était autrefois considéré comme un candidat démocrate potentiel à la présidence.

La Chine condamne le Canadien Michael Spavor à 11 ans de prison pour espionnage, une décision visant à démontrer la colère suscitée par la procédure d'extradition à Vancouver contre la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou. La condamnation à mort d'un autre Canadien a été confirmée hier. Le Canada critique les poursuites comme étant arbitraires, tandis que les États-Unis font pression pour la libération des condamnés. Ces affaires ajoutent de la pression sur Justin Trudeau à quelques jours de son projet d'organiser des élections.   

Le plan d'infrastructure américain de 550 milliards de dollars se heurte à des obstacles à la Chambre des représentants après son adoption par le Sénat. Nancy Pelosi annonce qu'elle n'autorisera pas de vote sur ce plan tant que le Sénat n'aura pas adopté un plan économique plus large.

Il sera donc beaucoup question de prix à la consommation aujourd'hui, allemands dès 8h00 (sortis pile en ligne avec les attentes) puis américains à 14h30. Aux Etats-Unis, les stocks pétroliers hebdomadaires seront en outre annoncés à 16h30. Ce matin, Singapour a relevé sa prévision de croissance 2021, dans la fourchette 6 à 7%.

AXA: Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 26,50 à 28 euros. Schindler: Exane BNP Paribas passe de sousperformance à surperformance en visant 355 francs.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo progresse de 0,65% à la cloche, Hong Kong est inchangée, Shanghai grappille 0,13% et Séoul rend 0,70%. Le future SPX traite en léger repli et l’Europe va ouvrir autour de l’équilibre. Rendez-vous à 14h30 pour l’indice US des prix à la consommation.

 

L’actualité des marchés revient lundi 30 août

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