Les actifs risqués résistent à la révision de la politique monétaire

Axel Botte, Ostrum AM

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Les actions se portent bien. La prudence observée en début de semaine dernière a été balayée par la publication de Nvidia.

©Keystone

 

La communication des banques centrales s'est encore durcie depuis la publication des chiffres de l'inflation américaine en janvier. Les procès-verbaux des dernières réunions de la Fed et de la BCE reflètent la prudence des banquiers centraux face aux risques d'inflation qui subsistent. La baisse de l'inflation depuis le pic de 2022 s'explique principalement par la normalisation des chaînes de production mondiales et la baisse des prix de l'énergie.

Les résultats de Nvidia ont rapidement effacé la prudence

La politique monétaire n'influence que la demande, mais les autorités sont impuissantes face aux chocs répétés de l'offre.  La crédibilité des banques centrales serait à nouveau remise en question en cas de chute des prix. Les marchés réviseraient alors à la hausse la trajectoire des taux directeurs. L'aplatissement des courbes de taux s'accompagne d'une légère baisse des anticipations d'inflation à long terme. Les actifs risqués continuent de résister à la hausse commune des taux d'intérêt (T-Note à 4,33%). La performance exceptionnelle des actions en 2024 continue d'être tirée par le cours des valeurs technologiques américaines. Les résultats de Nvidia ont rapidement compensé la prudence du début de semaine. Les indices occidentaux ont progressé de 1 à 2% au cours de la semaine écoulée. Le Nikkei (+16% cette année) a surfé sur la vague baissière du yen (150) et a effacé son record absolu de 1989.

Les banquiers centraux se montrent plus prudents à l'égard de l'inflation

Les discours des membres du FOMC (de Cook, Waller, Jefferson, Harker cette semaine) contrastent avec l'engagement, voire la volonté, de baisser les taux qui prévalait depuis octobre dernier.  Cette prudence retrouvée n'est pas incompatible avec un ralentissement du rythme de réduction du bilan à partir de mars.  Une réduction de moitié du QT donnerait au Trésor américain une marge de manœuvre tout en poursuivant ses efforts de resserrement. Le marché a désormais intégré une trajectoire des taux d'intérêt proche de la médiane des projections du FOMC.

L'hypothèse d'un statu quo se reflète même dans les prix des options sur les contrats à court terme. Sur le plan économique, les ventes de logements se redressent à la marge, comme le laissait présager l'amélioration de la demande de crédit en fin d'année.  Cela devrait attirer l'attention de la Fed compte tenu de l'importance du logement pour l'inflation. Dans la zone euro, les enquêtes ont poursuivi la reprise observée depuis l'automne, à l'exception du secteur manufacturier allemand qui a perdu 3 points à 42,3 en février. Cette faiblesse conjoncturelle s'accompagne d'une surinflation outre-Rhin, qui pourrait durcir la position de Schnabel ou Nagel au sein du Conseil. Cela suggère, contrairement à l'Italie, une certaine inertie dans les décisions de la BCE.

Le revers de la médaille est la faiblesse chronique du yen

Les actifs risqués résistent à la révision de la politique monétaire. Les actions se portent bien, leur début de semaine prudent ayant été balayé par la publication de Nvidia, devenue le baromètre du marché directeur. Cette concentration des performances, couplée à une volatilité réduite, fait craindre une certaine complaisance à l'égard de la classe d'actifs. Le rebond amorcé en octobre ne tient peut-être plus qu'à un fil. Le S&P 500 a franchi la barre des 5’000 points et l'Euro Stoxx 50 a suivi le mouvement vers les 4’900 points. Le retour en grâce du secteur chimique et le rebond des banques sont particulièrement remarquables. Le Nikkei a retrouvé ses plus hauts niveaux depuis 35 ans après l'éclatement de la bulle financière. Le revers de la médaille est la faiblesse chronique du yen.

La demande de produits d'assurance-vie aux États-Unis a un impact sur les taux d'intérêt à long terme

Sur les marchés des taux, le T-Note se stabilise autour de 4,30% en fin de semaine. Le relèvement des perspectives pour les taux courts aplatit la courbe des taux tout en pesant sur les points morts d'inflation à long terme (-2 pb à 251 pb). L'élargissement des spreads sur les MBS se distingue dans un climat particulièrement favorable aux actifs risqués. La demande de produits d'assurance-vie aux États-Unis contribue à atténuer la pression à la hausse sur les taux d'intérêt à long terme. Dans la zone euro, le Bund atteint brièvement 2,50% avant de retomber à 2,40%. Le rendement du Schatz tend vers 2,88%. Cette hausse du taux sans risque resserre les spreads des swaps et ne semble pas avoir d'impact sur les spreads des obligations d'État, d'autant plus que l'activité sur le marché primaire s'est ralentie. Le BTP italien se négocie à 145 pb contre le Bund. En ce qui concerne les crédits, le resserrement s'est poursuivi. Le niveau des spreads par rapport aux swaps est descendu à 83 pb. Le high yield reste très bien valorisé. L'iTraxx XO touche désormais la barre des 300 pb.

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