L’été en avril?

Axel Botte, Ostrum AM

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La BCE peine à convaincre les marchés de sorte que la probabilité d’une baisse dès avril se renforce.

© Keystone

Les marchés financiers refusent d’intégrer le message de Christine Lagarde. La perspective d’une baisse des taux repoussée à l’été ne vaut rien dès lors que l’attention portée aux données reste prépondérante dans le processus de prise de décision de la BCE. Le marché n’a aucune raison d’exclure un geste dès le mois d’avril. Parallèlement, la forte croissance américaine s’accompagne de signaux de stabilisation de l’inflation. Ce scénario en boucle d’or ne semble requérir aucun allègement monétaire même si la Fed confirmera sans doute cette semaine les baisses inscrites dans ses projections de décembre. Dans ce contexte, les rendements obligataires ont baissé et les courbes de taux se sont repentifiées sans préjudice aux actifs risqués (crédit, actions) soutenus par ailleurs par la croissance et quelques publications trimestrielles encourageantes (dont Netflix, LVMH).

Crédit en embellie malgré l'incertitude

La communication de la BCE reste peu convaincante. L’attention portée à l’évolution des données courantes est incompatible avec un engagement calendaire sur les prochains mouvements de taux. En outre, la stagnation continue de l’activité depuis le quatrième trimestre 2022 n’a pas fait disparaitre l’inflation compte tenu des déséquilibres persistants sur le marché du travail. Le scénario de baisse de l’inflation projeté par la BCE, et plus encore par les marchés financiers, risque d’être remis en cause par les perturbations du commerce mondial. L’absence d’unanimité au sein du Conseil entretient aussi l’incertitude quant à la fonction de réaction de la Banque centrale. Aux Etats-Unis, la Fed a prévu un assouplissement avant d’observer une croissance de 3,3% au dernier trimestre. La consommation des ménages progresse au rythme soutenu de 2,8%. Cependant, l’inflation sous-jacente est désormais conforme à l’objectif de la Fed à 1,85% en termes annualisés au second semestre. Baisser les taux alors que la décélération des prix ne semble liée qu’à l’offre de biens serait prématuré, d’autant que les pressions sur les chaines d’approvisionnement réapparaissent. Le rebond de la demande de crédit hypothécaire mesure aussi l’effet de la détente des conditions financières. Les ventes de maisons neuves se redressent en fin d’année. L’investissement logement au quatrième trimestre devrait être révisé à la hausse.

Les résultats sont contrastés sur le S&P 500 quoique majoritairement supérieurs au consensus avec la poursuite de la baisse des profits sur un an dans les secteurs liés à l’énergie.

Les marchés de taux n’abdiquent pas quant à la possibilité d’une baisse des taux dès le mois d’avril. Cette probabilité avait même augmenté à l’issue de la conférence de presse de la BCE. La pente de la courbe de taux allemande s’accentue de 7pb sur son segment 2-10 ans. Le Bund revient sous 2,30% dans l’attente de la finalisation du budget allemand au début de février. Le calendrier d’émissions s’allège ce qui a favorisé la stabilisation du swap spread à 10 ans autour de 45pb. Parallèlement, l’OAT s’échange sous 50pb. L’Italie prévoit d’emprunter 15 milliards d’euros auprès des ménages avec une nouvelle BTP Valore dont le lancement est prévu fin février. Cette source de financement, qui avait totalisé 44 milliards d’euros en 2023, allège d’autant la pression sur le spread du BTP à 10 ans (152pb). Les points morts d’inflation (-3pb) n’ont pas réagi au rebond de 3,5 dollars du baril de brut sur la semaine écoulée. Les tensions en Mer rouge constituent une autre source d’inflation, jusqu’ici ignorée par les marchés financiers. Aux Etats-Unis, le T-note se situe à 4,15% en fin de semaine. La tendance à la pentification perdure. Le spread 2-10 ans a repris 34pb depuis mi-décembre.

Le marché du crédit poursuit son embellie. Le spread moyen sur le crédit Investment Grade (IG) glisse sous le seuil de 90pb contre swap. Les dettes financières et les services d’utilité publique surperforment. Le positionnement acheteur de risque crédit se renforce sur l’iTraxx main. Les émissions primaires sont en retrait par rapport à 2023 et ralentissent à l’approche de la période de publication. Le High Yield est en ligne avec la performance de l’IG sans compression particulière.

Les publications relatives au quatrième trimestre ont débuté. Les résultats sont contrastés sur le S&P 500 quoique majoritairement supérieurs au consensus avec la poursuite de la baisse des profits sur un an dans les secteurs liés à l’énergie. Les profits des financières baissent de 5,8%. Les marchés sont bien orientés. La technologie continue de tirer les indices à la hausse aux Etats-Unis comme en Europe. Le Nikkei bénéficie de la faiblesse du yen pour s’adjuger 6,8% depuis le début de l’année. La bourse chinoise est en retrait.

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