Gonet: l'actualité des marchés au 29 avril

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow +0,40%, S&P 500 +1,02%, Nasdaq +2,03%, Russell +1,05%, SOX +2,61%, Eurostoxx +1,37%, SMI +0,74%.

Les semaines de Wall Street se suivent et ne se ressemblent guère. Celle du 14 avril est marquée par un net repli des indices, mené par les 7 magnifiques qui abandonnent près de mille milliards de dollars de capitalisation boursière. C’est un tout autre scénario que nous réserve la semaine écoulée, ces même 7 récupérant 654 milliards de dollars de poids boursier, sachant qu’il est bien souvent plus aisé de glisser que de rebondir au joyeux royaume des actions. On va évoquer les raisons de ce retour d’appétit au risque, constatons dans un premier temps une nouvelle fois que ces sept-là font décidément la pluie et le beau temps d’indices boursiers désormais totalement dépendants de leurs tribulations boursières.

Depuis deux semaines, les investisseurs et les indices d’actions sont passés en mode «je t’aime, moi non plus». En langage boursier, on appelle cela une consolidation, phénomène qui consiste à envoyer les indices un peu plus bas mais pas trop (moins de 10%, faute de quoi «consolidation» devient de facto «correction»), faute d’inspiration positive, de carburant haussier, de raisons valables de poursuivre la fête en somme. On connait les raisons de ce blues boursier printanier, l’inflation refuse de tirer sa révérence et remet en question le calendrier des baisses de taux de la Fed tant espérées et en partie déjà intégrées dans les prix par les intervenants. Pour mémoire, au début de l’année les plus optimistes prédisaient environ 7 baisses de 25 points de base en 2024, aujourd’hui, ces attentes ont fondu comme neige au soleil, on parle désormais d’une seule coupe, voire de rien du tout, convenez que cela a de quoi gâcher l’ambiance. Les récentes statistiques macro-économiques n’ont rien fait pour mettre du baume au cœur à des colombes sujettes au désarroi. Les indices CPI (Consumer Price Index) et PCE (Personal Consumption Expenditure) ont tous deux montré une inflation légèrement supérieure aux attentes aux Etats-Unis, pire, dans les deux cas elle rebondit. «Cerise sur le gâteau», la dernière publication du PIB a montré une progression nettement moindre qu’anticipé, et les Cassandre de service de nous resservir le terme «stagflation» à toutes les sauces.

Or donc, ce vendredi passé le PCE ressort au-dessus des prévisions. Tout le monde l’attendait, espérant un tout autre résultat de peur que le PCE n’envoie Wall Street au tapis. À la grande surprise de tout un chacun, dès l’annonce les rendements obligataires reculent et les futures d’actions décollent. On se gratte la tête sur les plateaux de télévision, puis l’idée émerge que l’évolution des prix a été gonflée par la révision en hausse des données de janvier et février, ce qui relativise du coup celles de mars, et hop! Tournée générale de soulagement, même si l’inflation reste nettement au-dessus de l’objectif de la Fed.

Les indices clôturent proches de leur plus haut du jour, le S&P500 (SPX) et le Nasdaq100 (NDX) mettent un terme à trois semaines, respectivement quatre de repli incessant. Les mastodontes de la tech font le bouleau des taureaux, sponsorisés pour l’occasion par Alphabet, Microsoft et Nvidia. L’action de la maison mère de Google grimpe de 10% après avoir enregistré un bond de son bénéfice trimestriel et annoncé son premier dividende en espèces. Chez Microsoft, l'intelligence artificielle a soutenu la demande de logiciels et de services en nuage. Son titre progresse de 1,8%. Meta Platforms, la société mère de Facebook, le seul membre des Sept Magnifiques à rendre du terrain la semaine passée, enregistre une hausse de 0,4% vendredi. Les autres membres des Sept Magnifiques - Tesla, Apple, Nvidia et Amazon - rejoignent Alphabet et Microsoft dans leur ascension hebdomadaire. L'un des plus grands perdants de vendredi est Intel, qui chute de 9,2% après avoir annoncé une perte au premier trimestre et des perspectives décevantes. Son action a chuté de 37% cette année malgré la tentative de redressement du fabricant de puces. Le podium du SPX se compose des services de communication, de la tech et de la consommation discrétionnaire. Les bons du Trésor US retrouvent quelques couleurs, le rendement du 10 ans revient à 4,64% contre 4,73% jeudi. Techniquement sa principale résistance se situe à 4,75% tandis que le support à surveiller se trouve dans la zone 4,45% - 4,43%.

Le dollar imite le marché obligataire et fait fi du PCE, il recule légèrement, ce matin la paire EUR/USD traite à 1,0721. Le pétrole se maintient à 83 dollars le baril de WTI Light Crude et l’or ralentit le rythme, la relique barbare consolide ses hausses récentes, ce matin à 2332 dollars l’once. La volatilité s’écrase encore un peu plus, le VIX perd 2,2% à 15,03%, morne plaine sur ce front-ci, tout comme du côté des volumes d’échanges, bien calmes pour la saison.

On gratte quelque peu la surface du SPX et on constate que ce dernier a récemment effectué son 67e pullback (5% de repli depuis un plus haut) depuis 1928, qu’il a envoyé de nombreux signaux d’état survendu, que les conditions financières du marché reste souples (bon ça), que la plupart des actions technologiques ont envoyé de nouveaux signaux de survente la semaine passée, que les biens de consommation de base ont progressé, un signal haussier et que finalement les valeurs financières ont décollé, réagissant à un état survendu. Pour vous la faire courte, on a déjà vu nettement pire comme indicateurs internes de marché, je vous fais grâce du comportement historique du SPX suite à une telle configuration, vous l’avez probablement deviné.

On fait un point sur la saison des résultats d’entreprises au premier trimestre aux Etats-Unis. 78% des firmes du SPX ont dépassé les attentes, avec des bénéfices en hausse moyenne de 5,6% par rapport à l'année précédente, selon les données du LSEG. La moyenne de ces 5 dernières années est de 77%. Ça se passe donc plutôt pas mal pour l’instant.

En Europe la semaine écoulée se passe bien également, l’Eurostoxx50 progresse de 1,8%, le Stoxx Europe 600 gagne 1,74%, le CAC40 0,82%, le Dax 2,39% et le SMI s’envole de 0,15% (je sors…).  LVMH, l’Oréal et Edenred passent une jolie semaine. On observe des prises de profits sur Accor, BNP et Vinci. Novartis gagne 5,7% grâce à une croissance de +11%, Amadeus et BAE Systems progressent bien.

Ce matin, le yen étend ses gains à 2% contre le dollar après avoir très brièvement dépassé les 160. Ce revirement soudain laisse envisager une intervention officielle pour soutenir la monnaie, à suivre de près.

Humza Yousaf se prépare à quitter son poste de premier ministre écossais après avoir décidé qu'il ne survivrait pas à un vote de confiance, selon le Sunday Times. Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez prévoit de dire aujourd'hui s'il démissionne.

Antony Blinken s'efforcera d'obtenir une trêve à Gaza lors de réunions au Moyen-Orient qui débuteront aujourd'hui. Joe Biden s'est entretenu avec Benjamin Netanyahu des efforts déployés pour négocier la libération d'un otage. Des responsables israéliens pensent que la CPI s'apprête à délivrer des mandats d'arrêt à l'encontre de hauts responsables du gouvernement, selon le NYT.

Au menu macro-économique du jour, l'Allemagne donnera à 14h00 la première tendance de l'inflation dans la zone euro en avril. 

BBVA publie un bénéfice net du premier trimestr supérieur aux prévisions. Porsche AG a publié des résultats inférieurs aux prévisions pour le premier trimestre. BHP songerait à relever son offre sur Anglo American, selon plusieurs sources. Eliott aurait bâti une position dans Anglo American… et dans Sumitomo Corp. Deutsche Bank va prendre une provision pour risque légal de 1,3 milliard d’euros, liées aux contentieux avec les anciens actionnaires de PostBank. BMW va investir 20 milliards de yuans (2,76 milliards de dollars) dans sa base de production de Shenyang en Chine. Alphabet a passé la marque des 2'000 milliards de dollars de capitalisation pour la première fois de son histoire. Elon Musk (Tesla) effectue une visite surprise en Chine, une semaine après avoir renoncé à se rendre en Inde. Les commentateurs y voient un symbole. Le groupe a signé un accord sur la conduite autonome avec Baidu. Apple intensifierait ses discussions avec OpenAI pour ajouter des fonctionnalités à ses solutions. La Turquie est en pourparlers avec Exxon Mobil pour un accord de GNL de plusieurs milliards de dollars, selon le FT. Fitch abaisse la perspective de la note crédit de Boeing à «négative» en raison de problèmes de production et de trésorerie. Zoetis vend son portefeuille d'additifs alimentaires médicamenteux à Phibro pour 350 millions de dollars. 

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent tous dans le vert, la brise haussière en provenance de Wall Street y revigore les taureaux. Tokyo est fermée, Hong Kong avance de 0,66%, Shanghai progresse de 0,77%, Séoul monte de 0,17% et le Nifty50 prend 0,67%. Le future SPX récupère 10 points supplémentaires et l’Europe ouvre en hausse de 0,3%. 

La première estimation de l'inflation européenne d'avril sera disponible dès mardi. Aux Etats-Unis, le taux de chômage de mars sera annoncé vendredi, mais c'est la décision de la Fed, mercredi, qui attirera toute l'attention. La banque centrale américaine ne devrait pas bouger ses taux, mais ses commentaires seront écoutés attentivement par les intervenants compte tenu des craintes actuelles des investisseurs sur la politique monétaire. L'agenda des publications sera encore copieusement garni avec Apple, Amazon, Eli Lilly, AMD, Coca-Cola, McDonald's et Pfizer aux Etats-Unis. Ainsi que Novo Nordisk, HSBC, AXA, Stellantis, GSK ou Shell en Europe.

A lire aussi...