Les conditions financières restent favorables

Axel Botte, Ostrum AM

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Les émissions obligataires font l'objet d'une forte demande de la part des investisseurs, en particulier pour le crédit européen.

©Keystone

 

Les marchés financiers se sont stabilisés après les baisses enregistrées au cours de la première semaine de 2024. L'avalanche d'émissions obligataires rencontre une forte demande de la part des investisseurs, à quelques exceptions près, notamment en ce qui concerne le crédit européen. Les spreads souverains et de crédit résistent bien. Les spreads high yield ont même baissé significativement, tant aux Etats-Unis qu'en Europe, dans le sillage du rebond des actions américaines.  

Les taux sans risque se tendent néanmoins (2,24% sur le Bund), mais sans accélération significative, malgré la hausse surprise de l'inflation américaine et les commentaires des banquiers centraux (Fed, BCE) souhaitant éviter un assouplissement prématuré. Les conditions financières sont favorables et les banques centrales ne souhaitent pas attiser le mouvement. Les points morts d'inflation augmentent légèrement, compte tenu des tensions en mer Rouge. La hausse des prix du fret maritime et le rebond, certes limité, des prix du pétrole brut contribuent au rebond des points morts d'inflation. Le dollar est resté stable au cours de la semaine. Le yen est néanmoins revenu à son niveau de faiblesse de 2023 en réaction à la publication des hausses de salaires, réduisant la probabilité d'une hausse des taux dans un futur proche.

Une récession technique est probable dans la zone euro au quatrième trimestre

Les publications économiques américaines prévoient une croissance de plus de 2% pour le quatrième trimestre. La consommation devrait augmenter de près de 2,5% entre octobre et décembre, car les salaires et l'emploi continuent d'augmenter. La Fed d'Atlanta estime que les salaires ont augmenté de 5,2% en décembre. Les salaires n'ont pas ralenti depuis septembre 2023. D'autre part, les chocs d'offre potentiels dus à la reprise des prix du fret maritime et aux pénuries d'approvisionnement à venir devraient ralentir la convergence des prix vers l'objectif des banques centrales. En effet, les facteurs liés à l'offre ont joué un rôle important dans la hausse de l'inflation après la crise Covid. L'inflation américaine s'est établie à 3,4% en décembre, avec les marqueurs habituels de l'inflation intérieure tels que le logement (+0,5%) et les services en général, y compris la santé (+0,5%). Les surprises précédentes en matière de baisse de l'IPC étaient principalement dues aux prix importés, ce qui ne peut pas satisfaire la Réserve fédérale.

Les prix à la production ont toutefois baissé en décembre (-0,1%m). Une récession technique est probable dans la zone euro au quatrième trimestre. La production industrielle allemande s'est contractée de 4,8%. En France, la consommation et la production ont certes redémarré, mais la faiblesse de l'activité perdure depuis 15 mois. La stagflation menace, ce qui est sans doute la pire situation à gérer pour la BCE.

La demande de nouvelles dettes publiques est stimulée dans la zone euro

En ce qui concerne les marchés financiers, le déluge d'émissions s'est accompagné d'une forte demande de la part des investisseurs finaux, alimentée en partie par les 7 milliards de dollars levés par les fonds obligataires mondiaux au début de l'année. La collecte sur les marchés monétaires a atteint 39,7 milliards de dollars, selon BofA. En 2024, des obligations d'Etat et de crédit d'une valeur équivalente à 192 milliards d'euros ont été émises. Dans la zone euro, le retour des banques centrales étrangères et des fonds souverains stimule la demande de nouvelles dettes souveraines. L'Espagne attire des ordres d'une valeur de 130 milliards d'euros pour une obligation à 10 ans d'une valeur de 15 milliards d'euros à 3,25%, alors que des titres comparables étaient encore cotés à 4% quelques semaines auparavant.

La Belgique et l'Italie enregistrent également des records d'intérêt pour l'achat. Les fonds spéculatifs ne sont guère servis par les Trésors, car ils préfèrent les comptes institutionnels, moins susceptibles d'alimenter la volatilité. Le Bund se tend temporairement au-dessus de 2,20% en raison de flux de couverture liés à des opérations sur le marché primaire. Sur le marché du crédit, le spread moyen des prêts en euros est de 140 pb par rapport au Bund et inférieur à 100 pb par rapport au swap. Le high yield, moins soumis à la pression du marché primaire, se resserre de près de 30 pb en Europe cette semaine. Le crossover iTraxx atteint presque son plus bas niveau à 322 pb, ce qui invalide pour l'instant une nouvelle réduction des spreads des obligations les moins bien notées. Cela pourrait être un signe de complaisance.

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