La Fed nie l’évidence

Axel Botte, Ostrum AM

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Powell maintient sa politique monétaire mais exclut une réduction dès le mois de mars.

©Keystone

 

Jerome Powell maintient le cap d'un assouplissement monétaire en 2024. Il est vrai qu'une baisse des taux en mars est prématurée, mais le premier assouplissement pourrait prendre la forme d'une réduction du resserrement quantitatif. L'économie américaine ne semble pas avoir besoin de mesures de relance supplémentaires, mais la baisse de l'inflation signifie que les marchés restent attachés à un scénario d'assouplissement monétaire. L’aplatissement de la courbe et les résultats de quelques stars de la cote américaine font remonter les actions. Le message de la Fed a été relayé en Europe, où le Schatz est temporairement retombé à 2,40%. La baisse de l'obligation allemande à 10 ans (en dessous de 2,20%) a entraîné une hausse des swaps et des obligations d'État de 2 à 5 points de base. Les valorisations du crédit ont entraîné des prises de bénéfices. La hausse du dollar en réponse au maintien des taux d'intérêt en mars a de nouveau été stimulée par les chiffres de l'emploi. L'euro s'échange à 1,08 dollar.

La BCE observe avec inquiétude l'évolution des salaires

Le secteur manufacturier semble sortir de l'impasse. Les enquêtes de janvier indiquent que l'économie a atteint son point le plus bas en octobre/novembre. L'amélioration de l'activité observée en Asie s'est transmise aux Etats-Unis et à l'Europe. L'indice ISM a augmenté de 2 points à 49,1, en raison d'une nette augmentation des nouvelles commandes. Cependant, les coûts des intrants augmentent, ce qui indique que l'inflation des biens devrait également augmenter. Le nombre de créations d'emplois a été astronomique, avec 353’000 en janvier. L'immigration contribue à pourvoir quelque 9 millions de postes vacants.

La NYCB est en difficulté en raison de son exposition à l'immobilier commercial et de la structure des dépôts qu'elle a acquise après l'effondrement de la Signature Bank.

Le taux de chômage est de 3,7%. Dans ce contexte, guère plus que l'inflation ne justifierait un assouplissement de la politique monétaire. La situation bancaire est toutefois tendue, la NYCB étant en difficulté en raison de son exposition à l'immobilier commercial et de la structure des dépôts qu'elle a acquise après l'effondrement de la Signature Bank. Dans la zone euro, l'inflation s'est établie à 2,8% en janvier et à 3,3% si l'on exclut les facteurs de volatilité. Les prix de l'énergie souffrent de la réduction des aides publiques dans plusieurs pays. La BCE surveille avec inquiétude l'évolution des salaires, qui pourrait limiter la baisse cyclique de l'inflation. La BoE a laissé ses taux d'intérêt inchangés, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles baisses. Le résultat du vote (1 vote sur 9 pour une baisse, 2 pour une hausse) témoigne toutefois de l'indécision qui règne au sein du MPC. L'inflation interne, associée à la dynamique des salaires, reste le principal obstacle à une baisse.

La volatilité des taux d'intérêt reste considérable

Le marché des taux d'intérêt veut augmenter. La volatilité des taux d'intérêt reste considérable. L'indice MOVE se maintient entre 100 et 130 points, ce qui est presque deux fois plus élevé que pendant les années d'assouplissement quantitatif, mais conforme à la volatilité des années 1990. L'indice T-Note est revenu à 4%, soit 10 points de base en dessous de son récent pic.  Dans le refinancement des obligations d'Etat, les échéances longues sont à nouveau épargnées. Toutefois, le volume des émissions d'obligations à 2, 3 et 5 ans augmente de 2 à 3 milliards de dollars chaque mois, ce qui accentue l'aplatissement. L'écart pour les obligations à 2-10 ans diminue, tandis que l'écart pour les obligations à 10-30 ans reste inchangé. Dans la zone euro, le Bund future a suivi cette tendance et a réduit les spreads des obligations d'Etat de 2 points de base pour les pays du noyau dur et de 5 points de base pour les pays périphériques. Les achats de fin de mois ont renforcé la reprise de la duration.

L'appétit pour le crédit a baissé

Le marché primaire très actif en janvier (124 milliards d'euros d'obligations d'Etat et 70 milliards d'euros d'obligations d'agences et d'organisations supranationales) a été bien absorbé. Sur le marché du crédit, l'activité d'émission s'est ralentie compte tenu de la période de publication, après l'émission de 68,5 milliards d'euros d'obligations financières, de 45 milliards d'euros de covered bonds et de 44 milliards d'euros d'obligations non-financières en janvier. L'appétit pour le crédit a diminué vers la fin du mois, car les spreads, qui affichaient déjà une faible volatilité, se sont encore resserrés. Le swap d'actifs pour les crédits IG se situe à 88 points de base. Le marché du high yield n'est pas affecté par la vague d'émissions dans le segment investment grade. Toutefois, les niveaux de valorisation à B et en dessous laissent peu de place à l'amélioration, malgré la baisse des taux de défaut. Les obligations européennes à haut rendement affichent un spread de 442 pb par rapport au Bund.

De bonnes surprises dans le secteur de l'énergie américain

Les actions de croissance américaines ont profité de publications favorables, à l'exception d'Apple, qui doit faire face à des difficultés en Chine. Le secteur technologique reste le baromètre directionnel des actions. Cependant, d'autres secteurs ont connu de bonnes surprises (énergie aux Etats-Unis) qui ont permis de financer des plans de rachat d'actions. Ces rachats s'élèvent à environ 200 milliards de dollars par trimestre. En Europe, l'EuroStoxx 50 augmente de 2,5% en 2024.

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