Gonet: l'actualité des marchés au 1er février

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,82%, S&P 500 -1,61%, Nasdaq -2,23%, Russell -2,45%, SOX -1,37%, Eurostoxx -0,31%, SMI -0,96%.

Wall Street se prend un joli coup de tatane dans la poire pour sa dernière séance du mois, mais restons stoïques, le premier mois de l’année se termine dans le vert, l’indice S&P500 (SPX) progresse de 1,59%, le Dow de 1,22% et le Nasdaq100 (NDX) de 1,85%. En revanche c’est la soupe à la grimace du côté des petites capitalisations, le Russell2000 (RTY) recule de 3,93% en janvier, et pourtant il a tout pour plaire. Le RTY mis à part donc, le marché américain des actions réussit son examen de janvier et, comme le disent de nombreux investisseurs (qui l’ont entendu de nombreux autres investisseurs, qui…), «as goes January, so goes the year». Well, ce n’est pas forcément faux mais les augures statistiques sont formelles, c’est avril qui mérite ce dicton.

On revient à l’actualité de ce mercredi, les indices sont sous pression, les volumes d’échanges augmentent, c’est money time sur les parquets de trading, les 7 magnifiques ont commencé à publier leurs résultats trimestriels, ça passe plutôt crème pour Microsoft, qui bat les attentes notamment pour Azure, les analystes apprécient ses prévisions de marges et puis Microsoft semble positionnée dans le peloton de tête en ce qui concerne l’intelligence artificielle (IA). Vous m’opposerez que le titre recule de 2,7% à la cloche, je vous répondrai que toutes les valeurs technologiques ou presque abandonnent plus de 2% hier, la faute à Alphabet, qui se prend les pieds dans le tapis (GOOG -7,35%) après de plutôt jolis résultats, mais la firme commet le crime de lèse-taureaux de manquer les attentes sur la partie des recettes liées à son moteur de recherche (48 milliards de dollars contre 48,15 milliards attendus) et le marché de la punir sévèrement, ce qui reflète combien la barre est élevée pour ces mastodontes qui n’ont cessé de grimper depuis plusieurs mois.

Les indices clôturent au plus bas du jour, la volatilité remonte (le VIX gagne 7,9% à 14,35), le marché s’inquiète peut-être aussi des pertes surprises annoncées par New York Community Bancorp (NYCB -37,48%). NYCB est la banque qui a repris les actifs de Signature Bank l’an passé, ça vous rappelle quelque chose? La firme annonce réduire son dividende et constituer des réserves, ce qui incite Moody’s à avertir qu’elle pourrait la placer dans la catégorie des emprunts pourris, la dette «junk». On n’en est pas encore à passer en mode «attention les vélos» mais gardons tout de même un œil là-dessus, ce d’autant plus qu’au Japon c’est la banque Aozora qui chute de 21,5% après avoir prévu une perte sur l’immobilier commercial américain.

Résumons: un des sept magnifiques effectue une sortie de route de résultats, le spectre de la crise de confiance dans les banques régionales américaines tente un retour et comme on dit chez nous: «jamais deux sans trois», il ne manquait plus que ce bon vieux méchant Jérôme, qui tente de faire les gros yeux aux taureaux hier soir. Le boss de la Fed livre un discours que l’on qualifiera de modestement faucon, il ne surprend guère son monde, maintient sa posture de gardien du temple des prix, mais adopte une posture plus ferme quant au timing de la première baisse de taux de la Fed en affirmant: «Je ne pense pas qu'il soit probable que le comité atteigne un niveau de confiance suffisant d'ici à la réunion de mars». Mais quel rabat-joie ce Jerome, un vrai calviniste… Bon, on garde quand même le passage où il précise que l’emploi et l’inflation se rapprochent d’un meilleur équilibre. Les Fed Funds, ces petits taquins, se mettent en mode RAF (acronyme que je ne saurais traduire mais qui n’a rien à voir avec l’armée de l’air britannique précisons-le). Or donc, les Fed Funds prédisent désormais 37% de probabilités d’une première baisse de 25 points de base le… 20 mars! Oui mais le discours de Jerome Powell d’hier soir… Oui mais non en fait, le marché semble ne plus trop écouter le premier banquier du monde, il prévoit 93% de probabilités d’une baisse en mai, puis 110% pour juin.

Le SPX ne traite désormais plus en territoire suracheté, même constat sur le NDX. Le RTY se rapproche de sa moyenne mobile à 50 jours, elle évolue à 1931 points contre 1947 pts à la cloche. En Europe, cela va plutôt bien, l’indice Stoxx Europe 600 (SXXP) traite à 10 petits points de son sommet, l’absence notable de valeurs technologiques réussit à ce marché lorsque la tech éternue. Sur le front du marché obligataire, les rendements reculent significativement, le 10 ans US passe de 4,03% hier matin à 3,94% aujourd’hui, là encore un joli bras d’honneur à qui vous savez, à moins que ce mouvement acheteur ne soit dû à NYCB et à la macro du jour, qui montre que le secteur privé américain a créé nettement moins d’emplois que prévu au mois de janvier et que le coût du travail recule plus que prévu le trimestre passé. Le dollar retrouve des couleurs, le Dollar Index (DXY) tente de casser sa moyenne mobile à 200 jours et traite à 103,71 contre la 200 dma à 103,54. La paire EUR/USD repasse en-dessous de 1,0800, elle évolue à 1,0787, juste au-dessus de sa moyenne mobile à 100 jours, techniquement c’est assez chaud là. L’once d’or est arrachée à sa sieste, rebondit à 2056 dollars hier, pour se rendormir ce matin et revenir à 2041 dollars. Le métal jaune adore voir les taux baisser mais abhorre un dollar fort. Le pétrole n’est pas fan non plus d’un billet vert en pleine forme, le baril de WTI Light Crude recule à 75,57 dollars.

Ce matin les futures semblent se stabiliser quelque peu, on reprend des forces sur les parquets de trading et on en aura bien besoin dès ce soir 22 heures, moment où Apple, Amazon et Meta passeront par le confessionnal. Et demain, cerise sur le gâteau, nous aurons droit au rapport mensuel sur l’emploi américain. Amazon dévoilera les résultats de ses ventes pendant les fêtes de fin d'année, alors qu'il doit faire face à une concurrence musclée en provenance de Chine. Les analystes chercheront également à obtenir une mise à jour sur l'unité cloud AWS (Amazon Web Services) directement liée à l’IA. Apple ferait bien c’éviter une cinquième baisse consécutive de ses ventes. Meta pourrait enregistrer une nouvelle période de croissance à deux chiffres, stimulée par de lourds investissements dans l'IA.

La Banque d'Angleterre devrait maintenir ses taux aujourd'hui, tout en présentant des prévisions d'inflation réduites qui pourraient ouvrir la voie à une politique plus souple. La baisse des pressions sur les prix et le risque que le Royaume-Uni bascule dans la récession l'année dernière ont incité les marchés à prévoir des baisses de taux à partir du milieu de l'année.

Les dirigeants de l'UE se dirigent vers un sommet à fort enjeu pour persuader Viktor Orban de renoncer à son veto contre une aide de 50 milliards d'euros à l'Ukraine. Bruxelles a proposé à Budapest un mécanisme de contrôle de l'aide de l'Union, mais M. Orban a réagi en réclamant un veto annuel supplémentaire sur cette aide.

Au menu macro-économique du jour, le marché prendra connaissance de la seconde estimation des PMI manufacturiers de janvier. Nous aurons aussi droit à l'inflation de la zone euro en janvier (11h00) à une décision de la Banque d'Angleterre sur ses taux (13h00). Outre-Atlantique, il y aura aussi les chiffres des licenciements de l'étude Challenger (13h30), les nouvelles demandes d'allocations de chômage (14h30), la productivité hors agriculture et le coût unitaire de la main d'œuvre (14h30), les dépenses de construction (16h00) et l'ISM Manufacturier (16h00).

BNP Paribas dégage plus de 11 milliards d’euros de bénéfices en 2023, mais sous les attentes, en revoit en baisse ses objectifs 2025. Dassault Systèmes vise une croissance de son chiffre d'affaires entre 8% et 10% en 2024, a priori un peu en-deçà des attentes. Sanofi publie des résultats du quatrième trimestre grevés par la faiblesse du dollar et la concurrence des génériques. ABB vise une croissance de 5% de son chiffre d'affaires en 2024 après avoir dépassé les attentes au quatrième trimestre. Le titre progresse de 2% dans le pré-marché. Adidas prévient que son EBIT 2024 sera significativement moins élevé que prévu, chute de 9,4% de son ADR à New York hier soir. Deutsche Bank publie sous les attentes au quatrième trimestre et annonce 1,6 milliard d’euros de rachats d'actions et de dividende. Qualcomm varie peu post-séance après ses résultats. Roche publie un chiffre d'affaires 2023 en baisse de 7% à 58,7 milliards de francs, le titre évolue en repli de 1,2% dans les échanges avant bourse. Boeing confirme que le problème sur le B737 MAX9 d'Alaska Airlines est de son fait. Le patron de Julius Bär démissionne. Philipp Rickenbacher n'a pas résisté au scandale des prêts accordés à Signa, l'empire de René Benko en déconfiture. L’action progresse de 1,4% dans le pré-marché. Tesla va convoquer une assemblée générale rapidement pour voter le transfert de l'état de constitution de l'entreprise au Texas, a déclaré Elon Musk. New York Community Bancorp sous la menace d'une rétrogradation en catégorie junk par Moody's.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo perd 0,76% à la cloche, Hong Kong rebondit de 0,49%, Shanghai recule de 0,64%, Séoul progresse de 1,82% et le Nifty50 égare 0,14%. Le future SPX gagne 10 points et l’Europe ouvre en repli de 0,5%.

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