Si je vous avais dit il y a une semaine que le rendement de l’emprunt US à 2 ans allait remonter fortement après la publication de l’indice américain des prix à la consommation (CPI) et que les actions sabreraient le champagne pour l’occasion, vous m’auriez probablement recommandé à un psychiatre de vos amis…Et pourtant c’est ce qui se produit hier. Alors certes, en fin de semaine un léger grain de sable est venu se loger dans la machine financière, qui explique le comportement observé sur les marchés hier.

La journée débute sous forte tension, les intervenants continuent d’acheter massivement la partie courte de la courbe des taux US et envoient le rendement du 2 ans à 3,82%, alors que sa moyenne mobile à 200 jours se situe à 3,90%. Tension sur les parquets de trading, on était encore à 5,08% le 8 mars, les traders savent combien la 200 jours compte. Et puis le vent retombe doucement dans les salles de marchés, on se calme et les annonces de la Fed, du Trésor et de la FDIC reviennent au premier plan, l’histoire financière retiendra certainement que les autorités américaines ont dégainé leur plan de protection du système aussi vite que Lucky Luke. Le rendement du 2 ans entame une remontée bienvenue, il la poursuit même après la publication du très important CPI, qui confirme la lente décrue de l’inflation entamée début juillet de l’an passé. On était alors à 9%, nous voilà de retour à 6%, c’est lent mais cela baisse et c’est tout ce que la Fed souhaitait voir hier, afin de pouvoir justifier un ralentissement de son cycle de hausses de taux, voire un arrêt, car la stabilité du secteur financier est désormais entrée dans l’équation. Jerome Powell et ses collègues (qui ne pipent mot et c’est normal, ils sont actuellement bâillonnés par la «quiet period» qui dure jusqu’au 22 mars, date du prochain FOMC) ont reçu un message extrêmement puissant du marché obligataire depuis jeudi passé, ne pas l’écouter relèverait de la faute professionnelle et cette quiet period tombe à point nommé pour eux (just my personal view), qui leur procure l’opportunité de laisser la poussière retomber avant de potentiellement dire de grosses bêtises.

Le marché des Fed Funds pourrait entrer en politique, il retourne sa veste comme jamais et prévoit désormais à peine une hausse de 25 points de base le 22 mars, tout en pronostiquant de bonnes chances qu’une baisse dans la même proportion intervienne dès le 26 juillet. Il y a encore peu, c’était 50 points de base le 22 mars, 50 de plus le 3 mai et une baisse de taux n’était pas envisagée avant 2024.

Dans ce contexte d’un taux pivot de la Fed potentiellement déjà atteint, d’une inflation en décrue et de taux obligataires l’air de rien nettement plus bas aujourd’hui qu’il y a une semaine, le joyeux royaume des actions trouve son compte et entame un rebond hier. Oh, la sérénité n’est pas encore de retour sur les parquets de trading, mais le sentiment du marché reprend des couleurs. Le secteur financier donne le ton, il emmène dans un premier temps les indices vers le haut, puis les envoie valser plus bas lorsqu’on apprend que S&P a mis First Republic Bank (FRC +27%) sur creditwatch négatif en raison du risque lié à son profil de financement. J’adore…toujours en avance les agences de notation… Cette nouvelle fait suite à un rapport plus tôt dans la session que Moody's a rétrogradé le système bancaire américain de Stable à Négatif. Le SPX Bank ETF (KBE) termine la journée à +1,9% tandis que le SPX Regional Banking ETF (KRE) à +2,1%. Au final, la journée, bien que chaotique, se termine bien et surtout avec des intérêts acheteurs de 4,4 milliards de dollars à la cloche, on sent que l’appétit au risque est de retour.

Au chapitre des secteurs, le podium du jour du SPX se compose des services de communication, de la technologie et des financières, tandis que la queue du peloton est animée par les biens de consommation de base, les REITs et la santé. L’indice S&P500 (SPX) vient tester sa moyenne mobile à 200 jours (le SPX à 3937 points au plus haut de la séance contre la 200 dma à 3939 pts, clôture à 3919 pts). Le rebond d’hier est aussi dû à une situation clairement survendue sur les indices d’actions, mais cette 200 dma chiffonne un peu, on sait combien elle est importante, elle avait mis le SPX KO l’été passé, qui avait perdu mille points après ne pas être parvenu à la casser à la hausse, à suivre de près donc. La volatilité recule de 10%, le VIX revient à 23,73, niveau qui reste intéressant pour qui souhaite investir dans un produit structuré. L’or teste 1900 dollars par once, la faute aux taux obligataire qui remontent, mais pas au dollar qui reste faible, la paire eur/usd traite ce matin à 1,0741. Les volumes d’échanges sont bons sur le NYSE hier, avec 12,7 milliards de titres traités. Quant au pétrole, il se prend les pieds dans le tapis, le baril de WTI Light Crude revient à 72,26 dollars, les négociants en pétrole brut doivent faire face à un marché bien approvisionné dans un contexte économique incertain. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole déclare qu'elle prévoit un léger excédent au prochain trimestre en raison d'une accalmie saisonnière de la demande.

Hier l’attention du marché est aussi attirée par des histoires dignes de Top Gun sur deux avions de guerre russes et un aéronef sans pilote américain. Des avions de combat russes interceptent et forcent à atterrir un drone de surveillance américain au-dessus de la mer Noire, selon des responsables américains, l'un des avions de combat étant entré en collision avec l'hélice de l'avion sans pilote après que les deux avions eurent déversé du carburant sur lui. Tom Cruise n’a pas souhaité commenter cette affaire.

Jeremy Hunt s'engagera à stimuler la croissance économique du Royaume-Uni en débloquant les investissements des entreprises dans son premier budget aujourd'hui. Il devrait dévoiler une extension de plusieurs milliards de livres sterling de la gratuité des services de garde d'enfants, et les investisseurs verront s'il élargit les limites imposées aux fournisseurs d'énergie.

La Fed envisage de modifier ses règles régissant les banques de taille moyenne, ce qui pourrait inclure des exigences plus strictes en matière de capital et de liquidités, ainsi que des mesures visant à renforcer les tests de résistance annuels, selon l’agence Bloomberg. L'absence de directeur des risques à la SVB pendant la majeure partie de l'année dernière est examinée par la Fed dans le cadre de son enquête sur la faillite de la banque. Bank of America a engrangé plus de 15 milliards de dollars de nouveaux dépôts en quelques jours après l'effondrement de SVB.

En Chine, la croissance des investissements urbains au cours des deux premiers mois de l'année dépasse les attentes à 5,5% en glissement annuel, ce qui suggère que le gouvernement se tourne vers les dépenses d'infrastructure. Les ventes au détail augmentent de 3,5%, ce qui correspond au consensus, et la croissance de la production industrielle est plus lente que prévu à 2,4%. La PBOC a injecté le plus de liquidités dans son système financier depuis plus de deux ans ce mois-ci, tout en maintenant ses taux inchangés.

Au menu macro-économique du jour, ce matin, la production industrielle de février sera publiée à 11h00. Aux Etats-Unis, le marché a rendez-vous à 13h30 avec trois statistiques d'envergure: les prix à la production du mois de février, l'indice Empire Manufacturing et les ventes au détail de février. A 15h00, place aux stocks d'entreprises et à l'indice NAHB des prix immobiliers, avant les stocks pétroliers hebdomadaires à 15h30.

Washington ouvre une enquête sur la faillite de SVB Financial Group. Boeing a livré 28 avions en février, contre 38 en janvier. Cvent Holding se fait croquer par Blackstone dans le cadre d'une transaction de 4,6 milliards de dollars. L'opérateur de bourse CME Group a enregistré lundi son volume quotidien le plus élevé, avec environ 66,3 millions de contrats échangés. BMW vise une marge de 8% à 10% pour son segment automobile en 2023. Hennes & Mauritz a réalisé une croissance de ses ventes de 12% au premier trimestre. Stadler Rail a vu sa rentabilité chuter en 2022. Le groupe suisse Edmond de Rothschild a enregistré en 2022 un repli de son bénéfice net à 55 millions de francs suisses. META +7,2%, annonce de nouveaux licenciements et réduction des prévisions d'exploitation. Boeing BA +1,9% aurait conclu un accord pour la vente de 80 787 Dreamliners à l'Arabie Saoudite, avec des options pour 40 autres. UAL -5,4% - affaiblie par l'annonce préalable d'un bénéfice par action négatif au 1er trimestre, bien que la demande reste forte, et laisse inchangées ses prévisions pour l'année fiscale. DAL -0,6% réitère ses prévisions. Une Cour statue que UBER +4,9%, LYFT +0,6% et d'autres entreprises de travail à domicile peuvent classer les travailleurs comme des entrepreneurs indépendants plutôt que comme des employés.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo grappille 0,03% à la cloche, Hong Kong gagne 1,67%, Shanghai progresse de 0,55% et Séoul avance de 1,31%. Le future SPX traite pile à l’équilibre et l’Europe ouvre inchangée.