Gonet: l'actualité des marchés au 9 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,18%, S&P 500 +0,14%, Nasdaq +0,40%, Russell 2000 +0,04%, SOX +2,67%, Eurostoxx +0,22%, SMI -0,35%.

Je vous disais hier combien il est hasardeux de combattre la Fed. Il y en a un qui n’a pas dû lire ma chronique… Ken Griffin, le patron de Citadel (le meilleur hedge fund à Wall Street l’an passé) demande poliment à Jerome Powell de «fermer sa bouche»… Le fondateur de Citadel explique qu’à chaque occasion où le président de la Réserve Fédérale évoque la politique monétaire, il en dit trop et risque de dérouter les investisseurs avec des messages inconsistants. Ken Griffin parle carrément de «dommages collatéraux» infligés à l’économie. De son côté, le premier banquier du monde se retrouve à nouveau devant le Congrès hier et figurez-vous qu’il adoucit légèrement le ton, en déclarant que la Fed attendra les nouvelles statistiques macro sur l’emploi (ce vendredi) et l’inflation (mardi prochain) avant de décider de l’ampleur de la hausse des taux à venir.

Le marché, à l’odeur alléché mais pas corbeau, ne sourcille quasiment pas à l’entente de ces mots. On demande à voir dans les salles de marchés, Ken Griffin a raison de demander de la clarté et de la consistance à Jerome Powell. L’indice S&P500 (SPX) passe sa journée dans une fourchette de trading étroite (30 points de base), on tend à ignorer la macro du jour (Beige Book et créations d’emplois dans le secteur privé, toutes deux plutôt fortes) mais le marché obligataire renvoie le rendement du 10 ans visiter le niveau de 4%, tandis que la courbe des taux US reste inversée comme rarement, qui continue de crier à qui veut l’entendre que la récession est à nos portes. Le marché des Fed Funds s’attend en l’état à 70% de probabilités d’une hausse de 50 points de base le 22 mars. Pour la réunion de mai, il donne 40% de chances à un relèvement supplémentaire d’un demi-point. On fait clairement un pas en arrière hier dans les salles de marchés, le SPX s’approche de sa moyenne mobile à 50 jours mais ne parvient pas à la casser, il se maintient ceci-dit aisément au-dessus de sa 200 jours à la cloche (3992 pts contre la 200 dma à 3940 pts). Les indices sont tenus en fin de séance par les semi-conducteurs, qui gagnent plus de 2,5% sur la journée. Le secteur de la technologie réalise la seconde meilleure performance du jour (malgré des taux obligataires en hausse), seuls les REITs font mieux que lui, il est suivi des utilities.

La volatilité recule légèrement, le VIX perd 2,4% à 19,11. Ca bouge peu sur le front des monnaies, la paire EUR/USD se maintient à 1,0553, l’or reste faible à 1814 dollars l’once et le pétrole fuit encore un peu plus, le baril de WTI Light Crude recule à 76,65 dollars.

En observant le comportement du marché des actions, on ne peut s’empêcher de se demander si le TINA (There Is No Alternative… but stocks), n’est finalement pas resté parmi nous, oh certes bien caché l’an passé, mais en 2023 les investisseurs saisissent des opportunités créées par le repli des indices l’an passé et des valorisations revenues à des niveaux moins stratosphériques. Rappelons-nous aussi qu’en début d’année l’horizon semblait dégagé pour une détente de la politique monétaire de la Fed et que la Chine revenait dans l’équation. Et puis en février/mars, le marché réalise que les hausses de taux devraient se poursuivre plus longtemps que prévu. Ce nouveau contexte a le potentiel de mettre un marché des actions à genoux, un marché des actions fragile peut-être, ou alors un marché sans TINA. Chez Deutsche Bank, on s’essaie à un nouvel acronyme: TAPAS (There Are Plenty Of Alternatives). Les prochaines publications macro-économiques permettront de déterminer lequel de ces acronymes est à considérer.

Le Royaume-Uni évitera une récession cette année, mais une croissance lente signifie que l'économie ne retrouvera pas ses niveaux d'avant la pandémie avant le dernier trimestre de 2024, selon la chambre de commerce britannique. Le lobby revoit ses perspectives à la hausse après des dépenses des ménages et des investissements des entreprises supérieurs aux prévisions à la fin de l'année 2022. Par ailleurs, les experts immobiliers britanniques constatent des signes de vie sur le marché du logement en février, les acheteurs et les vendeurs étant de retour.

Au menu macro-économique du jour, encore de la statistique sur l'emploi aux Etats-Unis, avec l'enquête Challenger de février (13h30) et les inscriptions hebdomadaires à l'allocation chômage (14h30).  L'inflation chinoise s'est limitée à 1% sur un an en février, contre 1,9% anticipé par les économistes. Les prix à la production ont poursuivi leur contraction.

Deutsche Post enregistre une hausse de son bénéfice attribuable pour l'exercice 2022. Credit Suisse retarde la publication de son rapport annuel à la suite d'un appel de la SEC. ASML estime que ses perspectives pour l'exercice 2023 ne seront pas affectées par les nouveaux contrôles sur les exportations de puces. Apple va revoir toute sa chaîne d'approvisionnement hors des États-Unis pour la recentrer sur l'Inde. Eli Lilly annonce que l'étude A4 sur le solanezumab pour le traitement préclinique de la maladie d'Alzheimer n'a pas atteint ses objectifs. Stadler Rail livrera 17 trains à la compagnie ferroviaire publique norvégienne. Silvergate Capital envisage de mettre fin aux activités de Silvergate Bank. Le titre perd plus de 40% hors séance.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse, hormis Tokyo qui progresse de 0,63% à la cloche. Hong Kong recule de 0,49%, Shanghai perd 0,22% et Séoul rend 0,53%. Le future SPX recule de 5 points et l’Europe ouvre en recul de 0,3%.

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