Syz crée le «Club»

Salima Barragan

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Nous lançons un écosystème pour les gérants indépendants qui favorise le partage de connaissances et le co-investissement, explique Charles-Henry Monchau de la Banque Syz.

Baptisé Syz Club, le nouveau forum d’investissement lancé par la banque genevoise éponyme offre une plateforme unique en son genre aux gérants indépendants. Elle se distingue de la pléthore d’offres similaires par son aspect collaboratif: la banque entend dépasser le simple rôle de prestataire de services en créant un véritable réseau d’échange d’idées entre les participants, via une table ronde par mois. Le club, qui compte pour l’instant une quinzaine de sociétés «membres», ambitionne de se développer outre-Sarine. Le point avec le Directeur des investissements Charles-Henry Monchau.

Quelle est la genèse du Syz Club?

Ma collègue Véronique Riondel – responsable des Gérants indépendants - et moi-même sommes partis du constat que le métier de gérant indépendant a évolué durant ces 30 dernières années, avec de plus grandes exigences de niveau des connaissances de marché et l’utilisation de stratégies plus complexes. Les gérants indépendants se sont institutionnalisés et attirent parmi les meilleurs talents.

En conséquence, leurs demandes envers les établissements bancaires sont également devenues plus exigeantes. Nous nous sommes adaptés pour y répondre, car notre positionnement y correspond. Nous ne sommes pas des «product pushers». Au contraire, nous sommes à la recherche des meilleures solutions d’investissement pour nos clients, qu’ils soient des particuliers ou des professionnels. Dès lors, nous sommes ouverts à toutes les idées, qu’elles proviennent de notre propre recherche ou de celle de nos partenaires gérants indépendants. Syz Club, en tant que plateforme collaborative, permet cet échange d’idées.

À l’ère des réseaux sociaux et de l’économie de partage, nous sommes rentrés dans un environnement plus collaboratif qui tranche avec celui du chacun pour soi.
Comment cette plateforme ouverte se distingue-t-elle des autres déjà existantes dans la branche, et quelle est sa finalité?

Notre objectif est de proposer une approche différenciée, qui dépasse la relation de prestataire de services afin de devenir un véritable partenaire. Nous considérons que notre offre de services aux gérants indépendants ne devrait pas s’arrêter au custody et à l’exécution d’ordres de bourse; nous voyons une réelle valeur ajoutée à faire bénéficier nos partenaires de l’un de nos actifs les plus chers: notre réseau.

Nous avons donc créé un écosystème afin de permettre le partage d’information, de connaissance et d’accès aux meilleures idées au sein de ce réseau. Lorsque nous avons des idées d’investissement, nous les leur proposons. À l’inverse, lorsque nos clients professionnels ont accès à des stratégies intéressantes ou à des compétences particulières, ils peuvent en faire part à la Banque Syz et autres membres lors des tables rondes du club. Par exemple, un gérant indépendant disposant d’un accès exclusif à un spécialiste immobilier peut en faire profiter les autres participants afin d’augmenter les capacités d’investissement et de mieux négocier les frais.

Nous avons également constaté que certains gérants indépendants ont désormais leur propre société de gestion d’actifs qui leur permet de gérer des fonds de placement. Ces derniers peuvent intéresser tout aussi bien nos clients privés que les autres membres du club. Cette plateforme propose ainsi un aspect collaboratif peu présent en Suisse où traditionnellement l’on donne la part belle aux entités étrangères sans jouer le jeu avec ses homologues locaux. Nous pensons qu’il y a un avantage à collaborer avec les entités suisses que nous voyons davantage comme des partenaires plutôt que des compétiteurs.

Cette mentalité pourrait-elle être liée à la culture du secret au sein des établissements helvétiques?

Aujourd’hui, il n’y a plus vraiment de barrière de transparence. À l’ère des réseaux sociaux et de l’économie de partage, nous sommes rentrés dans un environnement plus collaboratif qui tranche avec celui du chacun pour soi. Notons également que les grands noms de la finance internationale comme BlackRock ou Vanguard atteignent leurs limites de capacité. Pour rappel, les deux géants américains font partie des 3 plus grands actionnaires de 99% des sociétés du S&P 500… N’est-il pas temps de privilégier également des idées qui sortent des sentiers battus et qui sont gérées par des boutiques d‘investissement? Cette diversification est aujourd’hui indispensable si l’on cherche à «battre le marché» ou à créer de la résilience.

La plateforme répond-elle également aux nouveaux défis auxquels les gérants indépendants font face?

Nous abordons aussi des sujets liés aux meilleures pratiques, car la réglementation joue un rôle très important, tout comme les nouvelles technologies auxquelles ils doivent s’adapter rapidement. Par exemple, l’intégration d’actifs digitaux dans les comptes des clients entraine une pléthore de questions techniques. Dans ce contexte, il vaut ainsi mieux partager les connaissances que rester chacun de son côté.

Comment la communication au sein du club fonctionne-t-elle?

Nous organisons chaque mois un petit déjeuner sous forme de table ronde, selon l’approche «Meet, Share and Co-invest». Les tables rondes comprennent en général trois présentations d’idées d’investissement à l’initiative des participants. Mais la communication demeure continuelle sur la page web du club qui inclut une messagerie totalement transparente.

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