Gonet: l'actualité des marchés au 27 septembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,11%, S&P 500 -1,03%, Nasdaq -0,60%, Russell 2000 -1,41%, SOX -1,47%, Eurostoxx -0,18%, SMI -0,64%.

Septembre est en train de confirmer son statut de pire mois de l’année pour le marché des actions. Les indices reculent à nouveau hier, ne cherchez pas de nouvelles pour expliquer ce mouvement, regardez plutôt du côté du marché obligataire, qui mène la danse à sa guise depuis la mi-août. Ajoutez à ce contexte déjà bien compliqué une livre sterling et des Gilts (les bons du Trésor de sa Majesté) en chute libre et vous obtenez ce contexte bizarre où tout se casse la figure, hormis le Dollar et le Franc Suisse.

On a bien compris désormais dans les salles de marchés que les banquiers centraux du globe (le Japon et la Turquie mis à part), sont en mode agressif et relèvent leurs taux à tour de bras pour tuer l’inflation et fissa s’il-vous-plait. Le hic, c’est qu’en même temps les politiciens sont en train de mettre un pataquès comme j’en ai rarement vu. Les dirigeants de la planète tentent d’éviter les retombées de l’inflation en faisant la seule chose dans laquelle ils excellent: dépenser. Nous avons donc, à ma droite, les banquiers centraux qui font de leur mieux pour ralentir l’économie et, à ma gauche, les responsables politiques qui appuient sur le champignon comme des ados en goguette. Conséquence logique de ces phénomènes parallèles, les marchés obligataires s’effondrent et les taux augmentent, à mesure que la solvabilité de certains Etats diminue (suivez mon regard en direction de Londres). Les devises ne sont pas en reste, qui reculent toutes contre le billet vert (et notre sacré franc je sais…). Le dollar reste l’actif le plus liquide au monde et constitue de facto la valeur refuge de référence. Rappelons-nous au passage que les Etats-Unis ont déjà lancé un programme fiscal «bazooka» l’an passé et que les élections de mi-mandat se profilent à l’horizon.

Un mot sur les Gilts, qui en prennent sérieusement pour leur grade depuis hier. Le rendement du 10 ans britannique a grimpé à 4,23%, un niveau surréaliste, tout cela semble éclipser les élections en Italie, du moins pour le moment. Ce matin l’agence Reuters nous rappelle que certaines banques centrales asiatiques détiennent de grosses positions en Gilts, hmmmmmm… Quant à la livre, qui chute à 1,0350 contre le dollar dans la nuit de dimanche à lundi, elle rebondit et traite ce matin à 1,0780 mais ne nous y trompons pas, il y a le feu dans la maison royale, la Banque d’Angleterre se sent d’ailleurs forcée de commenter la situation hier, en indiquant qu’un point sera fait lors de la prochaine réunion, prévue le… 3 novembre. Lisez: «chère Livre, débrouille-toi sans nous, on se voit le 3 novembre, signé, la BoE qui te veut du bien». Caramba! On commençait à espérer dans les chaumières financières que la Banque d’Angleterre allait relever ses taux en urgence pour défendre sa monnaie…

On revient à Wall Street avec un indice S&P500 (SPX) qui clôture au plus bas de l’année (3655 points). Il a perdu 8% depuis le premier septembre et évolue désormais à son plus bas niveau depuis décembre 2020, le SPX a donc annulé ses gains réalisés depuis décembre 2020 jusqu’à décembre 2021, les optimistes argueront que c’est là une bonne nouvelle pour les retardataires… Le breadth du jour est mauvais avec plus de 90% des titres du NYSE qui clôturent dans le rouge. Absolument aucun titre des secteurs des utilities, de l’énergie et de l’immobilier ne parviennent à terminer la séance dans le vert. Les biens de consommation de base sauvent l’honneur du marché de peu, notons au passage que Amazon et Apple gagnent 1,2% et 0,23%, alors que la consommation discrétionnaire fait de la résistance (notamment EL, WMT, KMX, SBUX, ORLY, MNST, STZ). Tout va encore dans le monde des casinos avec Wynn Resorts et Las Vegas Sands qui décollent toutes deux de 12%. En revanche les banques souffrent clairement des craintes croissantes de récession. Les actions de croissance font mieux que celles de valeur, malgré des taux obligataires en mode «space-x».

Le marché reste en mode «vendre la force» mais pour combien de temps? En grattant un peu sous la surface de ce marché actions, on constate que tout n’est pas à jeter. Voyez l’Europe, où le secteur du voyage réalise une belle séance, où Moncler s’offre un rallye de 3,46% alors que Worldline et ASML gagnent chacune un peu plus de 1%. On peut penser que la chasse (c’est la saison, je sors…) aux bonnes affaires débute, timidement certes mais c’est une hypothèse plausible. Ce matin Julius Baer affirme que le bas du marché est proche, en se demandant s’il faut une capitulation avant le rebond ou que le début du mois d’octobre, et donc du dernier trimestre, suffira à lancer de nouveaux taureaux dans l’arène. La banque helvétique ajoute aimer des valeurs telles que Partners Group ou encore Adobe, tout en suggérant de construire des positions (ne pas tout investir d’un coup). Ce weekend passé, c’était Bank of America qui nous disait de bien surveiller le marché américain de l’emploi et de se mettre à acheter des actions cycliques lorsque ce dernier montrera des signes de dégradation.

On reste sur terre avec les rendements obligataires américains, qui ne cessent de grimper. Le 2 ans évolue ce matin à 4,29%, le 10 ans est à 3,85%, le spread 2 / 10 ans à -43 points, qui s’améliore l’air de rien, hier matin il évoluait à -51 bps.

Les prix des matières premières ont dégringolé à leur plus bas niveau en huit mois dans un contexte de craintes croissantes d'une récession mondiale. L'indice Bloomberg Commodity Spot est à son plus bas niveau depuis le 24 janvier, et a perdu près de 22% depuis le sommet atteint en juin, Il a effacé tous ses gains depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Le pétrole traite ce matin à 77,84 dollars le baril de WTI Light Crude, l’or végète à 1638 dollars, pénalisé par le billet vert et les taux US réels en forte hausse (coût d’opportunité), le principal support à considérer se situe entre 1600 et 1598 dollars.

Kwasi Kwarteng va s'attirer les foudres des grands financiers britanniques lors d'une réunion aujourd'hui, alors que la livre et les gilts restent fragiles à la suite de l’annonce de son budget. Le chancelier a regroupé trop d'idées dans un désir apparent d'être radical, a accordé trop d'attention aux avantages accordés aux riches et a adopté un ton désinvolte qui ne semble pas tenir compte des implications de la montée en flèche de la dette, selon de nombreux analystes financiers.

L'économiste en chef de la BCE a une idée pour les gouvernements qui souhaitent soutenir les groupes vulnérables dans un contexte de flambée des prix sans alimenter davantage l'inflation: Taxer les riches. Les gouvernements pourraient cibler les hauts revenus et les industries et entreprises qui sont «très rentables malgré le choc énergétique», déclare Philip Lane à Der Standard.

La Fed devra augmenter encore son taux d'intérêt pour juguler l'inflation, et la politique devra rester restrictive plus longtemps pour étouffer les attentes inflationnistes, indique la patronne de la Fed de Cleveland Loretta Mester. Elle aimerait voir l'inflation ralentir pendant plusieurs mois avant de parler d'un pic, et ne voit pas de baisse des taux l'année prochaine. Lorie Logan, boss de la Fed de Dallas, déclare que l'inflation est la «priorité numéro un» de la Fed et qu'elle s'engage à ralentir la hausse des prix.

Dmitry Peskov, du Kremlin déclare qu'«aucune décision n'a été prise» concernant la fermeture des frontières pour empêcher les hommes en âge d'être incorporés de fuir. La Russie et l'Ukraine concentrent leurs efforts de guerre sur la région orientale de Donetsk. La porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, indique que les États-Unis répondront si la Russie annexait le territoire ukrainien.

Au menu macro-économique du jour, une batterie de statistiques en provenance des Etats-Unis: les commandes de biens durables (14h30), l'indice FHFA du prix des maisons (15h00), l'indice de confiance des consommateurs Conference Board, l'indice manufacturier de la Fed de Richmond et les chiffres de l'immobilier neuf (16h00).

Sika va céder des actifs pour éviter les foudres de l'antitrust dans le cadre du rachat du groupe MBCC. Ford demande à ce que soit rejugée l'affaire qui lui a valu le mois dernier une condamnation à verser 1,7 milliard de dollars à la suite d'un accident mortel impliquant un de ses véhicules utilitaires. Biogen va verser 900 millions pour solder une affaire de pots-de-vin. Le PDG de Siemens Gamesa estime qu'il remettra d'aplomb la branche éoliennes terrestres en 2022. Georg Fischer confirme ses objectifs 2025.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement en hausse. Tokyo gagne 0,53% à la cloche, Hong Kong recule de 0,18%, Shanghai avance de 1,38% et Séoul monte de 0,13%. Le future SPX récupère 35 points et l’Europe ouvre en progression de 0,9%. Le SPX est tout proche de son plus bas en séance du 16 juin (3639 points) et vient d’entrer en territoire survendu, la semaine pourrait être intéressante…

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