Gonet: l'actualité des marchés au 22 septembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,70%, S&P 500 -1,71%, Nasdaq -1,80%, Russell 2000 -1,42%, SOX -0,97%, Eurostoxx +0,71%, SMI -0,45%.

La Fed relève à nouveau ses taux de 75 points de base et prévoit des hausses supplémentaires. Le modèle de prévisions de la Réserve Fédérale indique désormais 125 points de base de plus d’ici à la fin de l’année, à 4,4%, contre 3,8% attendus au mois de juin. Je pourrais mettre un terme à cette chronique ici, tout est dit dans ces deux premières phrases. Jerome Powell et ses compères maintiennent le cap et refusent mordicus de donner un os à ronger aux taureaux. Dans l'ensemble, le message du patron de la Fed est assez direct, l’institut d’émission vise un ralentissement économique et est de plus en plus ambivalent quant aux risques de récession.  Si l'on se réfère aux réunions précédentes, la Fed considère toute surprise à la hausse de l'inflation comme une raison de continuer à poursuivre les hausses de taux. Les Fed Funds s’attendent déjà à une hausse de 75 points de base le 2 novembre.

Au joyeux royaume des actions, qui somnolait dans l’attente de l’annonce, on commence par se dire que tout va bien, car les taux des rendements obligataires commencent par baisser. L’indice S&P500 (SPX) prend donc la route du nord mais se casse rapidement les dents sur la résistance de 3900 points et surtout sur le fait que les rendements obligataires US, le 2 ans surtout, retournent leur veste et décollent. Le spread 2 / 10 ans passe à -56 points de base, c’est littéralement énorme et intégralement dû à la partie courte, le 2 ans décolle à 4,10%, je ne sais plus trop quand on l’y avait vu la dernière fois. Le 10 ans se maintient à 3,54% et la courbe est désormais totalement inversée, le rendement le plus élevé est à 2 ans contre le plus bas à 30 ans. Lisez: le marché obligataire américain crie à qui veut l’entendre que la récession guette, si elle n’est pas déjà parmi nous.

La volatilité en profite, le VIX gagne 3% et clôture à 27,99, non sans être venu furtivement revisiter le niveau de 30 points. Techniquement, s’il revient à 35 cela constituera  un niveau de résistance intéressant. Sur le front des actions, la dernière heure fait mal, les indices terminent au plus bas du jour, la pression vendeuse étant évidente. Les 11 secteurs du SPX reculent à la cloche, avec sur le podium des perdants du jour la consommation discrétionnaire, les services de communication et les materials. Est-il besoin de mentionner que les actions de croissance sont délaissées? Techniquement, le SPX a retracé un peu plus de 76,4% de sa hausse de 3636 points à 4325 points. Le principal support à considérer est justement celui de 3636, qui se situe 4% plus bas.

À l’attention des taureaux, qui souffrent passablement ces jours, je dirai que, finalement on revient à la case départ de mi-juin. Je rappellerai par ailleurs que le SPX a tendance à grimper après la Fed, en tous les cas cela s’est produit 8 des 10 dernières occurrences. Bien évidemment, ce matin tout un chacun se dit que l’optimisme n’est pas de mise, que la Fed va maintenir les bulls en respect de nombreux mois encore, que Vladimir Poutine met le bazar et qu’il y en a marre à la fin de ces baisses continues. C’est peut-être aller vite en besogne que de voir la situation ainsi. Rappelons déjà qu’un investisseur long le marché depuis 5 à 10 ans est encore largement gagnant. Mais surtout, n’oublions pas que c’est lorsque l’idée d’espoir semble interdite qu’il faut se positionner, Warren Buffet le dit nettement mieux que moi. Alors certes, on ne va pas se lancer tête baissée dans les actions ce matin, mais jeter le bébé avec l’eau du bain n’est probablement pas la chose à faire non plus. En revanche, les produits structurés nous tendent les bras, qui permettent actuellement de mettre en place des stratégies fort conservatrices assorties de très jolis coupons, merci qui? Merci Dame Volatilité. Les obligations investment grade à courte duration semblent aussi intéressantes.

Il y en a un qui pète la forme mais alors comme jamais. Le billet vert atteint des niveaux jamais visités (Dollar Index DXY), tandis que la paire EUR/USD s’approche tout près de 0,98 (0,9809 au plus haut ce matin), pour traiter actuellement à 0,9829. Ce mouvement semble des plus logiques, la Fed reste agressive, la BCE est en retrait pour l’instant et le sentiment général du marché tient probablement compte de la posture acculée de Vladimir Poutine. Ceci dit, le dollar devient de facto encore plus un «crowded trade». Qui donc n’en détient pas dans son portefeuille aujourd’hui? Attention aux retardataires qui se disent que prendre ce train en marche pourrait les conduire loin, à moyen terme le scénario d’un retour en force de l’euro est tout sauf farfelu.

L’or est perdu dans la traduction. L’once fond à 1659 dollars, plus personne ne l’aime, la force du billet vert l’impacte, tout comme la hausse des taux réels aux Etats-Unis. Il est délicat d’identifier un support à court terme sur le métal jaune. En revanche si l’on prend du recul, on peut voir 1598 dollars, qui correspondent à 76,4% de retracement Fibonnacci de la hausse de 1451 dollars à 2075 dollars. Bien évidemment 1600 dollars jouera également. On peut envisager l’or à l’envers du dollar, attention à ne pas le jeter à la poubelle, dès que le greenback se calmera et que les taux réels US feront de même, la relique barbare pourrait retrouver des adeptes.

Le pétrole faiblit, le baril de WTI Light Crude revient à 83 dollars, là aussi impacté par le billet vert et les craintes croissantes de récession mondiale. Le prochain niveau de support se situe à 81,20 dollars, il s’agit du bas en séance du 8 septembre.

Vous aurez peut-être noté que je mentionne pas mal de niveaux techniques ce matin. Le but n’est pas ici de vous abrutir, mais lorsque le sentiment du marché se détériore à ce point, il est bon de se concentrer sur cette partie, qui élimine toujours l’aspect émotionnel.

Volodymyr Zelenskiy exhorte les dirigeants mondiaux à maintenir la pression sur la Russie, qui, selon lui, «a peur de véritables négociations». L'armée ukrainienne s'est emparée de dizaines de chars laissés par les troupes russes en fuite dans l'est du pays, selon des personnes familières, ajoutant ainsi des armes cruciales à son arsenal. La Corée du Nord nie avoir vendu des armes à la Russie et critique les États-Unis et «d'autres forces hostiles» pour avoir répandu des rumeurs.

La course à la croissance de Liz Truss risque de mettre les finances publiques britanniques sur une «voie insoutenable», avertit l'Institute for Fiscal Studies. Les plans de réduction des impôts impliquent un emprunt d'environ 100 milliards de livres par an au milieu des années 2020, soit au moins 60 milliards de plus que ce qui est actuellement envisagé. La dette continuerait ainsi à augmenter en pourcentage du PIB. Le chancelier Kwasi Kwarteng doit présenter un mini-budget demain.

Au menu macro-économique du jour, pas mal de banques centrales aujourd'hui encore: Banque du Japon, puis Banque nationale suisse (9h30) et Banque d'Angleterre (13h00). La Banque du Japon reste à contrecourant de ses homologues en restant utra-accommodante, avec des taux au plancher.

Moncler: Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 50 à 52 euros. Credit Suisse envisage de diviser sa banque d'investissement en trois, selon le FT. Meta Platforms veut réduire ses coûts de 10% dans les mois à venir, selon le Wall Street Journal. Par ailleurs, le groupe a été condamné à payer 174,5 millions de dollars à Voxer pour violation de brevet. Holcim finalise le rachat du belge Cantillana. La Banque d'Italie a donné son feu vert au rachat d'Atlantia par la famille Benetton et le fonds américain Blackstone. Salesforce gagne 2,6% après la clôture, la firme vise 50 milliards de dollars de revenus d’ici à 2026 et confirme sa guidance 2023. Nvidia gagne 0,65% dans ce marché baissier, après que son CEO a déclaré que la «grande majorité» des clients ne sont pas affectés par les restrictions américaines sur les livraisons de puces d'intelligence artificielle à la Chine. Novartis: nouvelle stratégie de vente, augmentation du chiffre d'affaires de +4% CAGR entre 2021 et 2027, augmentation de la marge du résultat de base à 40% à moyen et long terme, finalisation de la transaction de scission de Sandoz prévue pour le deuxième semestre 2023.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo perd 0,58% à la cloche, Hong Kong abandonne 1,92%, Shanghai rend 0,28% et Séoul recule de 0,63%. Le future SPX rend 27 points et l’Europe ouvre en repli de 1,7%.

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