L'inflation ne peut pas être maîtrisée sans coupes douloureuses

Steven Bell, BMO GAM (EMEA)

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L'erreur est de supposer que les taux d'intérêt sont proches d'un niveau qui freine l'inflation et que cela pourrait se faire sans récession.

Nous avons assisté à un rebond des titres à risque parce que les données économiques se sont détériorées. Les marchés en ont conclu que la Réserve fédérale américaine ne relèverait plus que très peu les taux d'intérêt et qu'elle les baisserait en 2023. Or, l'inflation ne peut pas être maîtrisée sans coupes douloureuses.

L'erreur est de supposer que les taux d'intérêt sont proches d'un niveau qui freine l'inflation et que cela pourrait se faire sans récession. Mais en réalité, l'inflation aux États-Unis est trop élevée et trop persistante pour qu'un simple ralentissement de l'économie puisse l'endiguer. Le PIB américain s'est certes contracté au cours des deux premiers trimestres de 2022, mais cela ne reflète pas l'économie en termes réels. L'économie américaine a tout de même créé un nombre étonnant de 2,7 millions d'emplois au cours de cette période. L'inflation des salaires s'est fortement accélérée cette année, plus rapidement que la Fed et les marchés ne l'avaient prévu. Il en va de même pour les loyers. Certes, les prix de l'essence ont quelque peu diminué et les prix des autres matières premières sont à nouveau plus bas. Mais par rapport aux loyers et aux salaires, ces facteurs n'ont qu'une influence marginale sur l'inflation.

Je pars du principe que les États-Unis devront traverser une grave récession, avec une nette augmentation du chômage, pour que l'inflation se rapproche à nouveau de l'objectif de 2% fixé par la Fed. Et pour cela, il faudra probablement des taux d'intérêt nettement plus élevés, qui s'accompagneront d'une baisse des bénéfices des entreprises.

En outre, on suggère qu'une récession est déjà intégrée dans les prix et que les actions ne vont plus trop baisser. Or, je pense qu'elles vont continuer à baisser.

Il ne faut pas s'attendre à un grand soutien de la part de l'Europe. Contrairement aux États-Unis, les salaires et les loyers ne sont pas la principale cause des pressions inflationnistes en Europe, mais plutôt l'énorme augmentation du coût de la vie. Il est difficile d'imaginer comment l'Europe pourra éviter une récession si les coûts de l'énergie s'envolent. Les chiffres sont effrayants. Au Royaume-Uni, la facture énergétique moyenne des ménages devrait dépasser les 3.000 livres en octobre, puis continuer à augmenter pour atteindre 4.000 livres en janvier 2023. Certes, une partie de cette hausse sera absorbée par des aides publiques, mais cela ne fera qu'atténuer l'impact, ne protégera pas l'industrie et continuera à peser sur les finances publiques. Les conditions sont différentes dans les autres pays européens, mais les perspectives sont sombres pour l'Europe du Nord et en particulier pour l'Allemagne.

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