Wall Street reste sur sa faim, la conférence de presse de Jerome Powell la laissant avec plus de questions que de réponses. Rien à dire sur le communiqué officiel de la Réserve Fédérale, qui ne surprend pas et reste dans une optique «boucle d’or» avec une approche ni trop restrictive ni trop expansionniste, juste assez pour combattre l’inflation sans faire dérailler la croissance. Donc, jusqu’ici tout va bien. En revanche, la conférence de presse de Jerome Powell laisse songeur, le patron de la Fed déclarant notamment que «les prix des actifs sont quelque peu élevés»… Mais l’essentiel se trouve dans son refus d’articuler un calendrier précis sur le rythme et la rapidité des hausses de taux, le boss de la Fed laisse entendre que l’institut d’émission dispose d’une marge de manœuvre confortable pour agir, ce que le marché interprète immédiatement comme «guys, nous pourrions peut-être relever les taux de 50 points de base au mois de mars». Du coup, on se dit dans les salles de marchés que 5 hausses cette année ne sont pas à exclure et le marché comprend que Jerome Powell est réellement en train de devenir un faucon.

Déception dans le camp des taureaux donc et le marché des swaps prévoit désormais 30 points de base de hausse en mars, ce qui implique une probabilité de 1 chance sur 5 pour que la Fed relève son taux directeur de 50 points à cette occasion. Il n’y a donc pas le feu au lac, c’est juste que l’on espérait secrètement qu’oncle Jay allait donner leur sucre aux bulls, caramba encore raté! Les indices se replient assez logiquement après le discours, le S&P500 (SPX) est maintenu en respect par sa moyenne mobile à 200 jours (4432 points contre 4349 à la cloche), les volumes d’échanges sont soutenus avec 14,7 milliards de titres traités sur le NYSE et la volatilité reste élevée, le VIX clôture en hausse de 2,4% à 32. Cela mérite de s’y arrêter quelques instants. Certes le marché est déçu, mais la hausse mesurée du VIX indique probablement que le marché comprend aussi que Jay Powell fait simplement son travail et aussi que la Fed est à nouveau totalement indépendante ce qui, à terme, est une excellente nouvelle. Alors bien sûr, les esprits chagrins (lisez les ours) me diront que ce matin les futures sont orientés vers le sud, certes mais dans l’intervalle Tesla, Intel et Samsung sont passées par là avec des résultats plutôt mitigés, c’est à garder en tête.

On revient au marché avec le rendement de l’emprunt US à 10 ans, qui grimpe à 1,87% après le speech de Jerome Powell, pour revenir à 1,83% ce matin, gardez un œil attentif là-dessus, le marché accepte l’idée que les rendements grimpent, en revanche il déteste que cela se produise rapidement. L’or ne parvient pas à profiter de la Fed, l’once recule à 1812 dollars, le pétrole se maintient aux alentours des 87 dollars le baril de WTI Light Crude, la demande reste plus forte que l’offre, tandis que le dollar fait le break contre l’euro, la paire EUR/USD évolue à 1,1212, à suivre le bas du 24 novembre qui se situe à 1,1186.

Les États-Unis et l'OTAN ont remis des réponses écrites aux demandes de sécurité de la Russie, laissant le gouvernement du président Poutine, qui n'a pas vu ses principales demandes satisfaites, répondre. L'offre américaine comprend plus de transparence dans les exercices militaires et une volonté de ne pas déployer de missiles à portée intermédiaire ou de troupes de combat en Ukraine en échange d'engagements réciproques de la part de la Russie, selon l’agence Bloomberg.

Soirée disco chez Boris! Le Royaume-Uni supprime toutes les restrictions liées au Covid à partir d'aujourd'hui, tandis que l'Italie assouplira les restrictions pour les voyageurs de l'UE à partir de la semaine prochaine. Le Danemark et l'Autriche ont également décidé de mettre fin à certaines mesures. En Allemagne, le nombre de cas quotidiens dépasse les 200’000 pour la première fois. Hong Kong envisage de raccourcir la longue période de quarantaine imposée aux voyageurs. L'épidémie en Chine s'est étendue à son principal centre de commerce électronique.

Grosse actualité macroéconomique aux Etats-Unis aujourd’hui avec à 14h30 avec les commandes de biens durables, la première estimation du PIB du quatrième trimestre et les demandes hebdomadaires d'allocation chômage.

ABB: Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 29 à 30 francs. Kerry: Morgan Stanley démarre le suivi à surpondérer en visant 127 euros. Orpea: AlphaValue passe d'acheter à vendre en visant 38,80 euros. Swiss Re: UBS reste à la vente avec un objectif de cours relevé de 84 à 87 francs. Tesla recule de 0,8% post-séance après des résultats un peu plus élevés que prévu mais des prévisions prudentes. Intel perd 2,8% hors séance après ses résultats. Samsung Electronics en baisse de 2% après ses résultats trimestriels, ressortis en vive hausse mais un peu moins solides que prévu. La Chine songerait à démanteler China Evergrande Group pour mettre fin à la crise, selon Bloomberg. Constellation Energy va remplacer The Gap dans le S&P500. Deutsche Bank va reverser 700 millions d’euros à ses actionnaires via des rachats d'actions et des dividendes. Givaudan acquiert 48% du brésilien Nanovetores Group.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent nettement dans le rouge, échaudés par oncle Jay (mais quelle mouche l’a piqué de déclarer que les prix des actifs sont élevés?). Tokyo recule de 3,1% à la cloche, Hong Kong perd 2,5%, Shanghai 1,8% et Séoul 3,5%. Le future SPX s’en sort plutôt bien, qui perd 0,9% tandis que l’Europe va rendre ses gains de 2% d’hier à l’ouverture. La Fed a fait son travail, le marché va progressivement se concentrer à nouveau sur les résultats de sociétés et ça tombe bien, ce soir après la clôture nous aurons droit à Apple…