Gonet: l'actualité des marchés au 21 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,89%, S&P 500 -1,10%, Nasdaq -1,30%, Russell 2000 -1,88%, SOX -3,25%, Eurostoxx +0,73%, SMI +0,28%.

Wall Street tente un nouveau rebond sans plus de succès que mercredi. Tout avait bien commencé pourtant mais la fragilité actuelle du sentiment du marché apparait au grand jour lorsque Peloton Interactive (PTON -23%) siffle sa fin de covid à elle, en annonçant suspendre la production de ses produits, la demande en vélos stationnaires et en tapis roulants d’appartements chute. Coïncidence ou pas? A partir de ce moment-là, toutes les classes d’actifs changent de cap, oubliées les couvertures de positions shorts du matin, personne ou pas grand monde n’ose acheter cette faiblesse-ci. L’indice Tick atteint même -1875 à un moment de la séance, ce qui indique combien le sentiment à court terme du marché est détérioré. Les indices clôturent au plus bas du jour et le swing entre le plus haut et la clôture du Nasdaq100 (NDX) atteint 3,3%, contre 2,7% au S&P500 (SPX). La volatilité en profite, le VIX gagne 8,5% supplémentaires et dépasse les 25 à la cloche, le marché entre dans son money time, le niveau de 30 est à regarder de près sur le VIX, si le marché va jusque-là…

L’annonce de Peloton est probablement une simple excuse pour sortir du marché, elle ne peut expliquer ce repli soudain à elle seule. Les intervenants sont toujours en train de digérer l’idée de hausses de taux par la Fed, ainsi qu’une certaine crainte de ralentissement de la croissance américaine. Hier les demandes hebdomadaires d’allocations chômage ressortent nettement plus fortes que prévu, ce qui est probablement la faute d’Omicron mais qu’importe, on se met en mode «aversion au risque» dans les salles de marchés, ce qui permet, ô ironie du sort, au rendement de l’emprunt US à 10 ans de reculer, il évolue à 1,78% ce matin. Le dollar est recherché mais pas agressivement, la paire EUR/USD traite à 1,1335, l’or reste demandé, l’once évolue à 1838 dollars. Quant au pétrole, il recule logiquement, à 84,41 dollars le baril de WTI Light Crude.

Lorsque le marché se met la tête à l’envers et laisse l’émotionnel l’envahir, je tente d’imaginer Warren Buffet et Charlie Munger élaborant des stratégies d’achats, ces deux-là doivent être bien occupés ces jours… Et dans ces moments de détérioration rapide du sentiment, l’analyse technique permet bien souvent de garder la tête froide. Le SPX a cassé sa moyenne mobile à 100 jours, un mauvais point pour lui. Il regarde désormais sa 200 jours, un niveau de support important, elle se situe à 4427 points (clôture 4482 hier soir) soit 1,2% plus bas, niveau fort intéressant à priori. Du côté du NDX, la 200 jours est testée en clôture hier alors que la 50 semaines se situe juste en-dessous de la clôture d’hier.

Au chapitre des secteurs, le seul à parvenir à garder la tête hors de l’eau hier soir est celui des utilities. Le breadth (l’écart entre les titres clôturant en hausse par rapport à ceux en baisse) s’élève à +15% pour le SPX et +18% pour le NDX, c’est faible.

Les valeurs technologiques sont à nouveau grandement responsables de la gifle d’hier. En outre, 9 des 10 plus importantes capitalisations boursières du SPX reculent, dans un tel contexte il est quasiment impossible à l’indice de rester dans le vert. Les exceptions du jours s’appellent Morgan Stanley (MS +4,3%) qui  bat la concurrence au quatrième trimestre, Pfizer, une valeur défensive ou encore Booking, qui profite de positionnements dans le marché en vue d’une reprise du tourisme. Les rares valeurs technologiques à gagner du terrain hier méritent d’être mentionnées: ASML, Tesla et Electronic Arts.

Le contraste entre les indices américains et européens est saisissant. Le NDX recule de 9% depuis le début de l’année, le SPX de 6% alors que l’Eurostoxx est à l’équilibre, que Londres grimpe de près de 3% et Paris de 0,6%. Le Stoxx 600 Europe recule quant à lui de 0,9%.

De nombreux acteurs du marché n’ont probablement jamais vécu une correction, une vraie, pas comme l’épisode covid de février-mars 2020, où le SPX a chuté de 35%. Tout le monde comprenait pourquoi alors. Aujourd’hui la situation est différente, le marché fait douter un nombre croissant d’intervenants, qui vont rendre les armes ou ont déjà capitulé, alors que les Buffet, Munger & Cie attendent patiemment de revenir dans le marché. Rappelons simplement que les corrections font partie du cycle boursier, qu’elles sont inévitables et bien souvent saines. L’investisseur qui regarde à moyen, long terme, ne sourcille même pas à leur avènement.

Antony Blinken rencontre son homologue russe Sergei Lavrov à Genève aujourd'hui, dans un contexte de tensions persistantes au sujet de l'Ukraine. Washington a autorisé les pays baltes à envoyer des armes de fabrication américaine en Ukraine, selon le Wall Street Journal. Plus tôt, les États-Unis et l'Allemagne ont déclaré que toute agression russe, y compris une attaque à petite échelle, déclencherait une réponse sérieuse.

Plus fort qu’Ikea! Jamie Dimon va recevoir une augmentation de salaire de 10%. La rémunération totale du CEO de JPMorgan, qui s'élève à 34,5 millions de dollars, comprend 28 millions de dollars d'actions à négociation restreinte liées aux performances, un salaire de base de 1,5 million de dollars et un bonus de 5 millions de dollars.

Selon JPMorgan Asset Management, un resserrement de la BCE pourrait déclencher une vague d'argent liquide qui reviendrait sur le continent et donnerait un coup de fouet à l'euro. «Si le marché peut commencer à envisager sérieusement une normalisation de la politique de la BCE en 2023, cela serait, à notre avis, plus puissant que n'importe quelle hausse supplémentaire de la Fed», déclare JP Morgan.

La France va assouplir certaines restrictions à partir du mois prochain, tandis que les cas quotidiens en Allemagne ont atteint un nouveau record. L'administration Biden surveille les données des entreprises opérant en Chine pour déterminer si les épidémies d'omicron menacent les chaînes d'approvisionnement américaines. L'augmentation des infections a suscité des craintes quant à l'éventualité d'un super événement de propagation à Hong Kong. Environ 1,5% des athlètes et autres personnes entrant à Pékin pour les Jeux olympiques d'hiver sont testés positifs. La pénurie de personnel hospitalier aux États-Unis montre des signes d'atténuation.

Peu de données macro-économiques aujourd'hui, hormis l'indice des indicateurs avancés américain de décembre à 16h00.

Assicurazioni Generali: Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 19,50 euros. Intesa: Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 3,30 euros. Swiss Re: Société Générale passe de conserver à acheter en visant 110 francs. Airbus résilie une commande de 50 A321 avec Qatar Airways sur fond de polémique sur la peinture des appareils. Intel envisage d'implanter une usine de puce dans l'Ohio pour un investissement de 20 milliards de dollars, selon Reuters. China Evergrande Group souhaite obtenir une aide supplémentaire pour faire face à sa dette.

Grosse fatigue pandémique! Netflix dégringole de 20% dans le marché après-bourse après que ses perspectives d'abonnés pour le premier trimestre aient déçu. Le géant du streaming prévoit d'ajouter 2,5 millions de nouveaux clients, ce qui est bien inférieur à la hausse de 6,26 millions attendue par le marché.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent dans le rouge mais ne plongent pas. Tokyo recule de 0,90% à la cloche, Hong Kong égare 0,07%, Shanghai perd 0,91% et Séoul rend 0,99%. Le future SPX perd 0,16% et l’Europe ouvre en repli de 1,4%, effet de rattrapage oblige.

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