Gonet: l'actualité des marchés au 24 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,30%, S&P 500 -1,89%, Nasdaq -2,72%, Russell 2000 -1,78%, SOX -1,72%, Eurostoxx -1,63%, SMI -1,63%.

Wall Street conclut sa semaine comme elle l’a débutée, faiblement. Le marché s’inquiète de l’état réel des marges bénéficiaires des sociétés (par exemple Goldman Sachs et la hausse de ses coûts de rémunération, Netflix et la hausse de ses coûts de programmation ou encore PPG Industries et la hausse des coûts des matières premières). Les investisseurs s’inquiètent  par ailleurs de se retrouver piégés dans des titres de sociétés de croissance mais chères. Paradoxalement, le marché peine à voir le verre à moitié plein. Prenez Procter & Gamble, qui fait preuve d’un pouvoir de fixation des prix suffisant pour surmonter la hausse de ses coûts, l’émotionnel a pris le dessus… Pour l’instant. De plus, le spectre de l’inflation reste bien présent, la Fed se réunit ce mercredi et devrait nous en dire plus quant à son calendrier de hausses de taux. Et puis on le sait bien, la vente appelle la vente, cet effet boule de neige fonctionne à merveille la semaine passée, rappelons ici que de très nombreux acteurs du marché n’ont jamais vécu un tel contexte.

Dans les faits, le Nasdaq100 (NDX) abandonne 7,5% sur la semaine, le S&P500 (SPX) recule de 5,8% et casse ses moyennes mobiles à 100 et 200 jours, joli petit exploit technique. Des poids lourds de la cote lui maintiennent fermement la tête sous l’eau, on pense ici à Amazon qui traite désormais 23% en-dessous de son top de juillet, Netflix qui évolue 22% sous son plus haut ou encore Meta Platforms qui se situe désormais 20% plus bas que son record de septembre.

Chaque jour de la semaine passée ressemble à s’y méprendre à un «jour de la marmotte» (pour ceux qui ne connaissent pas le film, cessez immédiatement de lire cette chronique et allez-y, Bill Murray y est au top), la séance commence sur une note d’espoir et la pression vendeuse augmente fortement en fin de journée, sans toutefois que la panique ne semble gagner les intervenants. On se réfugie certes dans les obligations gouvernementales US, le rendement du 10 ans revient à 1,76%, mais cela ne ressemble pas à un exode. Le Dollar Index (DXY) ne gagne que 0,6% sur la semaine, la paire EUR/USD évolue ce matin à 1,1328. Le pétrole reste relativement demandé, le baril de WTI Light Crude traite au-dessus de 85 dollars ce matin. Quant à l’or, il tente de s’échapper vers le nord mais n’y parvient pas vraiment, même si le métal jaune casse sa résistance de 1834 dollars par once. La volatilité est en pleine forme, le VIX décolle de 12% supplémentaires vendredi et atteint 29, niveau carrément intéressant avec en point de mire un top potentiel à 35, toutes choses restant égales par ailleurs.

Au chapitre des secteurs, le podium des perdants de la semaine du SPX se compose de la consommation discrétionnaire (-8,5%), la technologie (-6,9%) et des services de communication (-7,1%). Les utilitaires parviennent à limiter la casse et ne rendent que 0,8%.

Bloomberg nous rappelle ce weekend que l’histoire parle en faveur du marché des actions. Statistiquement, les périodes de resserrement monétaire ne sont pas aussi terribles que ce que laisse augurer ce début d'année 2022. C'est même tout le contraire, puisque 11 des 12 cycles de hausse des taux lancés par la Fed depuis 1950 se sont conclus par une année boursière positive. La hausse moyenne durant cette période est de 9% pour les actions américaines.

Les États-Unis ordonnent aux membres des familles se trouvant à leur ambassade à Kiev de quitter le pays par crainte d'une invasion russe. Le président Biden envisage de déployer des troupes en Europe de l'Est et dans les pays baltes, et d'envoyer des navires de guerre et des avions aux alliés de l'OTAN, selon le New York Times. Antony Blinken avait auparavant rejeté les pressions en faveur d'une escalade immédiate des sanctions contre la Russie, affirmant que cela limiterait les options occidentales à l'avenir. Moscou dément les allégations du Royaume-Uni selon lesquelles elle comploterait pour installer un dirigeant pro-Kremlin à Kiev.

La perspective que le Premier ministre Mario Draghi soit choisi comme prochain président de l'Italie s'est renforcée après le retrait de Silvio Berlusconi. Mais le leader du parti de la Ligue, Matteo Salvini, déclare que M. Draghi devrait continuer à jouer son rôle de premier ministre, les politiciens recherchant un consensus sur un candidat alternatif à la présidence. Retirer Draghi du poste de premier ministre «serait dangereux pour l'Italie dans un moment aussi difficile», indique Salvini. Mario Draghi déclare qu'il est prêt à changer de poste. Le vote pour le nouveau président commence aujourd'hui.

Les pays de l'UE décident de ne pas ajouter de restrictions pour les voyageurs vaccinés. L'Allemagne maintiendra probablement les restrictions actuelles alors que le nombre de cas diminue pour la troisième journée consécutive. Les patrons des compagnies aériennes exhortent le Royaume-Uni à rétablir l'interdiction des voyages internationaux. La Russie enregistre un record quotidien de plus de 63’000 infections. Anthony Fauci déclare que la poussée d’omicron pourrait bientôt atteindre un pic, mais que le déclin ne sera pas uniforme dans tous les États-Unis.

Résumons, les investisseurs sont inquiets au sujet des résultats de sociétés, de la Fed, de l’inflation et peut-être un peu de l’Ukraine. Ça tombe bien, la majorité de ces sujets sera couverte par l’actualité cette semaine. Bon nombre de firmes se dirigent vers le confessionnal des résultats, notamment Apple (AAPL), Microsoft (MSFT), Tesla (TSLA), Intel (INTC), McDonald's (MCD) et Robinhood Markets (HOOD). La réunion de deux jours de la Réserve fédérale dominera également la conversation avec plus de clarté sur la fin de l'assouplissement quantitatif prévu et des indices potentiels sur le rythme des hausses de taux d'intérêt qui pourraient faire basculer les rendements du Trésor. Et jeudi nous aurons droit à la publication de l’indice Core PCE aux Etats-Unis, qui nous permettra de nous faire une meilleure idée au sujet de l’inflation.

Les indicateurs PMI flash de janvier seront égrenés tout au long de la journée pour les principales économies. Aux Etats-Unis, il y aura aussi l'indice d'activité de la Fed de Chicago à 14h30.

Allianz: Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 250 à 265 euros. Richemont: Citigroup reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 161 à 178 francs. Credit Suisse: Barclays passe de neutre à souspondérer en visant 9 francs. Swiss Re: Credit Suisse passe de neutre à surperformance en visant 111 francs. The Swatch Group: HSBC passe de conserver à acheter en visant 360 francs. UBS: Barclays passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 18 francs. Zur Rose: UBS réduit son objectif de cours de 250 à 169 francs. Deutsche Lufthansa serait sur le point de prendre 40% d'ITA, le futur Alitalia. Le fonds activiste Trian entre au capital d'Unilever, rapporte le Financial Times. En plus d'examiner une opération avec Iliad en Italie, Vodafone aurait aussi songé à racheter 3 UK.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé, Tokyo gagne 0,24% à la cloche, Hong Kong abandonne 1,27%, Shanghai traite à l’équilibre et Séoul recule de 1,49%. Le future SPX grappille 20 points et l’Europe ouvre en repli de 0,7%.

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