Les implications de la «vague bleue» pour les investisseurs

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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La stratégie de «reflation trade», qui favorise les valeurs cycliques, restera probablement valide.

L'issue du deuxième tour des élections sénatoriales en Géorgie et la certification des résultats de l'élection présidentielle par le Congrès des Etats-Unis ont mis un terme à un cycle électoral qui a tiré en longueur. Les deux candidats démocrates ont remporté de justesse les sièges de sénateur en jeu dans l'Etat de Géorgie, permettant ainsi à leur parti d'être majoritaire au Sénat. Le Parti démocrate contrôle désormais la Maison-Blanche ainsi que les deux chambres du Congrès.

Même si la «vague bleue» a bien eu lieu, elle n'a rien du raz-de-marée anticipé dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle. Néanmoins, le résultat des élections permettra aux démocrates de gouverner à leur guise lors des deux prochaines années.

Tour d’horizon du nouveau rapport de forces à Washington et de ses répercussions en matière de politiques publiques et d'investissement.

1. De nouvelles mesures de relance budgétaire

Les démocrates contrôlent tous les leviers du pouvoir, ce qui est de nature à faciliter l'adoption de nouvelles mesures de relance budgétaire. Les déclarations du président élu suggèrent qu’elles seront proposées à brève échéance. La stratégie de «reflation trade», qui favorise les valeurs cycliques, restera probablement valide, comme en témoignent les fluctuations de cours dans le sillage de la victoire des démocrates. 

Les investisseurs anticipent une reprise économique
plus forte et une augmentation de la dette des Etats-Unis.

Le 6 janvier, l'indice S&P 500 Equal Weight (version équipondérée) a sensiblement surperformé le principal indice parent et l'indice Russell 2000, représentatif des petites capitalisations, a bondi de 4% vers un nouveau sommet historique. En revanche, l'indice Nasdaq a terminé en baisse, les investisseurs ayant délaissé les valeurs technologiques défensives. Le spectre d'un durcissement de la réglementation applicable aux géants technologiques n'y est pas non plus étranger.

Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans a augmenté et la courbe des taux s'est redressée. Les investisseurs anticipent en effet une reprise économique plus forte et une augmentation de la dette des Etats-Unis. Les valeurs financières ont rebondi car la hausse des taux d'intérêt et le redressement de la courbe des rendements sont de bon augure pour les bénéfices dans le secteur de la finance. Comme il est peu probable que la Réserve fédérale américaine infléchisse de sitôt le cap de sa politique monétaire, la hausse des rendements obligataires s'annonce limitée. 

Néanmoins, la Recherche d’UBS a une préférence pour les valeurs financières américaines et celles de la zone euro compte tenu de leur valorisation attrayante et du potentiel de redressement de leurs bénéfices lié en partie à une diminution des provisions passées.

2. Une possible augmentation des impôts

La nouvelle administration est susceptible d'augmenter la pression fiscale. Toutefois, les éventuelles hausses d'impôts s'annoncent plus modestes que les dépenses occasionnées par le programme des démocrates, qui pourrait être adopté au moyen d'une procédure d'ajustement du budget («réconciliation»). Il est également possible que les hausses n'entrent pas en vigueur avant 2022. Dans l'ensemble, la politique de l'administration Biden devrait accentuer la relance de l'économie.

Les thèmes liés à l'environnement devraient avoir le vent en poupe
grâce à un soutien constant sur les plans réglementaire, législatif et budgétaire.
3. Impulsion pour la politique environnementale

Le président élu Joe Biden a fait de la lutte contre le changement climatique et de son plan «Building Back Better» (reconstruire en mieux) ses grandes priorités. Toutefois, le règlement du Sénat prévoit un seuil de soixante voix pour l'adoption de la plupart des projets de loi, ce qui permet à l'opposition de faire obstruction. Par conséquent, il est peu probable que toutes les mesures du plan de 2’000 milliards de dollars en faveur de la lutte contre le changement climatique soient adoptées. En outre, l'administration Biden pourrait mettre davantage l'accent sur des politiques centristes, plus consensuelles. 

Cependant, les thèmes liés à l'environnement devraient avoir le vent en poupe grâce à un soutien constant sur les plans réglementaire, législatif et budgétaire. Le projet de loi de relance face à la crise du COVID-19 adopté en décembre dernier comportait un certain nombre de dispositions essentielles censées favoriser l'essor de secteurs liés aux technologies environnementales: les énergies propres, la mobilité intelligente et l'efficacité énergétique, ainsi que les semi-conducteurs à la base de ces technologies. 

Après les récentes émeutes à Washington, le président Donald Trump a enfin appelé à une «transition ordonnée» avec la nouvelle administration. La dissipation de l'incertitude politique a éliminé une source de volatilité à court terme. Par ailleurs, alors que les campagnes de vaccination sont en cours, les investisseurs devraient continuer de se projeter au-delà de la pression constante exercée par le COVID-19 sur les systèmes de santé et de se focaliser sur la perspective d'une généralisation de la reprise économique. La Recherche d’UBS reste optimiste à plus long terme à l'égard des actions en général, et plus particulièrement des valeurs cycliques.

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