Actions: vers une poursuite de la hausse conjuguée à une rotation

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

2 minutes de lecture

Le récent rebond des marchés reflète l'atténuation de l'incertitude politique aux Etats-Unis.

Il y a quelques jours, les actions mondiales ont atteint un sommet historique, avec une progression de 13% depuis le début du mois de novembre. Soit la meilleure performance mensuelle de l'histoire. Outre les résultats encourageants des essais cliniques sur les candidats vaccins, le récent rebond des marchés reflète l'atténuation de l'incertitude politique aux Etats-Unis après que le président Trump a donné son aval à la coopération de ses services avec l'équipe de transition de Joe Biden.

Ce rebond pourrait se poursuivre étant donné le déploiement à venir de divers vaccins, qui devrait intervenir conformément au scénario central de la Recherche d’UBS d'une distribution à grande échelle au deuxième trimestre 2021.

Une cohabitation entre une administration démocrate et un Sénat à majorité républicaine – qui semble être l'issue la plus probable – n'empêchera certainement pas non plus les marchés de poursuivre leur ascension. Depuis 1928, la performance annuelle médiane de l'indice S&P 500 est proche de 12% aussi bien lorsque le même parti contrôle la Maison-Blanche et le Congrès qu'en période de cohabitation.

Il est opportun de parier sur des thèmes
à plus long terme.

Toutefois, on observe une amorce de rotation sectorielle. Depuis le 1er janvier, les cinq géants technologiques américains (Facebook, Apple, Amazon, Microsoft et Google) sont en hausse de 47%, contre 4% pour le reste du marché américain. Lors de la prochaine phase, la hausse devrait profiter à d'autres secteurs et la récente rotation devrait se poursuivre. Il est donc également opportun de parier sur des thèmes à plus long terme.

Surperformance des valeurs cycliques

Les valeurs cycliques et les valeurs décotées ont commencé à surperformer les valeurs de croissance depuis que l'optimisme quant à l'arrivée d'un vaccin contre le Covid-19 a gagné les marchés et cette tendance devrait se poursuivre.

L'indice MSCI Europe, qui comporte davantage de valeurs cycliques, est en hausse de 8,3% depuis que Pfizer a fait état, le 9 novembre, de résultats encourageants pour son candidat-vaccin, contre 3,7% pour le S&P 500, qui comporte davantage de valeurs de croissance.

En dépit de ce revirement, l'Europe sous-performe toujours les Etats-Unis d'environ 16 points de pourcentage depuis le début de l’année. De son côté, l'indice Russell 2000 des petites capitalisations américaines, qui fait lui aussi la part belle aux valeurs cycliques, est bien parti pour enregistrer la meilleure performance mensuelle depuis sa création en 1979, avec un rendement total de 20,6% depuis le début du mois de novembre. Toutefois, il sous-performe toujours les grandes capitalisations de 4 points de pourcentage depuis le début de l'année.

En novembre, l'indice Russell Value a grimpé de 14,5%, contre 10% pour le Russell Growth mais, depuis le 1er janvier, il sous-performe toujours ce dernier de 33 points de pourcentage. A l'orée 2021, la Recherche d’UBS table sur une surperformance des mid caps américaines et des petites et moyennes capitalisations de la zone euro.

Le président élu Joe Biden et sa future administration
vont probablement donner un coup de fouet à l'écologie.
«The Next Big Thing»

Il convient dès lors de chercher à s'exposer à d'autres valeurs technologiques que les seules mégacapitalisations et de guetter «The Next Big Thing», la prochaine grande opportunité.

Depuis 1973, si un secteur du marché des actions américain était l'un des deux plus performants sur les dix années précédentes, il n'avait que 8% de chances de le rester lors des dix années suivantes et 25% de chances de finir dernier ou avant-dernier du classement.

Cette tendance suggère que «The Next Big Thing» ne proviendra probablement pas des deux secteurs les plus performants de la dernière décennie, à savoir les technologies de l'information (IT) et la consommation discrétionnaire. Durant les dix dernières années, le pari gagnant consistait à investir dans le secteur technologique en lui-même. Mais la prochaine décade récompensera certainement plutôt ceux qui investiront dans les trublions issus de secteurs soumis à une transformation technologique.

Les entreprises exposées au déploiement de la 5G et aux technologies financières («fintech»), médicales («healthtech») ou vertes («greentech») sont celles qui présentent le meilleur potentiel de croissance.

Priorité sur l’énergie verte

Le président élu Joe Biden et sa future administration vont probablement donner un coup de fouet à l'écologie, un domaine de croissance pour les investisseurs dans les dix ans qui viennent. Toutefois, il est peu probable que la nouvelle administration obtienne l'aval du Congrès à son plan d'investissement de 2000 milliards de dollars dans les énergies vertes si les républicains restent majoritaires au Sénat. Ce qui est le plus probable.

Néanmoins, la nomination de l'ancien secrétaire d'Etat John Kerry au poste d'émissaire spécial pour le climat suggère que le développement des énergies vertes sera une priorité pour la Maison-Blanche. L'administration Biden aura sans doute recours aux décrets présidentiels et à d'autres outils réglementaires pour promouvoir le développement durable. Certains Etats américains et plusieurs gouvernements à travers le monde sont en train de mettre la réduction des émissions de gaz à effet de serre au cœur de leur politique.

Par conséquent, la Recherche d’UBS entrevoit un potentiel de hausse pour le marché dans son ensemble mais pense que les investisseurs devront se diversifier pour en profiter au mieux.

A lire aussi...