Premier emprunt obligataire du Japon pour financer sa transition énergétique

AWP

1 minute de lecture

Tokyo a émis un emprunt obligataire de 800 milliards de yens à dix ans, avec un rendement de 0,74%, soit un rendement très proche de celui des obligations publiques nippones classiques à même échéance.

Le gouvernement japonais a émis mercredi son premier emprunt obligataire pour financer sa transition énergétique très controversée, car basée en partie sur des technologies encore balbutiantes censées lui permettre de prolonger son recours à des centrales thermiques.

Le Japon a émis un emprunt obligataire de 800 milliards de yens (près de 5 milliards d’euros) à dix ans, avec un rendement de 0,74%, soit un rendement très proche de celui des obligations publiques nippones classiques à même échéance.

L’opération a été sursouscrite par les investisseurs, avec un ratio de 2,9 entre le montant offert par le marché et le montant total émis.

De nombreux observateurs avaient prédit un accueil réservé à cet emprunt japonais inédit de la part d’investisseurs étrangers, par crainte qu’il ne soit pas compatible avec des critères de finance durable plus exigeants qu’au Japon, auxquels ils sont soumis.

Mais le gouvernement nippon a récemment dissipé une partie de ces craintes en expliquant que ce premier emprunt ne servirait pas à financer - du moins directement - ses efforts dans des domaines les plus contestés par les ONG environnementales, comme le gaz ou l’utilisation de l’ammoniac comme cocombustible pour ses centrales à charbon.

«Nous avons observé une évolution positive de la part du gouvernement dans la définition de l’utilisation du produit» de cette émission obligataire, pour en faire une obligation de transition énergétique «crédible», s’est ainsi félicité Kurt Metzger du cabinet Asia Research and Engagement.

Mais beaucoup reste à faire pour lever les ambiguïtés à l’avenir. «Le Japon doit se doter d’une taxonomie complète pour clarifier ce qui est qualifié comme une technologie de transition», a ajouté cet expert.

Le Japon vise une réduction de 46% de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 comparé à 2013, et veut atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.

Mais tout en prévoyant d’accélérer dans les énergies renouvelables et de relancer son secteur nucléaire, moribond depuis la catastrophe de Fukushima en 2011, le Japon ne compte pas renoncer à ses centrales à charbon et à gaz.

Il prévoit plutôt de les adapter pour qu’elles utilisent progressivement comme combustibles de l’ammoniac ou de l’hydrogène.

Ces deux gaz ont l’avantage de ne pas émettre de CO2 en brûlant, mais leur production en l’état actuel émet beaucoup de CO2, tout comme leur transport depuis des régions éloignées du Japon, comme l’Amérique du Nord ou le Moyen-Orient.

C’est pourquoi Tokyo mise aussi sur le développement à grande échelle des méthodes de captage et de stockage de CO2 (CCS), une solution qui se heurte à de nombreux obstacles techniques et financiers et qui est considérée comme une chimère par les ONG environnementales.

Au total, le gouvernement japonais prévoit d’émettre des emprunts obligataires de 20.000 milliards de yens (plus de 120 milliards d’euros) au cours des dix prochaines années pour financer la transition énergétique du pays, dans le cadre d’investissements publics-privés dans le même but qu’il évalue à plus de 150.000 milliards de yens (plus de 930 milliards d’euros) sur la même période.

A lire aussi...