L’année 2023 a commencé le 20 octobre

Eric Vanraes, Banque Eric Sturdza

2 minutes de lecture

Chronique des taux de la banque Eric Sturdza.

 

Avant l’heure, ce n’est pas l’heure…

… Après l’heure ce n’est plus l’heure. Cette expression populaire est la plus adéquate pour illustrer notre état d’esprit en cette fin d’année. Le rebond tant attendu des marchés obligataires a véritablement commencé le 20 octobre dernier pour atteindre des niveaux encore inespérés début septembre. Les spreads de crédit ainsi que les taux souverains atteignent aujourd’hui des niveaux peu attrayants. Les marchés de taux sont allés un peu trop vite et un peu trop loin et s’il faut vraiment augmenter nos expositions crédits et duration dans nos portefeuilles, le moment est sans doute mal choisi. Il fallait le faire avant le 20 octobre ou sinon attendre une correction début 2023 (ou peut-être en fin d’année après la Fed demain) mais aujourd’hui il semble urgent de ne rien faire. Des taux longs US à 3,5%, un Bund 10 ans à 1,9% ou des spreads qui n’attendent qu’une correction de Wall Street pour repartir dans l’autre sens ne nous permettent pas de promouvoir notre classe d’actifs comme le font la quasi-totalité des grandes maisons d’Asset Management. Nous devons donc nous résigner à prôner la prudence et à donner rendez-vous à nos investisseurs lorsque nous retournerons vers des niveaux les plus proches possibles de ceux qui prévalaient encore mi-octobre.  

Après le PPI et avant la Fed

La sortie tant attendue des chiffres PPI vendredi dernier a un peu calmé les ardeurs des marchés. Certes, les signes de reflux de l’inflation s’accumulent mais la piqûre de rappel du PPI nous rappelle que nous ne sommes toujours pas sortis de l’ornière. Le FOMC de demain pourrait s’avérer plus hawkish que ce qu’attendent les plus optimistes en termes d’inflation. Aujourd’hui, la courbe des taux Treasuries, totalement inversée (y compris sur le 10-30 ans ce qui n’était plus le cas ces dernières semaines) nous fait plus penser à un mouvement dû à une recrudescence du pessimisme concernant la récession. Nous le sentions déjà début octobre et une grande partie de la forte décrue des taux longs est bien la conséquence du changement de sentiment des marchés qui sont passés de l’inflation à la récession en termes de sujet d’inquiétude numéro un.

Prédictions 2023, il faudra attendre

Cette chronique ne devrait pas se terminer sans évoquer nos attentes pour 2023 sur les marchés de taux. Malheureusement, nous préférons botter temporairement en touche et attendre début janvier. Il n’est pas dans nos habitudes de nous défiler mais compte tenu des performances stratosphériques qui sont les nôtres depuis ce fameux 20 octobre, toutes les performances positives délivrées dans les dernières semaines de 2022 sont à déduire de nos prédictions 2023. Il reste peu de jours et d’événements censés faire bouger significativement les marchés en 2022. Une majeure partie de la réponse à toutes nos questions nous sera donnée demain, à l’issue de la dernière réunion de la Fed. Nous vous souhaitons donc de bonnes fêtes de fin d’année et vous donnons donc rendez-vous début janvier pour de nouvelles aventures obligataires en terminant cette ultime chronique de l’année par une boutade. Nous avons en effet la chance d’évoluer dans le seul marché qui monte toujours : parfois ce sont les prix, parfois ce sont les taux. Si 2022 a vu monter fortement les taux, espérons que 2023 sera l’année de la remontée des prix!

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