Inflation? Quelle inflation?

Eric Vanraes, Banque Eric Sturdza

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Chronique des taux de la banque Eric Sturdza.

 

Un CPI encourageant

L’indice d’inflation d’octobre est ressorti à +0,4% alors que les marchés s’attendaient plutôt à +0,6%. Par conséquent, nous avons eu droit à une petite surprise en YoY, cette progression mensuelle plus faible s’accompagnant de l’élimination du CPI MoM d’octobre 2021 qui avait atteint +0,9%. Ainsi, avec un +7,7% et «seulement» +6,3% hors alimentation et énergie, les marchés se sont mis à espérer un repli en cette fin d’année, synonyme de Fed moins agressive le 14 décembre. Nous ne saurons jamais si le rebond des marchés était également partiellement lié à la débâcle de FTX et à une prise de conscience des investisseurs crypto-euphoriques. Il est toujours utile de rappeler qu’il ne faut pas confondre cryptos et plateformes de cryptos mais le mal est fait. Quelle que soit l’origine exacte de ce bull market généralisé à la veille d’un week-end de trois jours dans de nombreux pays, force est de constater que la partie longue de la courbe se retrouve désormais plus près de notre objectif de 3,70% que du niveau de 4,50% tant redouté par certains et tant attendu par d’autres (dont nous) pour remettre de la duration.

Ne nous emballons pas

Ce CPI est de bon augure mais 7,7%, c’est encore très éloigné de 2%. La Fed ne va pas s’arrêter en chemin parce qu’une donnée mensuelle est encourageante. Mais les marchés ont décidé de repeindre en rose l’horizon : les Midterms sont derrière nous, Biden est en Chine pour arrondir les angles avec Xi dans un Empire du Milieu qui assouplit ses mesures anti-Covid, le Bitcoin souffre fortement mais ne plonge pas dans les abysses… Tout va bien! Les résultats des Midterms sont pourtant relativement décevants pour les marchés qui validaient un raz de marée rouge Républicain. Nous avons eu droit à un sursaut Démocrate (qui conserve la majorité au Sénat) et un camouflet pour l’aile Trumpiste du GOP. Une victoire sans appel de l’opposition, avec à sa tête les MAGA, aurait en effet incité les marchés à tirer, sans doute à la hâte, deux conclusions qui leur auraient été favorables.

L’analyse de crédit et la gestion active vont prendre leur revanche l’année prochaine.

En premier lieu, la politique agressive de la Fed aurait été jugée plus efficace puisqu’elle n’aurait pas été perturbée par des politiques généreuses d’aide aux ménages décidées par l’administration Biden repoussées par le Congrès. Ensuite, les Républicains (tendance MAGA) auraient milité pour un soutien bien moins important à l’Ukraine, forçant Zelensky à un processus de négociation de paix. Aujourd’hui, le Sénat reste Démocrate et à la chambre des représentants, il manque six sièges au GOP pour obtenir la majorité (212 sièges sur 218 pour rafler la mise). Dans le meilleur des cas pour eux, les Républicains seront au mieux majoritaires d’une courte tête et ses membres les plus extrêmes seront minoritaires. Biden sera donc combattu pour mettre en œuvre sa politique mais il aura largement sauvé son camp. Il nous reste donc à évaluer dans quelle mesure le pouvoir de nuisance du GOP lui permettra d’influencer la politique des Etats-Unis sur ces deux sujets majeurs que sont la politique budgétaire et le soutien à l’Ukraine.

Bonds are back

En cette fin d’année, il ne se passe pas un jour sans que des Banques d’Investissements ou Asset Managers de renom (notamment sur Allnews) incitent les investisseurs à reconsidérer les obligations dans leur stratégie d’allocation d’actifs pour 2023. Nous ajoutons notre pierre à l’édifice en affirmant que ces campagnes d’information ne sont pas uniquement à but commercial. De véritables arguments militent pour reconsidérer les bonds, à une nuance près. Comment caractériser le risque obligataire en un seul mot dans l’environnement actuel? la réponse est: défaut.

A partir du moment où l’on estime que le risque de défaut d’un émetteur est nul ou quasi-nul, le rendement offert par ses obligations est une véritable source de performance pour les années qui viennent. Cela signifie qu’il faut privilégier la qualité, gouvernements (duration pure) et crédits Investment Grade au détriment du high yield et des émergents mais surtout de toutes les structures à leverage. L’effet levier était sympathique lorsque les taux étaient proches de zéro en dollars et négatifs en Europe mais suite à la brutale remontée des taux de 2022, certains vont souffrir, d’autres ne vont pas survivre. L’analyse de crédit et la gestion active vont prendre leur revanche l’année prochaine. Pour terminer, voici un petit teaser de notre chronique de mardi prochain: nous vous dévoilerons un élément important de notre processus d’investissement 2023, un élément inédit qui tient compte de notre adaptation à l’environnement de taux plus élevés. A mardi prochain!

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