2 novembre, 8 novembre et 14 décembre

Eric Vanraes, Banque Eric Sturdza

2 minutes de lecture

Chronique des taux de la banque Eric Sturdza.

 
Jour de FOMC

Demain, les marchés retiendront leur souffle au moment de l’allocution de Jerome Powell. Si une hausse de taux de 0,75% est quasi certaine, c’est le dernier FOMC de l’année qui va peut-être se jouer au gré des propos, émis ou omis, du grand patron de la Fed. Il mentionnera sans doute les très légers progrès du côté de l’inflation, avec un PCE Deflator stable à 6,2% et – surtout – un PCE Core à 5,1%. Jeudi dernier, les marchés ont eu le sentiment que Madame Lagarde était moins hawkish que prévu. Nous l’avons attentivement écoutée et notre impression est différente. Nous allons donc attendre Monsieur Powell au tournant et tenter de déceler tel ou tel indice qui indiquerait que le mouvement de hausses de taux de la Fed est bientôt terminé.

Parier sur des hausses de taux à 0,75%, 0,50% ou 0,25% sans mentionner le QT est un exercice inutile.

Il va tout de même bien falloir évoquer à un moment donné l’avenir du Quantitative Tightening. C’est ce thème qui nous intéresse au plus haut point car Si les Fed funds s’élèvent à 4% demain (fourchette haute) et que nous ajoutons environ 1% de QT, étant donné que le PCE Core est sorti à 5,1% vendredi, les Fed funds réels ne sont déjà plus négatifs. Cela rend d’autant plus incertain le scénario du 14 décembre. Ensuite, nous l’avons maintes fois répété, parier sur des hausses de taux à 0,75%, 0,50% ou 0,25% sans mentionner le QT est un exercice inutile. C’est la somme des deux politiques qui importe et nous pouvons tout à fait imaginer une pause du côté des hausses de taux tout en maintenant le rythme de réduction de la taille du bilan.

Entre ces deux FOMC d’importance majeure, auront lieu le 8 novembre les élections de mi-mandat. Les sondages qui donnent les Républicains gagnants seront-ils confirmés par le verdict des urnes? C’est un tournant important de la présidence Biden qui se joue car les conséquences sur la politique économique, budgétaire et fiscale des Etats-Unis pour les deux années qui viennent ne sont pas négligeables.

TINA à l’envers?

Sur les marchés de taux, nous ne trouvons rien de très attrayant depuis un certain temps hormis l’Investment Grade à duration courte en dollars. Les spreads high beta peuvent s’écarter encore, les hybrides sont sans doute proche du bottom mais la liquidité est horrible et du côté des Treasuries, nous attendons toujours un retour au-dessus de 4,5% pour remettre un peu de duration. Si nous devions absolument trouver une «idée de la semaine», ce serait celle-ci: l’Investment Grade 3 ans en euros. Rien de bien original!

Après une dizaine d’années de purgatoire, plombés par les taux négatifs en euro et très faibles en dollars, les marchés de crédit reviennent en force.

Dans la foulée de la sortie de notre produit en dollars Investment Grade à échéance fixe, nous nous sommes amusés à voir ce que cela donnerait en euros, sachant que les niveaux de taux sont plus bas et les spreads toujours à la merci d’une vague d’écartement supplémentaire. Nous avons été surpris par le résultat puisque nous avons assez facilement atteint 4% de rendement. Nous nous sommes même approchés de 4,30% en ajoutant quelques émergents de très grande qualité et deux émetteurs notés BB+ qui sont dans notre esprit des quasi-IG. Le crédit senior unsecured en euros est donc également de retour et ce serait aller désormais un peu trop vite en besogne de mentionner uniquement les corporate bonds émis en dollars.

Après une dizaine d’années de purgatoire, plombés par les taux négatifs en euro et très faibles en dollars, les marchés de crédit reviennent en force. L’ironie de l’histoire serait qu’à l’aube de la nouvelle année, TINA soit de retour mais à l’envers, avec des marchés n’offrant pas d’autre alternative que les obligations d’entreprises. Nous n’en sommes pas là, bien évidemment, mais il y a désormais de la valeur dans ces marchés et au moment d’échafauder nos stratégies d’investissement 2023 posons-nous la question de la place que les crédits méritent désormais dans nos allocations d’actifs.

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