Volatilité: amie ou ennemie?

Yves Hulmann

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L’indice VIX est remonté plusieurs fois au-dessus de 30 points en mai, tandis que le ratio «bears/bulls» est à son plus haut niveau depuis 1991, créant les conditions pour un rebond.

Cette année, l’adage boursier selon lequel il vaut mieux vendre en mai et partir et partir en vacances a pleinement tenu ses promesses. Pratiquement tous les indices boursiers des deux côtés de l’Atlantique s’apprêtent à terminer le mois qui s’achève dans le rouge. Le début de la semaine dernière a été marqué par une nouvelle rechute des marchés aux Etats-Unis. Outre-Atlantique, les valeurs technologiques, en particulier, ont été plombées par les mauvaises nouvelles autour de Snap, dont le titre a perdu 43% de sa valeur en une seule séance après que l’exploitant de la plateforme Snapchat a annoncé revoir à la baisse ses attentes pour le reste de l’année. L’annonce a fait craindre une poursuite de la baisse des rentrées publicitaires chez les géants de la «tech» comme Meta ou Alphabet - le tout sur fond de poursuite de la guerre en Ukraine et d’une inflation persistante que les banques centrales peinent à brider aussi bien aux Etats-Unis que dans la zone euro.

C’est parfois lorsque les indices de volatilité se situent à des niveaux historiquement élevés que les rendements obtenus ensuite s’avèrent être les plus hauts.

Cette rechute des marchés a été accompagnée en corollaire par une nette remontée de l’indice VIX qui mesure la volatilité de la bourse américaine à près de 31 points mardi. A plusieurs reprises durant le mois de mai, le «baromètre de la peur» est ainsi remonté à des niveaux qui n’avaient plus été observés depuis la mi-mars. Faut-il s’inquiéter de ce regain de volatilité? On considère habituellement une volatilité élevée comme un signal qui incite à être prudent sur les marchés – c’est seulement lorsque celle-ci recommence à diminuer que l’on peut s’attendre à une phase de stabilisation.

Pourtant, certaines études montrent aussi qu’une volatilité élevée peut aussi être interprétée comme un signe «contrarian», à savoir un moment où il peut être intéressant de revenir sur les marchés, ou du moins de ne pas liquider ses positions. Comme le soulignait une étude publiée par la plateforme The Street en janvier dernier, l’indice VIX tend à atteindre des sommets durant les phases de baisse des marchés, alors qu’il se situe à un faible niveau lorsque les marchés montent calmement. En conséquence, c’est parfois précisément lorsque les indices de volatilité se situent à des niveaux historiquement élevés – typiquement au-dessus de 30, 35 voire 40 points – que les rendements obtenus ensuite s’avèrent être les plus élevés. Les auteurs de l’étude ont même identifié un niveau de volatilité optimal: «Nos recherches ont indiqué que les rendements optimaux (historiquement du moins) étaient atteints lorsque le VIX évoluait au-dessus de 33. A l’inverse, il est temps de vendre si le VIX passe en dessous de 12», résume David Dierking, co-auteur d’une publication de recherche sur le sujet datant de 2020.

Un certain nombre d’indicateurs techniques vont plutôt dans le sens d’une première phase de stabilisation des marchés.

Un autre ratio est souvent utilisé pour tenter d’identifier des phases d’exagération: celui qui met en relation la proportion d’investisseurs baissiers par rapport à ceux qui sont haussiers. Or, le ratio «bears/bulls», tel qu’il est calculé par l’American Association of Individual Investors, a atteint récemment son plus haut niveau depuis la Guerre du Golfe (1991) et dépasse même le niveau qu’il affichait durant la période de la fin de la crise financière (2009). «Ces développements suggèrent que le sentiment des investisseurs au sens large devient trop partial et que les marchés sont dès lors disposés à connaître un contre-mouvement significatif au cours des prochains jours ou semaine», estime LGT Capital Partners dans un commentaire paru la semaine dernière.

Dans une note récente, Credit Suisse arrivait à une conclusion similaire: «L'incertitude actuelle est difficile à tolérer mais nous pensons que les investisseurs ne doivent pas vendre aux points bas du marché dans un élan de panique. Quitter les marchés financiers maintenant pour conserver des liquidités signifierait une perte garantie de pouvoir d'achat compte tenu des taux d'inflation élevés», fait remarquer Michael Strobaeck, chef des investissements au niveau global. Selon lui, «tant que les risques de récession restent maîtrisés, les marchés financiers offrent un potentiel de rendement positif, malgré la volatilité». Les marchés d'actions, en particulier, ont un potentiel de reprise et il existe de meilleures façons de gérer la volatilité que de sortir du marché, conclut l’expert.

Bien sûr, l’historique des crises passées montre que l’on n’est jamais à l’abri d’une rechute des marchés - par exemple, en cas de publications de statistiques négatives sur l’inflation ou de chiffres allant dans le sens d’une contraction significative de l’économie aux Etats-Unis ou en Europe. Malgré tout, un certain nombre d’indicateurs techniques vont actuellement plutôt dans le sens d’une première phase de stabilisation des marchés, pouvant servir de base à un possible rebond.

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