Produits à revenu fixe: des opportunités malgré la hausse des taux

Yves Hulmann

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Selon des experts réunis par UBP, il est encore possible d’obtenir des rendements dans les obligations. Tour d’horizon avec Philippe Lespinard.

L’inflation galopante aux Etats-Unis et dans certains pays européens ainsi que le resserrement des politiques monétaires opéré par les banques centrales est un casse-tête pour de nombreux investisseurs – encore davantage dans le domaine des obligations. Un panel réunissant différents experts de ce secteur réunis jeudi à Zurich par l’Union Bancaire Privée (UBP) a été l’occasion de faire le point sur la situation pour les produits à revenu fixe mais également de livrer quelques pistes pour parvenir à générer des rendements dans un tel environnement de marché.

Privilégier la partie courte de la courbe des taux

Compte tenu de la forte hausse des prix à la consommation, la seule solution pour les banques centrales consisterait en principe à porter les taux d’intérêt nominaux au-delà des niveaux d’inflation, ont rappelé les intervenants. Ainsi, si l’indice des prix à la consommation (IPC) aux Etats-Unis évolue entre 7 et 8%, le rendement des emprunts d’Etat à 10 ans devrait, en théorie du moins, se situer au-dessus de ce niveau. « Dans un tel environnement, nous nous concentrons sur la partie courte de la courbe des taux, par exemple sur des titres dont la maturité est de 3 ou 4 ans», a évoqué Fabrice Rossary, directeur chez SCOR Investment Partners, qui s’exprimait dans le cadre d’une table-ronde organisée lors de l’UBP Investment Insight Summit 2022 qui s’est tenu mercredi et jeudi à Zurich.

«Les banques centrales n’auront pas vraiment d’autre choix que d’accepter que les taux d’intérêt réels restent encore négatifs pendant encore un certain temps.»

Même si de l’avis des participants à la conférence qui ont pris part à un sondage effectué sur place jeudi, on est encore d’arriver à de tels extrémités – un tiers des sondés anticipent des taux à dix ans des emprunts d’Etats américains situés entre 2,5% et 3,5% à fin décembre 2022, tandis qu’un peu plus d’un tiers d’entre eux prévoient des taux supérieurs à 3,5% à cette échéance -, le mouvement de hausse des taux n’est pas près de s’inverser.

Faut-il pour autant s’inquiéter d’un scénario de stagflation? Ce n’est pas la crainte principale de Doug Pardon, co-directeur des investissements (co-CIO) chez Brigade Capital Management: «Je ne suis pas un adepte d’un scénario de stagflation sévère. Certes, il faudra certainement longtemps avant que les taux d’intérêt ne redescendent au niveau de 2% souhaité par les banques centrales mais je ne crois pas non plus que les taux à dix ans dépasseront les 7% l’an prochain», a relativisé le spécialiste des marchés obligataires. Pour Philippe Lespinard, directeur de la gestion d’actifs à Londres (Head of Asset Management London) chez UBP, les banques centrales n’auront pas vraiment d’autre choix que d’accepter que les taux d’intérêt réels restent encore négatifs pendant encore un certain temps, notamment compte tenu de la dette élevée des Etats.

La Chine reste un marché de spécialistes

Compte tenu de la normalisation graduelle des taux d’intérêt en cours, vaut-il encore la peine de continuer à détenir des produits à revenu fixe dits alternatifs, comme certains placements dans l’immobilier ou des titres de dette privée? Aux yeux de Philippe Lespinard, investir une partie de ses avoirs dans de tels instruments gardera tout son sens – pour autant que ces actifs soient détenus par les bons acteurs qui savent les maîtriser. A ce sujet, Fabrice Rossary continue, lui, d’apprécier les placements dans les infrastructures, notamment en raison de la stabilité des revenus qu’ils génèrent et des garanties qui sont souvent apportées à ces projets.

Attention aux excès du private equity - éviter les «cryptos».

Hors Europe et Etats-Unis, les experts réunis par UBP restent prudents en ce qui concerne les obligations chinoises, surtout celles de l’intérieur du pays. «La Chine reste un jeu pour spécialistes», considère Philippe Lespinard.

Et où vaut-il mieux surtout ne pas mettre les pieds actuellement? Philippe Lespinard se montre prudent au sujet de certains placements dans le private equity, un domaine où les agences de notation ont parfois fait l’objet de complaisance ces dernières années.

Pour Fabrice Rossary de SCOR Investment Partners, il vaut mieux se tenir à l’écart de tout ce qui touche aux cryptomonnaies, «qu’il ne va pas regretter même si elles devaient disparaître. «J’espère juste que les pertes subies dans le domaine des cryptomonnaies n’aient pas de conséquences sur d’autres domaines de l’économie. Tant que leur chute n’affecte pas le monde réel, ce n’est pas grave», relativise-t-il.

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