Un plafond qui pose question

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Réduire les dépenses publiques reste une possibilité qui aurait moins d’impact en 2023 qu’en 2011, sous la houlette d’Obama.

Cet été, le Trésor américain pourrait ne plus être capable de rembourser ses factures selon Janet Yellen. Le coût de se protéger contre un risque de défaut aux Etats-Unis a dorénavant triplé (188 points de base). Le parti républicain souhaite conditionner le relèvement du plafond de la dette américain à la réduction des futures dépenses. Le parti démocrate, majoritaire au Sénat, le refuse et ne souhaite pas imposer de conditions. La différence entre ces deux positions est significative: 224 milliards de dollars de dépenses supplémentaires dès 2024 et 368 milliards d’ici 10 ans. Par conséquent, les négociations se poursuivent mais difficilement.

Le risque économique n’est pas négligeable. Selon la Maison Blanche, un échec des négociations pourrait coûter entre 0,1 point et 1,5 point de PIB au troisième trimestre 2023. Le taux de chômage pourrait également grimper jusqu’à 5%. Un défaut n’aurait donc que des effets négatifs.

En 2011, Barack Obama avait négocié un plafonnement des dépenses qui avait réduit le déficit de 11% du PIB à 5,4% en 5 ans. L’activité économique avait fortement ralenti, ce qui avait finalement stabiliser le rapport de la dette fédérale rapportée au PIB. En 2023, la situation est différente. Le multiplicateur fiscale, soit l’importance de la baisse de l’activité en cas de réduction des dépenses publiques, est plus faible pour deux raisons: (i) l’inflation sous-jacente est plus importante (5,5% contre 2% en 2011), et (ii) le taux de chômage est de 3,5% contre 9% en 2011.

Réduire les dépenses publiques reste donc une possibilité qui aurait moins d’impact en 2023 qu’en 2011. Il est probable qu’un accord transitoire soit trouvé. Cela pourrait nécessiter de ne réaliser que certains paiements ou d’en décaler. En cas d’accord définitif, il restera toujours possible d’émettre des obligations avec des coupons élevés ou des obligations perpétuelles, déclarer le plafond de dette incompatible avec le 14e amendement, ou émettre par le Trésor une pièce de platine pour la déposer ensuite à la Fed.

Dans l’attente, les investisseurs réagissent positivement. Malgré la hausse du risque de défaut et la hausse du taux USD 1 mois, les taux 10 ans se stabilisent et le S&P 500 reste stable depuis 2 semaines. Les négociations en mai pourraient néanmoins perturber le sentiment. Un risque supplémentaire est malvenu alors que le durcissement monétaire a probablement pris fin début mai aux Etats-Unis.

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