Croissance solide au premier trimestre aux Etats-Unis

Bruno Cavalier, ODDO BHF

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Plusieurs enquêtes réalisées postérieurement à la chute de SVB signalent que les banques vont resserrer leurs standards de prêts.

L’économie américaine a entamé le premier trimestre 2023 avec une grande vigueur et l’a terminé plus faible. En moyenne, cela devrait donner un taux de croissance du PIB réel de l’ordre de 2% p t/t en rythme annualisé, soit un peu plus que le potentiel estimé à 1,8% sur le long terme. Les ventes au détail avaient bondi de 3,1% par mois en janvier, avant de rebaisser quelque peu en février et mars. Au total, les dépenses de services restant solides, cela devrait amener une hausse de la consommation totale d’environ 4% t/t en annualisé.

On peut douter que ce rythme soit soutenable car: l’inflation reste élevée et dépasse les gains salariaux; la remontée des taux de la Fed continue de se diffuser aux taux d’emprunt des ménages, en particulier sur les cartes de crédit (>20%); les effets de richesse se sont retournés après deux années de forte hausse des prix de l’immobilier. Le climat des affaires n’est pas en zone de récession, mais il ne s’en faut pas de beaucoup. Enfin, plusieurs enquêtes réalisées postérieurement à la chute de SVB signalent que les banques vont resserrer leurs standards de prêt en réponse au choc d’incertitude et à l’érosion de leurs dépôts. La fermeté du marché du travail, le haut niveau de profitabilité des entreprises, l’absence de surendettement des ménages peuvent laisser penser qu’une récession est évitable, mais le risque récessif a certainement monté au cours des derniers semaines.

Avec une confiance industrielle en berne, la tendance des nouvelles commandes devrait s’orienter de plus en plus à la baisse dans les prochains mois.

A l’échelon régional, les premiers indices de confiance industriel pour avril ont divergé (fort rebond à New York, chute à Philadelphie). Avec une confiance industrielle en berne, la tendance des nouvelles commandes devrait s’orienter de plus en plus à la baisse dans les prochains mois. Au mois le mois, la série est volatile et difficilement interprétable. Pas de désinflation durable sans un ralentissement des coûts du travail, tel est l’avis de la Fed. La croissance du taux de salaire horaire s’est modérée ces derniers mois.

Une économie à deux vitesses

Les indices des directeurs d’achat en Allemagne ont donné un curieux résultat en avril: chute du sentiment des industriels (malgré le reflux des prix de l’énergie), hausse dans les services. Cela donne l’image d’une économie à deux vitesses, avec une partie en récession, l’autre en expansion. Dans ces conditions, après plusieurs mois de rebond, il est difficile de dire si l’indice IFO a encore un potentiel d’amélioration à court terme.

L’indicateur flash de la zone euro a signalé une petite hausse de la confiance des ménages, qui reste toutefois à un bas niveau. Vu le climat social tendu, ce n’est sûrement pas la France qui a poussé en ce sens. Pour autant, depuis des mois, les chiffres d’inflation montrent, côté positif, un net reflux de l’inflation totale, désormais bien au-dessous du pic d’octobre dernier, mais, côté négatif, une persistance de l’inflation sous-jacente. Le mandat de la BCE porte sur l’indice des prix à la consommation total. Les données d’avril seront importantes dans le débat sur l’ampleur de la prochaine hausse de taux: +25pdb ou +50pdb.

Au premier trimestre, les indicateurs mensuels d’activité en zone euro étaient mitigés. D’un côté, des ventes en détail en recul (environ -0,3% par trimestre). De l’autre, un fort rebond de la production industrielle (+1,4% par trimestre) par suite de la rapide baisse des prix de l’énergie. Ce rebond devrait permettre d’éviter une récession technique en zone euro, y compris en Allemagne où le PIB avait reculé de 0,4% t/t au quatrième trimestre. Après une stagnation, le PIB réel de la zone euro est attendu dans une zone +0,1/+0,2% t/t au premier trimestre.

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