Les taux ne baisseront pas en 2023

Arthur Jurus, ODDO BHF

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La Fed et la BCE ont encore augmenté les taux la semaine dernière. Désormais, le pic semble être dernière nous aux Etats-Unis. Pour la zone euro, il faudra encore attendre plusieurs mois.

Aux Etats-Unis, la Fed a augmenté le taux directeur de 25 points de base supplémentaires pour atteindre la nouvelle fourchette de 5,0-5,25%. Parallèlement, elle a annoncé qu'elle ne prévoyait pas de nouvelles hausses pour le moment, ce qui a été interprété par les marchés comme une fin au moins temporaire du cycle actuel de hausse des taux. Jerome Powell, a clairement indiqué lors de la conférence de presse que d'autres hausses de taux restaient possibles. La principale préoccupation de la Fed est actuellement que le marché de l'emploi est extrêmement robuste. La création d'emplois a certes quelque peu ralentie aux Etats-Unis. En mars, 236'000 emplois ont été créés, contre 326'000 en février et 472'000 en janvier. Mais avec 3,5%, le taux de chômage est inhabituellement bas. Les entreprises américaines sont actuellement à la recherche de 9,6 millions de nouveaux collaborateurs. Le nombre de postes vacants dépasse ainsi les 5,8 millions de chômeurs américains. La robustesse du marché du travail aux États-Unis entraîne une hausse des salaires et une demande de la consommation toujours élevée.

Il est vrai que de nombreux ménages qui financent par exemple leur maison à crédit devront faire face à des charges d'intérêts plus élevées dans un avenir proche.

En Europe, la BCE a augmenté le taux de la facilité de dépôt à 3,25% (+25 points de base). L'inflation reste élevée, mais pour des raisons différentes de celles des États-Unis. En avril, le taux d'inflation dans la zone euro était de 7,0% et l'inflation sous-jacente de 5,6%. Alors que les prix de l'énergie, notamment du gaz naturel, ont sensiblement baissé au cours des derniers mois, la hausse des prix de l'alimentation reste préoccupante avec une augmentation de 13,6% en avril après 15,5% en mars. La hausse des taux d'intérêt ne suffira pas à ramener l'inflation de base en Europe, qui reste trop élevée, en dessous de l'objectif de taux d'intérêt de la BCE de 2%. Il est probable que d'autres hausses de taux suivront. Le pic des taux d'intérêt se rapproche donc de plus en plus. Mais selon toute vraisemblance, nous ne l'avons pas encore atteint. Dans la zone euro, les taux d'intérêt augmenteront probablement encore un peu plus longtemps qu'aux États-Unis. Selon l'évolution de l'inflation dans les mois à venir, deux, voire trois hausses de taux seront probablement encore nécessaires. Nous nous attendons à ce que le taux de dépôt, qui est actuellement de 3,25%, augmente encore pour atteindre au moins 3,75% cet été.

Certains déplorent que les taux d'intérêt atteignent désormais un niveau qui pèse lourdement sur les consommateurs et les entreprises. Il est vrai que de nombreux ménages qui financent par exemple leur maison à crédit devront faire face à des charges d'intérêts plus élevées dans un avenir proche. Pour de nombreuses entreprises également, le financement par crédit a tendance à devenir plus cher. Mais surtout, l'inflation élevée touche de manière excessive les groupes de population socialement défavorisés. Les ménages nombreux à faibles revenus souffrent actuellement particulièrement de la forte hausse des prix, car ils consacrent une part importante de leurs revenus à l'achat de produits alimentaires dont les prix ont particulièrement augmenté. Pour préserver la cohésion sociale également, il est donc nécessaire de continuer à lutter résolument contre l'inflation et d'accepter temporairement des taux d'intérêt plus élevés.

Contrairement aux anticipations des investisseurs, qui anticipent une baisse de 100 points de base du taux Fed d’ici janvier 2024, nous anticipons une stabilité du taux Fed ces prochains mois. Nous sommes également prudents sur la zone euro dont les taux directeurs pourraient se rapprocher plus probablement des 4%. L’inflation élevée persistera et le durcissement monétaire ne désemplira pas. Dans l’attente, cet environnement pourrait davantage soutenir l’EUR/USD au cours des 6 prochains mois.

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