Un cycle décidément atypique

Clémentine Gallès, Société Générale Private Banking

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Une exposition équilibrée actions/obligations et une prise de risque légèrement renforcée semblent pertinentes.

Après la succession de chocs de natures très spécifiques, les économies développées prolongent leur cycle décidément atypique. Les freins de l’inflation et des resserrements monétaires continuent d’être amortis par les bilans toujours solides des ménages et des entreprises. L’activité reste notamment favorablement orientée dans les services, permettant la poursuite de l’embellie des marchés de l’emploi. Dans ce contexte, le scénario d’une croissance modérée dans les économies développées d’ici à la fin de l’année ainsi qu’une exposition équilibrée entre actions et obligations, et une prise de risque légèrement renforcée paraissent pertinents.

Écarts renforcés entre industries et services

Les enquêtes auprès des directeurs d’achat montrent que l’activité des économies développées reste positive au deuxième trimestre, avec un écart qui se creuse entre une industrie à la peine et une activité qui continue de s’améliorer dans les services. Cette dichotomie est illustrée par la stagnation de l'économie allemande, plus axée sur l'industrie, alors que les économies périphériques de la zone euro affichent une plus forte dynamique. L’industrie reste pénalisée par un cycle plus avancé, car réenclenché plus rapidement après la covid, ainsi que par le choc énergétique important en Europe. La fin d’une phase de restockage pèse aussi sur l’activité. Les entreprises des services, qui restent prédominantes pour les économies, continuent d’afficher des perspectives favorables et soutiennent la bonne tenue des marchés du travail.

Amortissement des facteurs négatifs

Le resserrement monétaire significatif opéré par les principales banques centrales commence à peser sur l’accès aux financements bancaires, mais l’impact sur l’activité économique restera amorti par une épargne toujours élevée des ménages et des entreprises.

L’inflation sous-jacente reste élevée et mettra du temps à retrouver un niveau jugé confortable par les banques centrales.
Des banques centrales vigilantes

L’inflation totale continue de baisser aux Etats-Unis (à 4,9% en avril) et en Europe (à 7% pour la zone euro et 8,7% au Royaume-Uni). Cette tendance pourrait s’accélérer dans les mois qui viennent avec la modération des prix de production, notamment les prix de l’énergie. Cependant, l’inflation sous-jacente (5,5% pour les Etats-Unis, 5,6% pour la zone euro et 6,8% pour le Royaume-Uni) reste élevée et mettra du temps à retrouver un niveau jugé confortable par les banques centrales. Le dynamisme des marchés du travail encourage la croissance des salaires, alors que les gains de productivité restent très faibles, propageant ainsi les tensions sur les prix. Le dynamisme des marges des entreprises semble aussi entretenir les tensions sur les prix de vente.

Une réouverture chinoise plus progressive qu’anticipé

Les indicateurs montrent une reprise de la demande intérieure chinoise plus modérée qu’attendu. Malgré les politiques économiques en soutien à l’activité – dans un contexte d’inflation toujours maîtrisée – et des excès d’épargne très importants, la croissance pourrait rester en deçà des objectifs.

Un positionnement stratégique équilibré

Au sein des marchés actions, augmenter l’exposition au marché américain compte tenu de la résilience de l'économie et de la pause attendue du cycle de hausses des taux semble judicieux. Pour autant, il convient de conserver une diversification régionale en restant surpondéré sur les actions européennes, qui continuent de bénéficier d’une dynamique plus favorable en matière de bénéfices. Par ailleurs, il paraît sensé de réduire ses positions sur les actions émergentes - du fait de la reprise plus modérée en Chine - ainsi que sur l’or afin de tirer profit d’une surexposition potentiellement en place depuis plusieurs trimestres.

En définitive, un positionnement global très diversifié offre une certaine protection en cas de nouvelles turbulences sur les marchés, tandis que le maintien d’une surexposition à certains marchés obligataires permet de bénéficier de rendements attractifs.

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