Des signaux contradictoires

Clémentine Gallès, Société Générale Private Banking

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Malgré des signaux opposés, la bonne tenue du marché du travail appuie le scénario d’un atterrissage en douceur.

La période inédite continue de brouiller les messages

La conjoncture économique reste marquée par les deux chocs récents (Covid et Guerre en Ukraine) qui compliquent la lecture des signaux habituels. D’un côté, la lecture des enquêtes auprès des industriels ou auprès des ménages pointe vers un risque de récession toujours élevé. C’est aussi ce qui peut être observé dans les valorisations des marchés obligataires. En effet, les taux d’intérêt de moyen et long terme sont nettement inférieurs à ceux de court terme. Une telle inversion de la courbe des taux reflète des anticipations de dégradation marquée de l’activité et de l’inflation, au point d’impliquer une baisse rapide des taux d’intérêt. Mais d’un autre côté, les récents indicateurs réels d’activité montrent une bonne tenue des économies développées, qui résistent à une inflation élevée et à celle des taux d’intérêt ainsi qu’à la crise pas si ancienne de l’énergie en Europe. Les marchés du travail font preuve d’un dynamisme notable, avec des niveaux d’emploi supérieurs à ceux de la période précovid. Le rebond des marchés actions depuis le début de l’année envoie aussi un signal clair d’amélioration des anticipations, avec des investisseurs qui écartent dorénavant un scénario de récession imminent.

Si l’inflation totale va poursuivre sa décrue rapide, les tensions sur l’inflation sous-jacente persisteront et encourageront les banques centrales à maintenir leur vigilance.
Un scénario d’atterrissage en douceur

Si les signaux semblent contradictoires, on peut rester confiants sur la capacité des économies à éviter une récession marquée. En effet, la vigueur des marchés du travail et la baisse de l’inflation seront de vrais soutiens pour les revenus des ménages, tandis que l’épargne covid,  toujours élevée restera en support. Par contre, si l’inflation totale va poursuivre sa décrue rapide, les tensions sur l’inflation sous-jacente persisteront et encourageront les banques centrales à maintenir leur vigilance. Le maintien de conditions monétaires resserrées devrait d’ailleurs limiter la vigueur des économies. En effet, les hausses des taux déjà effectives ont déjà mis à l’arrêt l’activité de la plupart des marchés immobiliers et pèsent sur la capacité des entreprises à financer leurs investissements.

Une approche équilibrée

Une tonalité plus équilibrée entre marchés actions et obligations, notamment du fait de la réduction de risques adverses permise par l’accalmie des tensions sur l’énergie en Europe et la réouverture de l’économie chinoise, est à adopter. En outre, une différentiation régionale en augmentant l’exposition aux marchés d’actions européens, qui bénéficient toujours d’écarts de valorisation particulièrement favorables, peut être renforcée. Le contexte de taux plus élevés incite à conserver une surexposition aux marchés obligataires d’État américain ainsi qu’à la dette d’entreprises bien notées.

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