Banques centrales, proches du «pic» mais loin du «pivot»

Clémentine Gallès, Société Générale Private Banking

1 minute de lecture

Malgré ce que les acteurs des marchés pensent, il est encore trop tôt pour enclencher un début d’assouplissement.

Les enquêtes auprès des directeurs d’achat montrent que l’activité des économies développées est restée positive au premier trimestre, notamment dans le secteur des services. Les économies présentent en effet toujours une certaine dynamique de reprise après les chocs successifs de la pandémie et de la Guerre en Ukraine. Les difficultés sur les chaînes de production se sont normalisées, les tensions sur le secteur de l’énergie se sont adoucies et la Chine a mis fin à une longue période de restrictions sanitaires. Le resserrement monétaire significatif opéré par les principales banques centrales commence à peser sur l’accès aux financements bancaires, mais l’impact sur l’activité économique restera modéré par une épargne toujours élevée des ménages et des entreprises.

Une inflation totale qui diminue…

Mais des tensions sous-jacentes sur les prix qui persistent. L’inflation totale continue de nettement baisser aux États-Unis (à 5% en mars) et diminue légèrement en Europe (à 6,9% pour la Zone euro et 10,1% au Royaume-Uni). Cette tendance pourrait s’accélérer dans les mois qui viennent avec la modération des prix de l’énergie. En revanche, l’inflation sous-jacente (5,6% à pour les États-Unis, 5,7% pour la Zone euro et 6,2% pour le Royaume-Uni) mettra du temps à retrouver un niveau jugé confortable par les banques centrales. Le dynamisme des marchés du travail encourage la croissance des salaires, alors que les gains de productivité restent très faibles, propageant ainsi les tensions sur les prix. Le dynamisme des marges des entreprises semble aussi entretenir les tensions sur les prix de vente.

Un positionnement très diversifié permet de se protéger en cas de nouvelles turbulences sur les marchés.
Ne pas s’avancer

Il semble encore trop tôt pour anticiper un relâchement des conditions monétaires. Les banques centrales semblent proches de la fin de leur cycle de resserrement marqué (+475 pb déjà mis en place pour la Fed, +350 pour la BCE et +425 pour la BOE). Les turbulences bancaires ont encouragé les acteurs de marchés à anticiper que les banques centrales pourraient commencer à baisser les taux dans les prochains mois. La détente des prix des matières premières permettrait de voir rapidement l’inflation totale diminuer un peu partout, ce qui pourrait aller dans le sens d’une telle détente. Cependant, les tensions inflationnistes sous-jacentes pourraient mettre du temps à se modérer. Cela incitera les banques centrales à adopter une position plus attentiste que celle anticipée dans les marchés. Les banques centrales ne baisseraient leur taux en 2023 qu’en cas de réalisation d’un scénario adverse d’une récession marquée.

Question d’équilibre

Un positionnement stratégique équilibré entre actions et obligations avec une certaine différentiation régionale est donc à privilégier. Un positionnement très diversifié permet de se protéger en cas de nouvelles turbulences sur les marchés. Au sein de l’exposition actions, conserver une différentiation régionale en restant surpondérés sur les actions européennes et sous-pondérés sur le marché américain semble pertinent. Les marchés européens continuent d’être plus attractifs en matière de valorisation et du fait d’une dynamique de profit des entreprises plus favorable. Une surexposition aux marchés obligataires d’État américain et à la dette d’entreprises bien notées est également à envisager, pour l’attractivité des rendements que proposent ces classes d’actifs. Enfin, une surexposition à l’or constitue également une option de choix.

A lire aussi...